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Réinventer l’Algérie : et si on commençait par balayer devant notre porte ?

Hirak

Le Hirak était une occasion de changement pacifique en Algérie.

Quand on parle de réinventer un pays, par où commencer ? Par des discours remplis de promesses qui brillent plus que le soleil d’été ? Ou bien, peut-être, par un geste simple et modeste : un coup de balai devant notre propre porte ? Trop souvent, à force de regarder la saleté chez le voisin, on oublie que notre propre trottoir est tout aussi en ruine.

Le mot « réinvention » est utilisé comme un slogan magique, répété à l’infini dans les discours politiques, dans les débats télévisés, et jusque dans les cafés populaires. Mais quand on gratte un peu, qu’est-ce qu’il signifie vraiment ? Des citoyens épuisés par des promesses non tenues, des élites qui, au lieu de se remettre en question, préfèrent rejeter la faute sur l’autre. Des paroles, des promesses, mais rarement des actes.

Le vieux proverbe « balayer devant sa porte » semble anodin, voire un peu simpliste. Pourtant, c’est là toute la clé. Reconnaître nos failles et ne plus les cacher sous le tapis. Accepter que la réinvention d’un pays commence par une introspection collective. Ce n’est pas se lamenter sur notre passé, mais faire face aux faiblesses qui ont entravé notre progrès. Et ces faiblesses, si elles ne sont pas balayées, continueront d’entrer dans toute tentative de renouveau.

Le balai contre l’immobilisme

Les discours sur la grandeur d’une nation sont beaux, mais pourquoi tant de promesses quand, au quotidien, nos rues restent dans un état déplorable ? Pourquoi chercher à bâtir des gratte-ciel si les fondations sont fragiles ? Si on rêve d’un avenir radieux, pourquoi ne pas commencer par l’incohérence, la négligence et l’injustice du présent ?

Se réinventer, ce n’est pas réécrire l’histoire, mais l’assumer, avec ses réussites et ses échecs. Balayer devant la porte des erreurs passées, des décisions douteuses, des silences complices. Ce n’est pas cacher la poussière sous le tapis, c’est la regarder en face, la reconnaître et agir pour la changer. Ignorer nos défauts sous prétexte que « ça pourrait être pire ailleurs » ne nous aide pas à avancer.

Le ménage, une affaire collective

Et soyons clairs : ce ménage, ce n’est pas seulement aux élites du faire. Trop souvent, les dirigeants préfèrent cacher la poussière plutôt que de la balayer. Mais le balai, il est entre les mains de chacun. Le peuple doit aussi être acteur du changement. Et ce changement ne viendra pas de simples promesses : il commence par des gestes quotidiens. Refuser la corruption, dénoncer l’injustice, ne pas se contenter de l’inaction. Balayer devant sa porte, c’est commencer à faire sa part, tout de suite, à son niveau.

Réinventer l’Algérie, c’est donc bâtir un avenir pas à pas, geste après geste, en nettoyant la saleté quotidienne. C’est aussi une question de mentalité : le balai doit être vu comme un outil collectif, pas réservé à une élite ou à une frange de la société. Ce n’est pas une solution simple, mais c’est un premier pas essentiel.

Le balai comme symbole de responsabilité

Les élites, bien sûr, ne doivent pas rester les bras croisés. Un vrai dirigeant ne se contente pas de donner des ordres depuis son bureau. Réinventer un pays nécessite de montrer l’exemple, de descendre sur le terrain, de participer à ce ménage collectif. Sans cela, on ne peut attendre que le peuple balaye pendant que d’autres continuent de salir.

C’est là qu’intervient la question de la crédibilité. On peut bien multiplier les réformes et les grands discours, mais tant que les actions ne suivent pas, les mots n’ont aucune valeur. La réinvention de l’Algérie ne passera pas par des mots creux ou des promesses vides. Elle passera par des actions concrètes et une implication de tous, des citoyens aux dirigeants.

De petites actions pour un grand changement

Réinventer l’Algérie ne se fera pas en un jour. Mais chaque geste compte. Balayer n’est pas juste une métaphore : c’est le reflet des petites actions qui, cumulées, ont un grand impact. Refuser la corruption, respecter les lois, participer à la vie citoyenne. Ce sont ces petites révolutions quotidiennes qui, ensemble, font la différence. Ce n’est pas en attendant un « miracle » d’en haut que le pays changera. Il changera grâce à l’engagement de chacun.

Le balai comme un acte d’unité

Un balai, c’est un outil simple. Mais quand chacun l’utilise à sa manière, c’est tout un quartier, toute une nation qui change. Réinventer un pays ne peut pas se faire en isolation. Cela nécessite une synergie entre le peuple, les institutions et les élites. Quand chacun fait sa part, quand chacun balaie devant sa porte, le pays se transforme, petit à petit. Si nous ne travaillons pas ensemble, chaque effort reste dispersé, et le changement devient une illusion.

Déranger les puissants

Il est évident que tout le monde n’aime pas le ménage. Un coup de balai soulève la poussière, il révèle ce qu’on préférait cacher : les zones d’ombre, les privilèges injustifiés. C’est inconfortable. Réinventer l’Algérie, c’est se préparer à déranger ceux qui prospèrent dans le chaos. Mais se préparer à déranger est essentiel. Parce qu’on ne bâtit pas sur du sable.

Le ménage, une affaire d’éducation

. La réinvention commence aussi dans les écoles, dans les familles, dans la rue. Le balai est aussi une métaphore éducative : enseigner aux jeunes générations que la propreté morale et civique n’est pas une option, mais une nécessité. Apprendre à balayer, c’est apprendre à respecter et à défendre ce qui est juste. C’est ça, le changement véritable : une éducation à la citoyenneté, à la responsabilité, à la lucidité.

Réinventer ne signifie pas effacer le passé. Chaque nation possède une mémoire, avec ses gloires et ses souffrances. Faire table rase, c’est risquer de perdre ce qui nous fait être ce que nous sommes. Réinventer l’Algérie, c’est apprendre de son histoire, utiliser les erreurs du passé pour éclairer l’avenir. Chaque coup de balai est une réflexion : qu’avons-nous appris ? Et surtout, qu’allons-nous transmettre ?

Le grand ménage des illusions

Le changement n’est pas un mirage, une destination lointaine. C’est un chemin quotidien. Il n’y a pas de réforme miracle venue d’en haut. Les vrais changements se mesurent à la manière dont la vie des citoyens s’améliore : des écoles qui forment, des hôpitaux qui soignent, des lois respectées.

Le changement commence dès maintenant, avec nous tous. Parce que, finalement, réinventer un pays n’est pas une grande révolution à venir, mais un processus quotidien de petites actions concrètes.

Le balai est là. À nous de décider si nous voulons vraiment l’utiliser.

Dr A. Boumezrag

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