Enfin la démarche présidentielle vient de se rendre compte que la précision des chiffres est vitale pour toute prévision économique. C’est du moins ce que relève Abdelmadjid Tebboune lors de son inauguration des assises nationales de l’agriculture.
On peut se demander est-ce que ce constat à un tel niveau de la hiérarchie se limiterait au secteur agricole ? Ce n’est pas évident ! Rappelons pour mémoire que le défunt Abdelaziz Bouteflika dans ses derniers conseils des ministres avant même l’idée de ce fameux cinquième mandat, avait ordonné a son ministre de l’Energie de l’epoque d’établir et de présenter devant ce conseil, un inventaire détaillé des réserves d’hydrocarbures suivant le canevas réglementaire conforme à l’arrêté ministériel du 11 juillet 1988 relatif à l’inventaire périodique des réserves nationales d’hydrocarbures liquides et gaziers.
Cela a été fait durant la session du conseil des ministres du 6 octobre 2015 et qui figure noir sur blanc dans le communiqué final rendu public le lendemain. (01)
Ainsi les chiffres des réserves sont certifiées par un organisme réputé de certification reconnu mondialement DeGolyer and MacNaughton ((D& M). Celles prouvées (P1) d’hydrocarbures toute forme confondue soit huile, gaz, condensat et GPL s’élevaient à 4 533 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP). Il s’agit là suivant cet arrêté de 44% des réserves récupérables initiales, c’est-à-dire en place estimées à 10302, 27 millions de tonnes équivalent pétrole. Il est clair pour les spécialistes, ce qui ne figure pas dans ce communiqué que les 44% sont la moyenne des taux de récupération qui diffèrent en moyenne d’une forme de ressource à une autre ; l’huile 32%, le gaz 70%, le condensat 48% et le GPL 37%. Les formes les plus courantes toujours en prouvées (P1) ont été données pour le brut à 1387 millions de TEP soit 10,94 milliards de barils à l’équivalence de 1 TEP pour 7,89 barils pour la qualité du pétrole Algérien. En ce qui concerne le gaz naturel on enregistrait 2745 milliards de m3.
Il a été en outre souligné en détail que le domaine qui avoisinait à cet epoque le 1,5 million de km2, était prospecté à 64% mais n’est couvert qu’à hauteur d e 4% des permis de recherche en partenariat. Or, le ministre de l’Energie actuel a surpris par sa dernière sortie tout au long de ce mois de février 2023, d’abord la fameuse « découverte de Hassi R’mel au Lias carbonaté LD2 » n’a démarré selon Sonatrach qu’en décembre et non comme prévu en septembre /novembre avec seulement 3,5 millions de m3 loin des 10 millions prévues comme annoncé donnant ainsi l’impression d’un décalage entre son département et Sonatrach (02).
Dans le même sillage, il a fait un bilan repris par plusieurs journaux qui se sont inspirés d’un communiqué de presse qui leur a été distribué du moins de par la similitude du texte (03) « Les résultats des efforts déployés par Sonatrach ont commencé à se faire sentir, puisque les réserves d’hydrocarbures ont augmenté de près de 2%, ce qui représente « +26% millions de tonnes équivalent pétrole » pour l’année 2021 et de poursuivre « Nous enregistrons le même rythme pour l’année 2022, et cela est dû à de » nouvelles explorations » ».
L’expression de 26% millions de tonnes/équivalent pétrole parait insolite dans le jargon pétrolier et si cela signifie 26 millions de TEP, cela parait encore plus pour au moins deux raisons. La première est si les 26 millions de TEP représentent 2% des réserves récupérables, les 100% seraient de 1300 millions de TEP très loin des prés de 2000 millions de TEP de fin 2015 et, ceci en réserve uniquement prouvée c’st à dire sans faire rentrer celles probables (P2) et possibles (P3) évaluées à cette époque à prés de 2963,44 millions de TEP. C’est-à-dire en termes simples, cette contribution des deux années qui lui ont servies à la comparaison n’ont pas été très fructueuses car à cette date de certification des réserves récupérable c’’est à dire 31/12/2015, l’Algérie a produit en cumulé 2933,02 millions de TEP donc le reste en récupérable se situerait autour 1599,98 maillons de TEP.
De cette date à fin 2023, au rythme actuel, on aurait consommé 1327 millions de TEP soit 83%.
Peut-on alors s’enorgueillir de 2% de recouvrement des réserves comparé à ce rythme de leur consommation ? Mais le domaine minier Algérien est vaste car réévalué de 250 000 km2 pour atteindre 1750000 km2 exploité à hauteur de 40% donc libre à 60%, partie susceptible de donner des ressources (05). Faudrait-il alors sortir des bureaux pour aller vers les investisseurs seule et unique voie pour produire plus et augmenter les réserves au lieu de se contenter de ce satisfecit ?
De quelle exploration parle- t-on ?
La deuxième est plus grave pour le premier responsable du secteur est de savoir de quelle exploration s’agit-il ? Toutes les découvertes annoncées, depuis de 2019, concernent les blocs contenus dans les décrets signés depuis 2005 suivant l’ancienne loi sur les hydrocarbures.
Pour le moment, il n’y a aucune exploration entamée dans les zones « Frontier » pour des raisons diverses qu’il est inutile de les exposer ici pour alourdir ce papier mais il est intéressant pour les lecteurs de parcourir les journaux officiels signés par le défunt Abdelaziz Bouteflika dans lesquels figurent ces fameuses découvertes a part le LD2 qui n’en est une car connu depuis longtemps comme une ressource contingente difficile à exploiter de part ces paramètres petro-physiques. Il s’agit d’un niveau du Lias Carbonaté (LD2) qui a été cartographié depuis qu’il a été traversé par les forages du gisement de Hassi R’mel dans les années 50.
Ensuite de nombreuses études de son réservoir ont été élaborées par la Sonatrach dont la dernière date de la fin des années 90. Ces études à partir de 200 puits et 14 analyses sédimentlogiques présente cette accumulation comme « un horizon dolomitique » qui s’étend sur toute la province triasique du sud au Nord avec une épaisseur très variable parfois elle n’apparait pas dans certains endroits mais celle utile en moyenne ne dépasse pas 1,4 m. Sa porosité est faible estimée à 4,7% et une saturation en eau de 25%.
De par son volume qui ne représente que moins de 5% de celui des autres niveaux producteurs du Trias Argileux Gréseux de Hassi R’mel, son développement paraissait incertain, couteux voire même risqué de par sa proximité avec les niveaux les plus fructueux en gaz et en condensat.
En 2012, l’international cabinet de consulting cité plus haut D& M, a procédé à l’évaluation et la certification de son volume en place à plus de 48 milliards de m3 dont 10% seulement récupérables ayant classifié ces volumes dans la catégorie « contingent « et non en réserves prouvées et probables.
Avant de parler de l’exploration, il faut lancer ce 5eme appel d’offre qu’on attend depuis qu’on a mis le couteau à la gorge des députés pour valider la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui jusqu’à présent n’a attiré que les gisements existants. Upside de Berkine, Zarzaitine, TFT etc.
Rabah Reghis
Renvois
(03-
(04) –
• JO N°49 du 13 juillet 2005
• JO N°16 7 mars 2007
• JO N°49 126 septembre 2015