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Répression en Algérie : Riposte internationale et le Cread interpellent les instances internationales

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Répression en Algérie : Riposte internationale et le Cread interpellent les instances internationales

Riposte internationale et le Centre de réflexion et d’action pour la démocratie (Cread) interpellent les instances internationales sur « les dérives et les tentatives de division du peuple algérien par le Chef d’État-Major militaire (pouvoir réel en Algérie ».

Madame, Monsieur la(e) Président(e),

Nous, Centre de réflexion et d’Action pour la Démocratie (Cread) et l’ONG Riposte internationale introduisons la présente requête afin qu’un rappel soit adressé aux autorités algériennes, concernant les engagements qu’elles ont contractés à travers les différents traités internationaux qu’elles ont signés, qui lui font obligation de respecter les droits humains et notamment le volet ayant trait aux libertés individuelles et collectives. 

L’Algérie vit depuis le 22 février une mobilisation singulièrement massive et pacifique, et qui n’a connu que de très rares incidents. Toute la société est en effervescence et devant la fuite en avant des dirigeants, la mobilisation s’installe désormais dans la durée. L’esprit de responsabilité domine et personne n’entend être la cause d’une dégénérescence de ce mouvement rassembleur et inédit qui a forcé l’admiration des peuples du monde entier.

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Le peuple algérien n’a cessé depuis de revendiquer non seulement un changement mais une rupture totale avec les pratiques antidémocratiques et cela au travers d’une transition démocratique.               

Le caractère pacifique de cette volonté de rupture qui s’exprime sur l’ensemble du territoire Algérien, tous les vendredis, pour la société civile, et les mardis pour les étudiants, et Dimanche dans les grandes capitales européennes et nord-américaines, ne laisse aucun doute sur cette volonté d’une double rupture à la fois avec les pratiques du régime ainsi que le personnel qui l’incarne.           

La maturité de la société algérienne à la fois meurtrie par la confiscation de sa liberté recouvrée en 1962 ; et les années de privation de ses libertés tant individuelles que collectives et les options violentes opposées en guise de réponses aux revendications légitimes exprimées durant les décades 1960, 1970, 1980 et 1990 avec leur lot d’assassinats  politiques de prisonniers politiques et de détenus d’opinion et avec comme point d’orgue les années de guerre contre les civils allant de 1992 à 1999 laissant de graves  traumatismes ayant marqué la chaire et la mémoire collective  du peuple Algérien, et dont le bilan macabre se solde par près de  deux cent mille morts et des dizaines de milliers de disparitions forcées, non élucidées à ce jour. 

Les crimes économiques, directement imputables au régime, découlent de cette double confiscation où l’on a assisté à la dilapidation des richesses du pays par la prédation qui a conduit à plusieurs explosions sociales tant les inégalités générées sont insupportables pour l’ensemble des couches sociales, sans oublier la quasi institutionnalisation de la corruption et le désastre sur le plan écologique consacré par des politiques publiques irresponsables.

Le soulèvement de Février 2019 se singularise par son esprit de responsabilité et de conscience des enjeux et par le fait de son implantation profonde touchant l’ensemble des couches sociales. Mais sa véritable force restera son option pacifique. 

A l’opposée le régime ayant consacré les pratiques de corruption et de passe-droit générant un rapport clientéliste et verrouillant par la même, le champ des libertés. Son caractère répressif se constate par le recours à l’arbitraire et la violence dans la gestion de ses rapports avec les citoyens engagés dans la contestation ou une volonté d’échapper à son carcan. 

Les différentes institutions mises en place ne répondent qu’à un seul objectif ; celui du maintien du statut quo et la pérennisation du régime malgré l’habillage démocratique de façade avec une assemblée sans réelles prérogatives de contrôles sur l’exécutif ou en vérité la colonne vertébrale du régime reste l’armée et ses différentes ramifications constituées de service de sécurité qui telle une toile d’araignée contrôle,  verrouille et réprime en même temps.

La situation actuelle de blocage entièrement imputable au régime de par son double refus ; accéder aux revendications légitimes et de renoncer à sa politique de répression à l’encontre de la société ; cette attitude d’enfermement risque à terme un durcissement de la situation. Les faits suivants sont directement imputables à la nature du régime et ses choix. Ils se traduisent par l’interdiction des marches avec toutes les formes d’ d’intimidation y afférentes ; par la constitution de barrages filtrants et fouilles systématiques des véhicules avec l’intimidation des passagers à bord, la capitale fait l’objet d’un état de siège de fait en   interdisant l’accès et le refus maquillé de manifester sur des places emblématiques de la contestation telle la grande poste.  Le black out des médias officiels et leurs silences sur les évènements.

Alors que la télévision officielle retransmet les discours du chef de l’état-major, discours qui flirtent avec le racisme et l’incitation à la haine. Les différentes arrestations qu’elles soient ciblées ou pas des militantes et des militants et même des élus. Arrestations facilitées par une justice et des forces de l’ordre instrumentalisées alors que leur noble mission consiste à protéger les citoyens.   

Quant au volet institutionnel, qui lui-même soumis à l’instrumentalisation par le vote de lois et dispositions par ce qui reste de la façade institutionnelle qui ne détient aucune légitimité pour engager l’avenir de l’Algérie. 

Le verrouillage des champs d’expression libre obéit au double impératif. En premier celui de réduire à néant la volonté populaire en second d’empêcher l’émergence et la constitution d’une alternative qui ne serait pas sous son contrôle.   

Pourtant, les revendications suivantes sont de nature à ouvrir des perspectives d’apaisement et l’amorçage d’une transition démocratique impliquent :                              

  • Dissolution des deux anciens partis dont la nature et le fonctionnement sont incompatibles avec la démocratie,        

  • Dissolution du parlement,                                

  • Démission du gouvernement,                                 

  • Désignation d’un gouvernement technocratique et intègre pour gérer la période transitoire,                                            

  • Adoption d’une nouvelle constitution moderne. 

Le blocage actuel : le régime, à travers l’état-major de l’armée, après s’être débarrassé du clan présidentiel devenu encombrant et compromettant pour lui-même, refuse la démocratisation réelle du pays, en tenant à organiser ses propres élections présidentielles dans le cadre institutionnel actuel, lequel est aussi totalitaire qu’opaque.

Face à la détermination inébranlable de la société civile, à travers ses manifestations massives hebdomadaires, à réclamer un changement de régime, l’état-major, qui cumule objectivement tous les pouvoirs civil, militaire, judiciaire et législatif, refuse d’accéder aux instances légitimes du peuple, tout en menant une politique répressive, et d’intimidation en ordonnant l’incarcération des leaders d’opinion comme Lakhdar Bouregaâ, un héros de la guerre d’indépendance, des chefs de partis, Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, et Karim Tabou, de l’Union Démocratique et Sociale, Samira Messouci, élue du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie . Plus d’une vingtaine de manifestants sont interpellés le 13 septembre, lors du 30ème vendredi de manifestation. Des  dizaines d’étudiants arrêtés lors des manifestations du mardi 17 septembre pour avoir pris part à des manifestations. Le militant Samir Benlarbi et l’activiste Fodil Boumala… sans oublier la mort de trois jeunes citoyens survenu du fait de violentes charges policières injustifiées.

Des menaces pèsent de plus en plus sur tous ceux qui s’opposent au choix que tente d’imposer le haut commandement de l’armée, celui d’une élection présidentielle le 12 décembre prochain qui n’a pour finalité que de régénérer un régime disqualifié et sans possibilités de rémission. Le chef de l’État a signé le 14 septembre une loi organique relative au régime électoral ; une loi voté dans la précipitation par un parlement illégitime en 72 heures, alors qu’il ne peut légalement expédier l’examen d’une loi organique en moins de 15 jours et son contrôle par le conseil constitutionnel en moins de 10 jours.

L’état-major qui dirige de fait l’Algérie, ne bénéficie d’aucune légitimité quelconque, légale, politique ou morale, et il s’est arrogé par la force tous les pouvoirs civils et militaires. Objectivement, son action s’apparente totalement à un coup d’état militaire.

Il y a urgence à :

  • Intervenir pour dénoncer ce coup de force du régime illégitime,

  • Soutenir le soulèvement pacifique et légitime du peuple algérien.

Nous vous remercions de l’attention que vous accorderez à notre présente Saisine et restons à votre disposition pour tout complément d’information.

Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur la(e) Président(e), toutes nos salutations les plus distinguées.

Paris, le 24 septembre 2019

Ali Aït Djoudi

Pour le Cread et Riposte internationale

 

 




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