Jeudi 4 octobre 2018
Repenser la politique démographique de l’Algérie
Il est parfois ennuyeux de répéter ce que l’on a déjà dit, mais il est souvent judicieux d’en rappeler l’essentiel si on espère retenir les leçons qui s’imposent pour notre avenir : l’Algérie est malade. Elle est d’autant plus malade qu’elle a négligé sa raison, son esprit, son corps…, ses enfants !
Qui va croire que ce pays-continent, économiquement le plus riche dans tout le Maghreb, laissera facilement fuir ses jeunes à l’étranger, sans penser aux conséquences de cet exode massif sur son épanouissement et sa prospérité. Un petit calcul d’un citoyen naïf de Bab El Oued est à même de nous démontrer qu’on est à côté de la plaque des défis de l’avenir, surtout en matière de démographie.
D’ici 25 ans par exemple, l’Algérie sera une nation « vieille », comme l’Europe de nos jours, en manque de bras et de compétences « fraîches » pour son développement.
En ce sens, les jeunes de moins de 35 ans (environ 65% de notre population actuelle) toucheront à la barre de la soixantaine en 2040 et le renouvellement générationnel qui se fait maintenant, rappelons-le bien, moins intensivement que par le passé sera un facteur accélérateur du vieillissement rapide de sa population.
Tout au plus, le recul de l’âge du mariage lié aux difficultés économiques dont patauge notre jeunesse et la baisse des natalités, un impératif que s’imposent, chez nous, désormais tous les nouveaux couples afin de parer à la cherté de la vie et de garantir une éducation équilibrée à leurs enfants, aggraveront cette tendance baissière ou «décliniste», si j’ose l’expression.
Les autorités publiques auront vraiment de la peine à régler ces anomalies dans le futur, si elles n’y pensent pas sérieusement, dès à présent. Cela dit, l’Algérie sera amenée à réfléchir d’une manière méthodique sur une politique démographique globale, incitative de la natalité, et à établir une feuille de route sérieuse pour canaliser de manière positive les mouvements migratoires, surtout ceux en provenance de l’Afrique noire.
Loin d’être un détail, cet enjeu est d’une grande importance pour les générations qui viennent, car seule une politique démographique qui tient compte des besoins économiques du pays et entretient le rajeunissement constant de sa population, pourrait nous sauver des déséquilibres sociaux, et même géopolitiques futurs.
A cet effet, l’Etat est appelé à promouvoir une culture d’accueil en osmose avec la place stratégique du pays, le vivre-ensemble, le métissage culturel, le rapport à l’autre et à l’altérité en général, etc., de façon à ce que l’éducation nationale les insère, les consolide et les vulgarise avec pédagogie dans les manuels scolaires. Un travail de longue haleine qui va de l’intérêt national, décidément.