Le mouvement populaire et pacifique grandit et s’installe comme seule alternative pour une nouvelle république algérienne démocratique et sociale.

Cependant, l’entrée en scène récente de l’armée nationale, par la voix du chef d’état-major, ne contribue pas à renforcer la sérénité réelle qui a imprégné le pays tout entier, d’Est en Ouest, du Nord au sud.

Individuellement, dans les débats, les citoyens redoutent l’intervention des ‘’mauvais génies’’ pour tenter d’orienter la révolte pacifique vers des horizons que personne ne souhaite pour notre pays.

Afin de lever toutes les ambiguïtés, réelles ou imaginaires, il est du devoir de l’armée nationale de clarifier sa position aux côté du peuple algérien, et de rassurer les citoyens pour cela.

C’est un fait partagé par tous : le danger n’est pas à Kherrata, Alger ou Tlemcen…, il est aux frontières malienne et libyenne et dans ce qui reste des maquis islamistes. L’armée y est pleinement engagée pour protéger le peuple de ces dangers potentiels.

Le peuple souhaite voir vite une concrétisation des acquis de la mobilisation dans les faits, c’est-à-dire un lieu symbolique de l’après-système, des têtes nouvelles, crédibles et en dehors de l’ancien personnel politique, pour engager enfin la transition vers un renouveau de la vie politique nationale avec une nouvelle constitution.

C’est une attente légitime qui permettrait de baisser la tension, sans démobiliser, pour lancer le processus de reconstruction, sans anarchie et sans tentations de règlements de comptes. La sérénité et la paix civile doivent primer sur toute autre considération.

La Ligue algérienne de défense des droits humains, avec les  avocats, les magistrats les universitaires engagés, peut déjà proposer un forum et un agenda.

Le peuple attend une prise d’initiative courageuse et historique pour cristalliser l’immense espoir soulevé par ces semaines de retrouvailles de notre pays avec son humanisme, son histoire multimillénaire et son désir d’avancer ensemble vers une république algérienne juste et solidaire.   

Nous disons aux militaires : avancez dans le sens de l’histoire, ne gâchez pas le rêve algérien. Retournez les fusils !

A. U. L.

Notes :

(1) Hommage à Jean Ziegler, professeur émérite de sociologie à l’université de Genève,   auteur de l’ouvrage ‘’Retournez les fusils’’, manuel de sociologie de l’opposition pacifique aux dictatures.