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Requiem pour le FFS

COUP DE GUEULE

Requiem pour le FFS

Je l’avais déjà écrit en ces termes : « Le FFS doit éteindre les lumières et rendre les clés du siège national ». Le voilà de nouveau qui s’entre-déchire mais c’est entre des morts vivants car il y a bien longtemps que l’âme de son projet a quitté les corps et les lieux.

Chacun l’a quitté en son temps, à son rythme, selon les circonstances et pour des objectifs déterminés. Je l’ai quitté en claquant la porte bruyamment à Hocine mais jamais, au plus grand jamais, je n’ai renié à l’homme son humanisme et la vérité de son programme démocratique.

J’ai quitté un homme qui n’avait plus rien d’un Président de parti mais je n’ai jamais renié l’engagement pour lequel j’ai consacré plusieurs années de ma vie, au prix d’insultes et, parfois, de menaces.

Mais le FFS n’est plus ce projet commun que nous avions rêvé ensemble. Hocine en crèverait de rire de savoir que c’est devenu un mausolée où l’on prie et chante des louanges à son égard, sous son portrait, à tout moment de la journée, à toute intervention.

Un parti politique n’est pas un mausolée pour préservation de l’histoire mais un projet d’avenir pour les jeunes. On n’y enseigne pas les bravoures des anciens combattant mais on insuffle la pédagogie d’une ouverture vers le monde moderne : la laïcité, la liberté, l’égalité des sexes et ainsi de suite.

Nous avions rejoint Hocine parce que l’objectif était que nous ne nous soumettions à aucun pouvoir, occulte dans le ciel ou bardé de quincaillerie sur les épaulettes. C’est franchement pas le résultat auquel ce parti est arrivé.

Mais le plus grave reste, à mon sens, l’insulte faite à notre projet en étant allé mendier des sièges à l’assemblée nationale d’un régime militaire.

Cette faute restera la plus grave à mes yeux car elle annihile des années de combats et de rêves pour la démocratie et l’humanisme. Des batailles de courants, de personnes et d’égos, nous en avions eu beaucoup et même de très lourdes. Mais au moins nous n’avions pas honte de notre projet.

Que ce parti éteigne les lumières et rende les clés, il est non seulement inutile mais il insulte les idéaux dont ils se réclament et qui justifiaient notre participation à l’époque.

Je serais un membre du pouvoir, je ne cesserais de rire aux éclats et frotter mes mains par le bonheur d’avoir de tels branquignols comme opposants. Leurs gesticulations n’effraierait même pas les pigeons qui viennent se poser sur le toit de ce merveilleux siège que j’ai adoré. Quelle chance d’avoir eu un si joli endroit pour de si grands rêves.

Voyons, les gars, fermez les lumières et rendez les clés. Un local associatif pour handicapés ou orphelins serait beaucoup plus approprié pour aider les Algériens dans une situation si difficile.

Excusez-moi de ne pas chanter un requiem pour votre disparition, je n’en ai pas le talent.

Mais, je vous en supplie, arrêtez, vous êtes lamentables !

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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