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Réforme constitutionnelle : ma réponse au projet de Jil Jadid 

DEBAT

Réforme constitutionnelle : ma réponse au projet de Jil Jadid 

L’ex-parti révolutionnaire hirakien, Jil Jadid, vient de publier son projet à propos de la révision constitutionnelle à laquelle il adhère en formulant quelques propositions.

Les choses vont vite en Algérie, il y a encore quelques mois ce parti se revendiquait être l’un des espoirs de la démocratie.

Voici ma réponse à son texte, avec la plus grande franchise qui me caractérise, c’est à dire violente, lorsque je commente les ralliements au régime militaire. 

1/ Une compromission sans complexe 

Le parti s’inscrit sans ambiguïté dans la proposition à une révision constitutionnelle. Sans destruction du régime militaire et sans constituante, toute approche de révision est une lourde compromission.

Les raisons juridiques et philosophiques, je les ai écrites depuis trente ans. Depuis une époque où nous militions pour une constituante. Il est lassant de les rappeler à ceux qui feignent de ne pas les écouter car elles leur barrent toute route vers le chemin de leurs intérêts.

2/ Des juristes du vendredi après-midi

Si j’avais rédigé ce texte pendant mes études en droit constitutionnel, ce n’est pas seulement 0/20 que j’aurais eu mais on aurait remis en cause mes aptitudes à continuer dans cette formation. Des erreurs considérables, presque comiques sont faites.

Les plus terrifiantes démarrent avec l’option d’un régime semi-présidentiel qui serait plus adapté à la culture politique algérienne au contraire d’un régime parlementaire.

Je signale à Jil Jadid, hormis la dictature qui rend tout régime irrecevable, nous sommes déjà dans un régime semi-présidentiel. Donc Jil Jadid cautionne l’actuelle constitution en disant qu’il faut la réviser. Il ne se rend même pas compte que ce qu’il écrit accentue la lumière sur sa compromission.

Nos professeurs nous disaient « Si c’est pour changer la couleur des rideaux de l’assemblée nationale, une simple décision du trésorier suffit, pas besoin de révision constitutionnelle ».

La constitution algérienne des généraux est la copie conforme de la Ve république, une monarchie républicaine. À laquelle on a enlevé le meilleur, bien entendu, et gardé ce qui arrange nos généraux.

Son socle est justement de ne pas avoir voulu un pur régime présidentiel, refusé par De Gaulle et Debré pour construire un régime intermédiaire, hybride. Il est dénommé par n’importe quel étudiant à Sciences Po, y compris par les moins doués, de régime semi-présidentiel pour le distinguer du régime américain.

Mais ce n’est pas fini, l’élucubration continue. Après avoir dit cela, Jil Jadid fait sa proposition du mécanisme constitutionnel concernant le premier ministre, sa nomination et sa responsabilité politique.

Et là, avec stupéfaction,nous retrouvons la pure définition du parlementarisme, c’est à dire ce que rejette avec force Jil Jadid dans le même texte. La prochaine fois, je leur recommande de recruter Bonatiro pour rédiger un tel texte. Il faut de la haute compétence pour se lancer dans cette aventure hasardeuse.

3/ L’expression «régime militaire» n’est pas dans le vocabulaire de Jil Jadid

Et s’il veut se confronter à mes arguments juridiques, il ne me trouvera pas. Je suis dans un autre monde que l’adhésion à la révision constitutionnelle proposée par Tebboune.

Au contraire de Jil Jadid, j’avais fustigé le Hirak pour ses erreurs considérables.

Je ne suis donc ni digne de débattre avec lui ni compétent dans ce droit constitutionnel qui est le sien, breveté Jadid.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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