Mardi 12 mars 2019
Report des présidentielles : le machiavélisme a encore de beaux jours devant lui
On pourrait d’emblée entamer cet article par une question pour le moins lapidaire : le candidat sortant Abdelaziz Bouteflika a-t-il le droit d’annuler les élections ? Si oui, car il a agi en sa qualité de chef de l’Etat, quel est l’article de la constitution qui lui donne ces prérogatives ? Malin est celui qui pourra répondre. Un cas unique dans les annales vient de se produire en Algérie.
Sitôt l’information quant au retrait du président des élections et sa décision de reporter les présidentielles et de nommer un autre Premier ministre, la toile est les réseaux sociaux se sont emballés. L’euphorie n’aura duré que quelques minutes. C’est-à-dire le temps d’une illusoire sensation de victoire.
En effet, la manœuvre des décideurs, aussi vicieuse soit-elle pour induire le peuple en erreur, n’a pas ébranlé la vigilance des citoyens. Pour la majorité de l’intervenant sur la toile, ce procédé via lequel le régime tente de gagner de temps est dilatoire ; son objectif est de gagner du temps !
Faut-il s’étonner si la phrase qui revenait comme un leitmotiv tout au long de la soirée d’hier est la suivante : Bouteflika veut nous dribbler ! Apparemment, le peuple ne s’y trompe pas contrairement à certains hommes politiques qui applaudissent déjà cette décision qualifiée de courageuse, de sage, voir même de géniale à l’image des propos de ce représentant du MSP dont le président Mokri est pourtant candidat qui a déclaré sur une chaîne télé : «Je suis étonné par la hikma(sagesse) du président qui a su répondre admirablement à l’attente de la rue».
Le retour de la « chitta » ne s’est fait pas trop attendre, confortant ainsi le fameux dicton : «quand on chasse le naturel, il revient au galop». Mais pour le simple citoyen, les choses sont claires : la décision du report des élections nous renvois à la situation d’avant la convocation du corps électoral !
N’est-ce pas exactement cela que préconisait le MSP et les partis de l’alliance avant la convocation dudit corps électoral ?
Nous voilà donc revenus à la case de départ grâce à un tour de passe-passe habilement exécuté par les décideurs dans un contexte flou, où les rumeurs les plus folles ont couru et courent toujours quant à la capacité de Bouteflika de prendre des décisions.
D’aucuns d’ailleurs, s’étonnent qu’à peine arrivé à Alger ce dernier prend la bête par les cornes et décide ! Les retournements de veste seront le spectacle des jours à venir ! On devine dès lors la jubilation des Amar Ghoul et compagnie. Finalement plus machiavélique que moi, tu meurs, tel est le message qu’envoie ce régime au peuple !
Reste à savoir comment va réagir la rue ? Sitôt l’euphorie qui a suivi la première annonce, la colère a tout de suite succéder à l’éphémère joie ressentie par le renoncement de Bouteflika à un cinquième mandat. Déjà, des appels sont lancés pour une marche encore plus grande pour ce vendredi 15 mars.
Apparemment, le calvaire de ce peuple se prolonge et l’autisme du régime n’a d’égal que sa fourberie. Le malaise risque d’être encore long et ce n’est pas la nomination du Premier ministre (ancien ministre de l’Intérieur) qui va rassurer l’opinion tant cette nomination confirme que les anciens réflexes du système sont pérennisés . Faire semblant de changer, sans rien changer au fait!