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Réforme des retraites en France : nouvelle mobilisation

En France, depuis plus de deux mois et demi, les opposants battent le pavé notamment contre le report de l’âge légal à la retraite. Le gouvernement semble jouer sur un essoufflement du mouvement mais les syndicats ont appelé hier soir à une nouvelle journée d’action la semaine prochaine, à la veille du verdict du Conseil constitutionnel sur le texte de la réforme.

En France, la onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a un peu moins mobilisé que d’habitude. Ce jeudi 6 avril, ils étaient 570.000 à marcher dans tout le pays, contre 740.000 lors de la dernière journée d’action du 28 mars, selon les autorités. Les syndicats ont estimé à « près de 2 millions » la fréquentation nationale, un chiffre en légère baisse selon eux, quand le syndicat CGT avait alors décompté « plus de 2 millions » de protestataires.

À Paris, dans l’après-midi, à travers les fenêtres de l’Assemblée, un épais nuage de gaz lacrymogène rappelle aux députés que la rue gronde toujours contre la réforme des retraites. Le cortège syndical passe non loin de là.

L’insoumise Clémentine Autain y croit encore : « On ne peut pas savoir exactement comment tout ça va continuer. On attend le résultat du Conseil constitutionnel. On a vu qu’avec le 49-3, il y avait eu un regain. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que le président de la République ne peut pas l’emporter au paradis »

Mais dans le camp présidentiel, on voit le bout du tunnel avec la décision des Sages la semaine prochaine. Le député Pierre-Alexandre Anglade est déjà dans l’après mouvement social. « Cette semaine, le Conseil des ministres a étudié la loi de programmation militaire, le ministre de l’Économie a présenté son plan industrie verte, la Convention citoyenne sur la fin de vie a rendu ses conclusions. Une fois que le Conseil constitutionnel aura rendu son avis, il faudra effectivement que le pays puisse avancer. »

Si le député les Républicains (LR) Hubert Brigand est opposé à cette réforme des retraites, il croit lui aussi que le mouvement va s’essouffler. « À un moment donné, nous sommes au onzième jour pour des personnes qui manifestent, et qui finalement perdent une partie de leur salaire. Forcément, je comprends que les manifestants à un moment donné se découragent et qu’on arrive finalement à un pourrissement de la situation. »

Elisabeth Borne prend ses distances

Un pourrissement de la situation qui aura des conséquences. Selon un cadre LR, même si Emmanuel Macron parvient à promulguer sa réforme, la contestation réapparaîtra un jour ou l’autre. Sans doute décuplée.

La politique nationale et la crise autour de la réforme des retraites ont d’ailleurs rattrapé Emmanuel Macron, en visite en Chine, avec les propos fracassants de la Première ministre dans plusieurs médias. En sursis, Elisabeth Borne se lâche et semble déjà préparer ses valises à Matignon.

« Il ne faut pas brusquer les choses, le pays est en convalescence », prévient-elle dans le journal Le Monde. Bonne élève jusqu’à présent, elle prend clairement ses distances avec le chef de l’Etat et ses attaques contre les syndicats. « Je ne suis pas là pour administrer le pays », ajoute Elisabeth Borne, qui souhaite redonner « un cap » au pays. « Nous devons tirer toutes les leçons de la majorité relative, anticiper les textes, mener un travail transpartisan », poursuit-elle. Emmanuel Macron a découvert ces déclarations dans son avion entre Pékin et Canton. L’entourage du président a rapidement réagi, rapporte notre envoyé spécial en Chine, Julien Chavanne. « Le cap a été donné », indique l’Elysée.  Autrement dit, c’est ça ou rien…

Jeudi soir, l’intersyndicale a appelé à une 12e journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites jeudi 13 avril, à la veille de la décision très attendue du Conseil constitutionnel.

Les patrons des TPE opposés à la réforme des retraites

Plus de six dirigeants sur dix de très petites entreprises (TPE) voient d’un mauvais oeil la réforme des retraites du gouvernement et se méfient de ses actions économiques, dans un contexte de pessimisme élevé, selon un sondage Fiducial-Ifop publié jeudi.

Réalisée auprès d’un millier de patrons d’entreprises de moins de vingt salariés, cette enquête a été dévoilée au terme d’une onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, au lendemain d’une rencontre ayant tourné court entre la Première ministre Elisabeth Borne et l’intersyndicale.

Cette réforme n’est pas seulement contestée dans la rue: 62% des dirigeants de TPE n’y sont pas favorables, dont 43% « pas du tout », alors que 36% s’y disent favorables, dont 10% qui la soutiennent fortement. « Ces scores sont particulièrement proches de la mesure réalisée sur l’ensemble des Français mi-mars », souligne l’enquête Fiducial-Ifop (68% pas favorables et 32% favorables).

Ils considèrent que l’âge moyen idéal de départ à la retraite est de 62,4 ans, alors que le gouvernement a prévu de le porter de 62 à 64 ans, une mesure qui cristallise la colère. Le départ est espéré plus tôt encore dans les secteurs à plus grande pénibilité (un peu plus de 61 ans), mais au-delà de 64 ans dans celui des services aux entreprises.

Avec AFP

 

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