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Ramtane Lamamra : promotion des Droits humains, dites vous ? 

 

Monsieur Lamamra s’est félicité dernièrement de la bonne tenue de l’Algérie dans le classement des pays luttant contre la « traite des personnes » suite à la ratification de l’Algérie de la Convention de Palerme en 2002 . Satisfaction pour laquelle nous le rejoignons volontiers. 

Cependant, monsieur Lamamra ajoute avec aplomb que ce fait s’inscrit dans une stratégie nationale de  » promotion des droits de l’Homme ».

Est-il permis de rappeler à Monsieur Lamamra que tous les autres pactes et conventions ratifiés par l’Algérie en lien avec les droits de l’Homme sont continuellement violés par le pouvoir, notamment ces trois dernières années, au point de se poser la question de savoir comment soutient-il, sans état d’âme, le regard de ses interlocuteurs étrangers, ceux qui respectent le sens et le poids d’une signature d’un pays souverain.

Rapport américain sur la traite des personnes : Lamamra satisfait

Pour la « Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants » , ratifiée en 1989, plusieurs cas de brutalité et de mise à l’isolement prolongé ont été observés lors d’arrestations et de détentions de citoyens pacifiques. Des abus sexuels ont été révélés grâce à la dénonciation courageuse de Walid Nekkiche qui a entamé une procédure auprès du CAT (Comittee Against Torture), sa plainte étant restée sans suite en Algérie.

Pour la « Convention relative aux Droits de l’enfant », ratifiée en 1992, rappelons ces rafles d’enfants en bas âge avec leurs parents lors des manifestations du Hirak, rappelons la convocation d’une jeune fille de 14 ans, Sirine Zerfa, au tribunal d’Annaba pour « attroupement illégal » et l’interrogatoire polémique du jeune Said Chetouane,15 ans, arrêté lors d’une marche, retiré par la suite à la garde de sa mère pour le placer dans une institution spécialisée.

Pour le « Pacte international relatif aux droits civils et politiques », ratifié en 1989, le constat est un recul net dans le respect des libertés fondamentales. Toutes les formes d’expression (prise de parole, écrit, dessin, caricature, rassemblement, manifestation, etc) sont réprimées en dehors de celles faisant l’apologie du régime.

L’adoption de lois liberticides s’est accéléré avec notamment l’article 87 bis qui criminalise l’acte politique d’opposition pacifique, le qualifiant d’acte terroriste et pour lequel une interpellation des Nations Unis a déjà eu lieu.

Les prisons algériennes ne désemplissent pas, des centaines de détenus d’opinion et politique y sont incarcérés. Leurs droits ne sont pas respectés : détention provisoire illégale, présomption d’innocence bafouée, jugement absent ou très tardif, poussant les détenus à des grèves de la faim répétitives (une quinzaine de prisonniers grévistes actuellement) pour faire valoir leurs droits.

Trois détenus sont décédés suite à des mauvais traitements ou à des négligences. Un responsable politique et deux avocats qui réclamaient une enquête sur les circonstances du dernier décès, celui de Hakim Debazi, ont été incarcérés à leur tour.

Les organisations, associations ou partis politiques d’opposition sont soit dissoutes, soit menacées.

La liberté de presse est en forte régression, des journalistes sont emprisonnés pour avoir exercé leur profession et des journaux indépendants sont poussés à la fermeture.

Pour le « Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels », ratifié en 1989, la répression de l’expression des différences identitaires et culturelles a été marquée par l’arrestation des porteurs du drapeau amazigh, fait qui a valu une condamnation pour acte arbitraire de la part des Nations Unis. Le régime a laissé la libre expression aux discours de haine libérant ainsi la parole raciste et stigmatisante à l’endroit de la composante amazighe notamment kabyle, en toute immunité.

Dans le domaine économique et social, la mauvaise gouvernance, l’incompétence et la répression de l’entreprenariat n’a fait qu’aggraver les difficultés des couches moyennes et la précarité des couches défavorisées. Toute manifestation à caractère social est également interdite et les syndicats entravés sont très contrôlés. De plus, des actes de solidarité envers les plus démunis ont été jugés comme des délits.

Doit-on rappeler que tous ces instruments internationaux ratifiés par l’Algérie ont primauté sur la loi nationale comme prévu par l’article 132 de la Constitution algérienne ?

Il eut été souhaitable que monsieur Lamamra se sente également préoccupé de la bonne application de ces nombreux traités ratifiés par l’Algérie.

En jouant de sa propre crédibilité, le ministre des affaires étrangères contribue ainsi à enfoncer tout un pays dans une des pages les plus sombres de son histoire en défendant les couleurs d’une dictature pour qui le peuple, coupable de « Hirak » , ne mérite qu’une politique du tout répressif et sa mise au pas en silence avec seulement deux options, la soumission ou le cachot.

Libération de tous les détenus politiques et d’opinion !

Le 21 juillet 2022

Groupe Actions-détenus 

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