Après avoir pris le contrôle de Rostov-sur-le-Don, et alors que ses hommes se rapprochaient de Moscou, le chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine a annoncé samedi soir avoir donné l’ordre à ses troupes de retourner dans leurs bases.
Le Kremlin annonce que Prigohine va partir en Biélorussie et que l’enquête le visant va être abandonnée, tandis qu’aucun combattant de Wagner ne sera poursuivi pénalement.
Dans une série de messages audio, le chef du groupe Wagner Evguéni Prigojine avait appelé au soulèvement contre le commandement russe. Il accusait l’armée d’avoir bombardé des camps militaires du groupe Wagner. Affirmant mener une « marche pour la justice » et non un « coup d’État militaire », Evguéni Prigojine s’était dit « prêt à mourir » avec ses 25 000 hommes pour « libérer le peuple russe ».
Dans la matinée, le patron de Wagner avait annoncé que ses forces, jusqu’à présent déployées en Ukraine, avaient traversé la frontière et étaient entrées dans Rostov, où se trouve le quartier général du commandement sud de l’armée russe, d’où sont coordonnées les opérations militaires en Ukraine. Depuis, la présence des combattants de Wagner avait été signalée dans au moins trois régions russes : Rostov, Voronej et Lipetsk.
Dans une adresse à la nation, le président Vladimir Poutine avait promis qu’il ne laisserait pas une « guerre civile » se produire et appelait à « l’unité ». Qualifiant la rébellion de Wagner de « menace mortelle », il avait accusé Evguéni Prigojine d’avoir « trahi » la Russie en raison de ses « ambitions démesurées ». Le parquet général russe avait annoncé plus tôt l’ouverture d’une enquête pour « mutinerie armée » contre Evguéni Prigojine.
21h48 : les combattants de Wagner quittent le QG militaire de Rostov qu’ils occupaient
Les combattants du groupe Wagner, qui occupaient depuis la matinée le QG militaire russe de Rostov, dans le sud-ouest de la Russie, ont commencé à quitter les lieux dans la soirée, a constaté un journaliste de l’AFP. Les hommes d’Evguéni Prigojine partaient à bord de minibus, tandis que les chars positionnés n’avaient, eux, pas encore bougé.
Peu après qu’Evguéni Prigojine, patron du groupe Wagner, a annoncé que ses hommes « rentrent » pour éviter un bain de sang, trois observateurs ont livré leurs impressions quant aux événements des 24 dernières heures en Russie à l’antenne de RFI. Pour Cyrille Bret, chercheur associé à l’Institut Jacques-Delors, « ce n’est sûrement pas la fin de l’histoire. C’est le début d’une longue négociation. Si Evguéni Prigojine a décidé de renoncer à son soulèvement armé, c’est soit qu’il a déjà obtenu des concessions, soit qu’il entend en obtenir d’autres. »
Denis Strelkov, journaliste à la rédaction russe de RFI, rapporte qu’ « à Moscou, ce qui s’est passé a été un véritable choc, une émotion. Il y a beaucoup de gens qui ne croyaient pas du tout à ce qui se passait. Plusieurs personnes m’ont dit qu’elles pensaient que c’était une mise en scène de la part de Prijogine pour obtenir quelques concessions de la part de Poutine. »
Pendant ce temps, l’Ukraine a annoncé des avancées sur le front Est. Le correspondant de RFI à Kiev, explique : « Les Ukrainiens s’intéressent à ce qui se passe en Fédération de Russie, sans forcément accorder un crédit immense aux informations qui viennent de là-bas. (…) Pour beaucoup d’entre eux, la victoire passera un jour ou l’autre part un effondrement du régime russe. »
RFI