Georges Orwell l’avait prédit pour l’année 1984, avec trois décennies d’avance sur le calendrier. En quelques années les réseaux sociaux ont envahi le quotidien de l’homme. De l’enfant à l’adolescent et aux hommes et femmes du troisième âge, c’est smartphone en mains que s’effectuent désormais les échanges entre homo-sapiens.
Plongés dans leurs mondes virtuels, les gens ne se parlent plus, ne se côtoient plus. Ils sont le centre du monde, leur monde. C’est comme si la planète entière souffrait du syndrome d’Asperger (autisme).
En moins d’une décennie, le smartphone a fait et continue de faire des ravages dont les effets se comptabilisent en quantité frisant la surdose. Plus d’effort intellectuel ! l’intelligence artificielle est là pour tout remplacer. On ne produit plus, on recopie ! parfois sans trop chercher à comprendre, analyser et raisonner. Le désastre est encore plus palpable dans les écoles, jusqu’à l’Université dont le niveau est en chute libre partout sur la planète. L’anecdote suivante qui remonte à l’année 2017 suffit pour démontrer combien le smartphone est néfaste pour l’évolution intellectuelle de l’Homme.
Malgré mes incessantes mises en garde concernant l’interdiction formelle d’utiliser les téléphones portables, en cours et en TD, il s’est trouvé un petit malin qui n’a rien trouvé d’autre pour se simplifier la vie que de procéder à une capture d’écran du tableau, et ainsi éviter l’effort, oh combien surhumain, de recopier le cours. Voilà où ces nouvelles technologies, utilisées à tout va par nos jeunes les ont menés !
Et s’il y avait un coupable à pointer du doigt concernant la chute du niveau universitaire dont tout le monde se plaint, et en amont, celui des lycées et collèges, voire du primaire, il s’agit bien de ces joujoux utilisés abusivement de façon quasi permanente, à dépendance chronique !
Je ne sais pas si je suis le seul à m’obstiner et avertir mes étudiants du danger d’abrutissement irréversible qui les guette d’ainsi développer de telles dépendances en usant souvent de l’une de mes formules préférées « contrairement à la pile wonder, la matière grise est la seule qui ne s’use que si l’on ne s’en sert pas ! », mais je crois urgent de sensibiliser tout le monde sur le caractère néfaste et improductif de la surdose d’utilisation de ces joujoux qui poussent bien plus à une passivité perverse qu’à une dynamique cérébrale.
Ces dérives modernes ont inspiré notre ami Jiji, le poète discret de Paris (*).
Kacem Madani
(*) Réseau Social
Ainsi défila le réseau social
Modernité disait-on
Temple de la communication
Du cérébral partagé
De la célérité du partage
De la rencontre enrichissante
Voilier de liberté
Supprimant les frontières
Les distances
Le temps est maîtrisé
Les gens s’aimeront
Par-delà les frontières
La terre enfin un village
Où l’on se parle
Où l’on se voit
Où l’on résout
Ton problème
Le mien
Des neurones
Multipliés par le nombre
Que nous sommes.
Les générations sont là
Une photo en veux-tu
En voilà
Pareil pour le cinéma
Les histoires courtes
Les histoires longues
Vitesse de l’électron
Dans toute chaumière.
Vous avez vu
Rien de laid
Tout est beau
Côté jardin
Fleurs à foison
Coquelicots et Orchidées
Pieds noirs pieds blancs
Sur la pelouse verte
La fête de l’humanité.
Le binaire lui s’en fout
Il vaut un
Il vaut aussi zéro
Il peut lumière
Il peut sombre
C’est ce qui nous est arrivé
Côté cour de la destruction
Ma pensée vaut plus
La tienne à l’abattoir
Toi compris
Caché que je suis derrière le photon
Anonyme et lâche
Crachats et haine
Je Pense donc je suis
Contre
Spécialiste de tout
Spéléologue épidémiologiste
Cosmologiste politologue
Entraîneur d’équipe nationale
Je sais tout
Rien ne m’échappe
Tout contraire toute contrainte
J’appelle à la vindicte
Par la multitude
Qui me ressemble
Au diable la raison
Puisque c’est toi qui a tort
Je tordrai le cou
Aux trafiquants du nombre
Et envahirai le parlement
À chaque élection
Soutiendrai le dictateur
Tant que le prisonnier
Le mort n’est pas moi
La guerre si la bombe
N’est pas sur ma maison.
Réseau sans conscience
N’est que ruine
De la raison.
Jiji