Cette citation de Jacques Prévert « Quand la vérité n’est pas libre ,la liberté n’est pas vraie» les poursuivra pour longtemps, aussi longtemps qu’ils régneront comme des faiseurs de geôles parmi les hommes libres, aussi longtemps qu’ils érigeront des murs entre nous et le monde libre.
La sentence prononcée contre Boualem Sansal était déjà connue bien avant cette parodie de procès à la stalinienne. Son sort, entre les quatre murs de la prison de Koléa, avait été dicté publiquement par l’illégitime Tebboune.
Tout le monde garde en mémoire de l’infâme compagne médiatique menée contre lui, l’accablant de tous les maux : le traitre, le sioniste, le juif, le collabo… jusqu’à exhumer les os de sa parentèle pour le salir, pour faire de lui un pestiféré, sans lien de sang , sans lignée, lui qui a toujours refusé les lignes macabres de la déshumanisation et ceux qui les dessinent .
C’était la profession de foi de Tebboune, devant un parterre d’hommes qui se couchent, que Boualem ne sortira pas de prison, que son incarcération arbitraire est le résultat d’une crise profonde qui secoue les arcanes du pouvoir. Un pouvoir qui n’a d’autres issues, pour assurer sa longévité, aujourd’hui comme hier, que de se tourner vers la rente mémorielle, les fondements truffées d’une identité nationale falsifiée, une cause palestinienne minée par l’emprise mortifère d’un Hamas génocidaire, l’intégrité territoriale qui s’arrête aux frontières des gisements de pétrole et de gaz, devenues propriétés privées de la mafia politico-militaire et des puissances étrangères.
Mais face à ce déluge d’avanies, rien n’est plus visible que ton absence, Boualem! Rien n’est plus criard que ce que tu as écrit et écriras encore, Boualem. Rien n’est plus juste que ton refus sans langue de bois de cette islamisation effrénée du monde libre, pendant que d’autres, notamment de gauche, en France comme en Algérie, se complaisent et s’accommodent de la bête immonde, Boualem.
Ta vérité est libre, Boualem, tout comme celle de Djaout et Mekbel avant toi, assassinés par les islamistes sous l’œil complice du pouvoir militaire d’Alger. Ton combat est juste, Boualem, tout comme celui de Katia Bengana et de Amel Zennoune, refusant le diktat du terrorisme islamiste pendant la guerre civile en Algérie. Tes écrits font peur parce qu’ils mettent à nue leurs mensonges et dissèquent leurs alibis, Boualem! Parce qu’on te lisant, ils se brulent les yeux, Boualem!
A l’instar de tous les détenus d’opinions qui croupissent dans les geôles d’Alger, t’es devenu l’étendard qui brise l’omerta sur la violente répression qui s’abat sur toutes les voix qui s’élèvent contre l’injustice , Boualem!
Tu es de ces auteurs qui ne prétendent pas trouver des réponses aux maux qui mettent en péril le monde libre, mais qui savent écrire, de la façon la plus incisive, la plus juste, ce qui rend possible leur existence. Tu dois le savoir, Boualem, que ce qui est considéré comme une trahison dans le pays qu’une certaine France voit comme la Mecque des libertés, est l’antithèse de ce que nous désirons vivre dans ce pays aux prises avec les nouveaux geôliers de la colonisation post-indépendance.
Tu dois le savoir, Boualem, qu’aucune force réactionnaire ne peut étouffer une pensée libre. Qu’un écrivain des lumières ne peut mourir, Boualem !
Mohand Ouabdelkader