“La gauche est une patrie ; on en est ou on n’en est pas.” Jean Daniel
La France est véritablement un pays bizarre. La dernière élection présidentielle nous l’a encore une fois prouvé. C’est un candidat qui n’a pas réussi à se hisser au deuxième tour qui fait le plus parler de lui. Ayant perdu encore une fois aux portes du podium qui lui aurait permis d’être finaliste, Jean-Luc Mélenchon, puisque c’est de lui qu’il s’agit, réclame même, à cor et à cri, de diriger le prochain gouvernement.
Ses troupes ont réussi à fédérer autour d’elles un assemblage de partis divers et variés qui, hier encore, s’écharpaient. Le principal est que Jean-Luc Mélenchon soit au centre de toutes les attentions et même l’épicentre de la vie politique française.
Clé de voûte de l’accord, cet homme au comportement dominateur rêve de réussir d’avoir un destin national. Déjà en surplombant cette union faite de bric et de broc sous la dénomination de Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, la France Insoumise, le Parti socialiste, le Parti communiste français et les Verts, qui se traitaient mutuellement de noms d’oiseaux il y a à peine quelques semaines, sont réunis sous l’acronyme NUPES.
Que va-t-il se passer maintenant que Jean-Luc Mélenchon et son parti islamo-gauchiste conduisent les débats au sein d’une gauche qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Il a commencé à le démontrer après avoir tenté de parachuter le triste Taha Bouhafs, simili-journaliste à la gouaille d’un poulbot raciste et incompétent qui a été condamné à payer une amende et des dommages et intérêts pour « injure publique à raison de l’origine », après avoir qualifié la syndicaliste policière Linda Kebbab d’«arabe de service ». Fabien Roussel, quant à lui, a demandé à la France Insoumise de « revoir cette candidature », estimant qu’une autre candidate était plus légitime localement que le militant indigéniste. Il a même indiqué qu’il ne comprenait pas que LFI ait pu présenter quelqu’un qui a été condamné pour injures raciales.
Pour ma part, je ne pense pas un seul instant que Mélenchon et son ensemble symphonique puisse être majoritaire à l’Assemblée nationale fin juin prochain. C’est un pacte de circonstance qui ne règle pas les problèmes insolubles posés à la gauche.
De plus, les visions des formations de cet accord sont totalement discordantes sur des sujets majeurs comme l’Union européenne, le nucléaire, la laïcité, les valeurs de la République et l’avenir des institutions. Cela pour ceux qui sont à l’intérieur de l’accord. Ceux qui ne veulent pas de ce minuscule Grenelle ont même oublié qu’ils étaient de gauche.
C’est le cas de l’ancien président François Hollande ou de Jean-Christophe Cambadèlis, l’ancien patron du PS, qui sont autant de gauche comme je viens de Mercure. Quant à Manuel Valls, magnifique girouette qui n’arrête pas de tourner, le voilà investi par Emmanuel Macron lui-même comme candidat dans une circonscription des Français de l’étranger. Dire qu’il a manifesté à Barcelone avec l’extrême-droite franquiste suffit à lui ôter toute possibilité d’avoir un avis sur les agissements de la gauche.
Unie ou désunie, la gauche française se trouve réellement dans une impasse. Il nous reste à espérer un futur congrès d’Epinay pour nous souhaiter une gauche digne de ce nom.
Kamel Bencheikh, écrivain