Il était membre du groupe de militants berbéristes du lycée de Ben Aknoun qui ont rédigé la brochure intitulée « Idir El Watani », qui dénonçait les dérives autoritaires et l’idéologie nationalo-arabiste sectaire prônée par Messali et ses partisans au sein de la direction du PPA/MTLD.
Sadek Hadjres était l’ami et le compagnon de lutte de Bachir Hadj Ali avec qui il a partagé le combat pour l’idéal révolutionnaire au sein du PCA puis du PAGS ainsi que les affres de la clandestinité et avec qui il engagera le PCA dans la lutte armée pour la libération de l’Algérie sous la bannière du FLN-ALN . Doyen du mouvement communiste algérien (jusqu’à sa mort survenue jeudi dernier), Sadek Hadjeres dont le parcours se confond presque avec l’histoire de l’Algérie est mort jeudi 3 novembre 2022, à Paris, à l’âge de 94 ans.
Révolte précoce contre l’injustice du système colonial
En essayant de raconter la vie de ce militant au long cours qui a traversé plus de la moitié du XXe siècle et un tiers du siècle en cours, en tant qu’acteur et observateur de nombreux événements majeurs de cette séquence historique, c’est une partie de l’histoire politique et sociale de l’Algérie qui est restituée d’un trait de plume.
Né le 13 septembre 1928, en Kabylie, au village Taddart Bouadda située sur les contreforts nord de Larbaa Nath Irathen, Sadek Hadjeres est fils et petit-fils d’instituteurs. Sa scolarité s’est déroulée à Berrouaghia, Médéa, Blida et Alger où son père s’établira au gré de ses obligations professionnelles. Il suivra ses études universitaires à la faculté de médecine d’Alger.
Sadek Hadjeres aura été le témoin et l’acteur de plusieurs événements qui ont forgé le destin de ce pays pour lequel il a voué son combat et son engagement militant. Un engagement qu’il débutera dans le mouvement scout. Il était lycéen lorsqu’il est nommé responsable a Alger du mouvement SMA (Scouts Musulmans Algériens).
Pour lui comme beaucoup de jeunes indigènes de son âge qui ont eu la chance de fréquenter l’école dans les années 30 et 40 du siècle dernier, ce fût le début de la révolte contre l’injustice coloniale. Une prise de conscience politique qui le conduira, en 1944 a adhérer au parti indépendantiste Parti du Peuple Algérien (PPA) (qui deviendra le MTLD en novembre 1946).
Figurait dans le groupe de militants qui se sont opposés à la mainmise idéologique biberonné aux thèses sectaires du courant représenté par Messali et les aparatchik du parti nationaliste que Sadek Hadjeres quittera en 1949, avec ses amis du groupe de militants issus de Kabylie accusés faussement de « berbérisme ».
Ce que est faussement appelé crise berbéristes (l’histoire se répète, avec le recours récurent à l’invention de l’ennemi intérieur par les régimes successifs de l’Algérie indépendante) fut en réalité un habile stratagème que les apparatchik du comité centrale du MTLD avaient imaginé pour imposer leurs vues/dérives idéologiques dont l’Algérie continue à souffrir encore aujourd’hui.
Sadek Hadjeres et ses amis militants du groupe du lycée de Ben Aknoun quitteront le MTLD pour signifier leur opposition « à la direction autoritaire du parti et à sa gestion sectaire de la contestation intellectuelle sur la conception de la nation algérienne ; c’est cette contestation qui est diabolisée et écartée sous l’accusation de berbérisme et de berbéro-matérialisme. Souhaitant un débat démocratique dans le parti et réclamant un congrès, deux jeunes étudiants en droit du MTLD, Mabrouk Belhocine et Yahia Henin et avec S. Hadjerès, élaborent une plateforme doctrinale. Comme dans tout plaidoyer nationaliste, ils en appellent à l’histoire ; l’argumentation fait sa part à l’ancienneté berbère, à la place de l’Islam, à la culture arabe, à l’emprise turque ottomane, comme à l’enseignement français, en privilégiant les apports progressistes dans la formation de la nation. Ils appellent de leurs vœux une Algérie plurielle capable de mêler l’arabe classique et les cultures populaires, faisant place aux Juifs et aux Européens qui témoigneraient de leur patriotisme algérien.
La citoyenneté est donc pensée comme civile et politique en dehors de la religion. Cette conception se démarque de l’identification communautaire exclusive de la nation par l’arabo-islamisme. La brochure est publiée sous le nom collectif d’El Watani (le patriote) et le titre de cette brochure (…) Mais pour arrêter la diffusion, les dirigeants du MTLD font main basse sur la brochure qui n’est republiée par Mohammed Harbi dans la revue Soual à Paris Paris qu’en 1987″ (in Hadjres Sadek « Dictionnaire Algerie » par Rene Gallisot )
De 1947 à 1951, S. Hadjres fut l’un des principaux animateurs de l’Association des étudiants musulmans d’Afrique du Nord (AEMAN) et son président en 1949-1950.
En janvier 1951, il adhère au Parti communiste algérien (PCA), où il est élu au comité central en février 1952, puis au bureau politique au printemps 1955.
Dans ses activités légales, il sera notamment directeur de la revue Progrès et élu conseiller général d’El Harrach (ex maison Carrée).
L’interdiction du parti communiste au début de la guerre en 1955 l’a contraint à cesser ses activités de médecin et chercheur en médecine pour entrer en clandestinité.
De 1956 à 1965, il fut témoin d’événements historiques dans lesquels il sera impliqué personnellement.
C’est ainsi qu’il participera de façon active à l’organisation, au mois de mai 1956, à l’intégration de communistes du PCA, les Combattants de la Libération (CDL), au sein du FLN-ALN, avec Hadj Ali Bachir, avec qui il assure, à partir de 1957, la direction clandestine du PCA à Alger jusqu’à l’indépendance.
Parallèlement à ses activités médicales et de recherche qu’il avait repris, il deviendra l’un des trois secrétaires du PCA, au mois de juillet 1962. Époque où il sera le témoin des luttes fratricides et des putschs successifs du clan d’Oudjda pour la prise du pouvoir. En tant que dirigeant du PCA, il comptera parmi les victimes collatérales du coup d’Etat de Boumediene, le 19 juin 1965. In putch qui a provoqué une forte répression à l’encontre de beaucoup de militants dont ceux du PCA est devenu en 1966 le Parti de l’avant garde socialiste (PAGS).
Après le coup d’État de Houari Boumédiène qui évince Ahmed Ben Bella en 1965, Hadjeres rentre dans la clandestinité pendant 24 ans. Il est membre de l’ORP (Organisation de Résistance Populaire), créée par Mohamed Harbi et Hocine Zahouane, deux leaders de l’aile gauche du FLN s’opposant à Boumediène. Hadjerès rejoint l’ORP tandis que d’autres dirigeants communistes comme Henri Alleg et Larbi Bouhali partent en exil. Avec ces départs l’ORP se trouve affaiblie. L’année suivante Hadjerès participe à la fondation du PAGS. Le parti s’illustrera par le soutien critique, un euphémisme pour faire avaler la pilule de la caution apportée par le parti héritier du PCA aux choix politiques et au pouvoir absolutiste de Boumediene.
En 1967, Sadek Hadjerès est confirmé premier secrétaire du PAGS, responsabilité qu’il exercera durant une nouvelle clandestinité de vingt-quatre ans, jusqu’au lendemain du mouvement populaire d’octobre 1988 qui met fin au Parti unique en Algérie.
Revenu à la vie légale au printemps 1989, il cesse toute affiliation partisane au début de 1992 et dénonce, notamment dans une déclaration publiée fin novembre 1992 dans les journaux El Watan et Alger Républicain, les responsabilités du système politique algérien dans la tragédie qui frappe alors le pays ainsi que son rôle dans le sabordage du PAGS.
Depuis cette date, il vit en exil et se consacre à des travaux historiques et des articles dans la presse algérienne et internationale (il anime un site internet sur le mouvement social algérien » (Notes biographiques in socialgrie.net)
A propos de « 1949 Crise berbériste ou crise démocratique ? », Sadek Hadjerès. Editions Frantz Fanon.
Dans un post publié sur sa page Facebook, l’écrivain et homme politique, Saïd Sadi apporte la contradiction à l’auteur.
« Je viens de finir le livre de Sadek Hadjerès*« 1949, crise identitaire ou crise démocratique ? » Il m’en est resté comme un malaise. Lus avec les lunettes et arguments d’aujourd’hui, les faits relatés ne contribuent pas à offrir à nos enfants le matériau nécessaire à une saine connaissance de notre passé. Du reste, le titre caractérise un choix équivoque qui suggère que la revendication identitaire serait en opposition voire incompatible avec le projet démocratique. Cela dit, ce n’est pas cet aspect de choses, par ailleurs important, qui motive mon intervention sur cet ouvrage ; chaque lecteur pourra se faire son opinion sur l’analyse que l’ancien responsable du PAGS donne d’une crise qu’il ampute d’une dimension fondamentale que les témoignages et écrits de ses camarades placent au centre de leur combat.
Mon intervention est dictée par le fait qu’à deux reprises, l’auteur évoque, en les manipulant gravement, des évènements dans lesquels j’ai été personnellement impliqué.
A la page 32 il écrit : « Belhocine en établit plusieurs copies [la brochure Idir el Watani] , remises à diverses personnes que la question pouvait intéresser. Il avait espéré un moment, sans le demander explicitement à ceux qui avaient pouvoir d’en décider, que le texte serait publié par la revue Tafsut, dont les colonnes étaient ouvertes aux défenseurs des aspirations culturelles démocratiques après le Printemps berbère de 1980. » Le propos laisse implicitement entendre que les animateurs de la revue Tafsut auraient mis sous embargo l’écrit que Belhocine leur avait remis.
Il se trouve que c’est moi qui ai sollicité au mois de juin 1984 maitre Mabrouk Belhocine pour donner au campus de Oued Aissi une conférence sur la crise de 1949. A la fin de la rencontre, il m’a invité à l’accompagner à Alger. Une fois dans son cabinet – qu’il partageait avec maitre Aberkane – il m’a remis la brochure Idir El Watani. La lecture de cette revue nous avait confortés dans ce que nous avions recueilli chez plusieurs acteurs comme Mohand ou Yidir Ait Amrane, Mohand Said Aiche, Yahia Henine, Said Ali Yahia, Mebrouk Belhocine… La crise de 1949 avait bel et bien posé la problématique de la question nationale qui, d’ailleurs traverse de bout en bout la réflexion développée par les rédacteurs, vision que s’emploie à réduire ou nier M. Hadjeres.
A l’époque, nous publiions la revue Tafsut dans des conditions matérielles et sécuritaires des plus contraignantes. Et contrairement à ce que laisse deviner M. Hadjeres, après avoir pris le soin de faire une demi-douzaine de photocopies du document, nous avions tenu à en donner aux pages 59, 60, 61 et 62 du numéro 9 de Tafsut publié en novembre 1984 neuf extraits précédés d’une présentation élogieuse. Tafsut fut le premier media à porter à la connaissance du public ce travail oublié de tous. Dans ce même numéro figuraient également une interview de Mohammed Harbi et une critique positive du livre Mémoire d’un combattant de Hocine Aït Ahmed. La version livrée par M. Hadjerès sur notre position par rapport à cette brochure est fausse et tendancieuse.
La deuxième information, autrement plus déplorable, que délivre M. Hadjerès concerne la cérémonie dédiée à la réhabilitation de la mémoire de Bennaï Ouali, ancien responsable du district de Kabylie du PPA-MTLD et exécuté par le FLN en février 1957 pour « berbérisme ». La relation qu’il fait de cet évènement est particulièrement navrante. Contre-vérités factuelles, jugements malveillants et, plus grave, imputation de propos indignes à des intervenants aujourd’hui disparus et qui sont à l’opposé des idées et positions pour lesquelles ils se sont battus. A la page 238 et suivantes il note : « J’ai assisté durant l’été 91 à la manifestation de réhabilitation de Si Ouali. Il avait été réinhumé à cette occasion au carré des martyrs de la guerre de libération à Djemaâ-Saharidj, son village natal près de Mekla. La municipalité RCD qui en avait pris l’initiative m’y avait invité, comme plusieurs de ceux qui avaient approché son combat. Une assistance énorme, chaleureuse, avait tenu à s’associer à cet hommage, malgré la pluie battante qui s’abattait tout autour de la halle immense du marché où se déroulait le rassemblement. Mais les enseignements qu’on pouvait tirer des balbutiements de notre histoire ne coulaient pas de source.
Pourtant, l’attachement à la langue faisait littéralement vibrer les présents [….] et se ressentait au moment des lectures de textes, de poèmes, de chants. […] Malgré cela, plusieurs faux-pas témoignaient du chemin qui restait encore à parcourir par notre peuple, dans ses diverses composantes culturelles et politiques, pour mieux adapter ses imaginaires aux besoins d’une édification nationale plus cohérente et plus vivable pour tous. Rares étaient plutôt les orateurs qui, comme Aït Amrane ou le frère de Si Ouali lui-même, témoignaient de ce souci pourtant décisif à tous égards. J’avais l’impression pénible que le message de celui dont on célébrait le sacrifice était appauvri, déformé. Il était transformé presque en son contraire par certains de ceux qui ne faisaient quant au fond que mettre à profit l’occasion pour délivrer un discours étroit et chauvin au possible, épousant au plus près les clivages partisans dans lesquels ils s’étaient enfermés […] Au total, l’hégémonisme politique reproché au parti unique, à la pensée unique des années sombres, n’était pas forcément évité par ceux qui s’en déclaraient les victimes […] Pour certains autres, enfermés dans les clivages politiques du présent, on parlait de la première action démocratique et culturelle de 49 comme s’il s’agissait de se partager et s’arracher un héritage à des fins de consommation politicienne immédiate, alors que tous gagneraient à le faire fructifier ensemble à partir de ses points forts et de ses points faibles.
Je m’attendais à trouver à ce rassemblement Hocine Aït Ahmed, un proche compagnon de Si Ouali aux heures les plus précoces de la résistance patriotique et à qui il avait consacré des pages émues dans ses mémoires. Ce dernier avait-il été invité ? Si oui, l’égide du RCD l’avait-elle dissuadé de participer ? Y avait-il eu ou non tentatives de préparation commune d’un tel événement ? Toujours est-il que cette absence contrastait avec la présence bien affichée de Yaha, dissident du FFS. Avait-il été invité pour provoquer l’absence du FFS ou cette absence avait-elle provoqué, en représailles, l’invitation du dissident ? Triste énigme que je ne réussis pas à déchiffrer à partir des confidences des uns et des autres […] Le contenu de la manifestation allait-il permettre de rattraper cet impair ? L’intervention de présentation par les organisateurs, ainsi que de nombreuses autres interventions, s’inscrivirent dans la dignité et la largeur de vue que méritaient l’événement et la mémoire du militant qui en était honoré.
Il en fut autrement de la diatribe du « dissident » Yaha. Se détachant de l’hommage à une approche nationale faisant sa part légitime à la berbérité, le voilà progressivement enfourchant le dada d’une Algérie berbère à 100%, pour déboucher en fanfare sur un anti-arabisme indécent et primaire. Il avait été relayé et encouragé dans ce sens par diverses autres interventions du même type, quoique moins hargneuses (c’était de toute façon difficile d’atteindre les sommets de virulence du chevalier de l’anti-arabisme). De sorte que l’assistance, sans même peut-être s’en rendre compte, se trouva de plus en plus chauffée par cette connotation malsaine. »
La réalité est tout autre. Said Dirami et Hocine Ourrad, camarades de lycée et militants pivots de Mekla, m’avaient mis en contact avec Meziane Bennaï frère cadet du défunt dirigeant, à qui les liait une profonde amitié. C’est à cette occasion que j’eus la confirmation d’une rumeur qui circulait depuis longtemps en Kabylie. Mon interlocuteur m’apprit qu’il avait tenté en vain de mobiliser les anciens partenaires de combat de Ouali Bennaï pour entreprendre les démarches nécessaires à la réhabilitation de son frère. Pour des raisons qui leur appartiennent, ces derniers n’ont pas donné suite à la demande de la famille de leur ancien responsable.
Après les élections locales de 1990, le RCD conquit la mairie de Mekla, chef-lieu de la commune de naissance de Ouali Bennaï. Nous primes la décision d’organiser le 31 mai 1991 une cérémonie pour donner le nom de l’illustre militant à la principale place de la bourgade. Tous ses anciens camarades de combat encore vivants et les anciens maquisards de la région furent appelés à s’associer à la manifestation qui avait rassemblé un millier de personnes. Seuls les militants de la kasma du FLN de Mekla, opposés à l’initiative, avaient été écartés.
Les interventions ont été filmées. Les images contredisent totalement les allégations de M. Hadjerès. A aucun moment Abdelhafidh Yaha n’a attaqué la langue ou la culture arabes. Il y a quatre jours, j’ai rappelé des amis organisateurs de la manifestation, dont Hocine Ourrad et le président d’APC de l’époque Abdallah Sid, pour savoir si l’ancien responsable du FFS a lâché un propos inconvenant hors tribune, aucun n’a entendu ce que M. Hadjerès fait dire à Abdelhafidh Yaha. Et quand bien même un invité aurait-il dérapé, en quoi cela justifie-t-il le fiel que répand sournoisement M. Hadjeres contre des jeunes qui auraient chauffé la salle par « des connotations malsaines» et qu’il accuse de rester « enfermés dans les clivages politiques du présent, ( …) et de se partager et s’arracher un héritage à des fins de consommation politicienne immédiate »
Par ailleurs, et contrairement à ce qu’écrit M. Hadjeres, le défunt Ouali Bennaï n’a pas été exhumé pour être « réinhumé à cette occasion au carré des martyrs de la guerre de libération à Djemaâ-Saharidj ». Nous nous sommes rendus à Djemaa n Saridj pour nous recueillir sur la tombe du martyr qui d’ailleurs se trouve à ce jour au même endroit. Enfin, il n’existe pas de « halle du marché » à Mekla où M. Hadjerès campe son scénario.
Trois mois après l’inauguration, la place était débaptisée sur ordre du ministère de l’intérieur au motif que l’esplanade devait être dédiée à un autre ancien combattant mort au combat*. Le RCD n’avait pas trouvé grand monde pour s’associer à ses protestations.
Enfin, spéculer sur l’absence d’Aït Ahmed et laisser penser qu’il n’avait pas été invité relève de la mauvaise foi car Sadek Hadjerès, plus que tout autre, en connaît les raisons. Au mois de mai 1990 quand le RCD et le PAGS avaient appelé, avec d’autres partis, à la marche des démocrates, nous avions vainement tenté d’associer le FFS. Ait Ahmed avait dit à la délégation conduite par Hachemi Cherif qu’il conditionnait sa participation au retour des militants du RCD dans le FFS. J’ai d’ailleurs le souvenir que Sadek Hadjeres avait trouvé cette injonction inadmissible et je dois à la vérité historique de dire qu’il avait refusé ce chantage et décidé de lancer l’appel avec le RCD ; appel auquel avaient répondu des centaines de milliers de citoyens.
Pour en finir sur ce sujet, M. Hadjerès aurait peut-être été mieux inspiré de modérer les articles incendiaires contre le FFS de la clandestinité – décrié moult fois comme allié objectif de l’impérialisme – par lesquels le journal Saout Echaab, organe du PAGS dont il était le premier responsable, donnait des gages de son « soutien critique » à Boumediène.
On aurait aimé mettre ces déplorables errances sur le compte d’une mémoire défaillante. Mais force est de constater que ce jeu remonte à loin. Quand un communiste revendique d’avoir été l’initiateur de la journée Youm el Ilm pour célébrer Ben Badis, journée dont on n’a pas fini de mesurer les dégâts sur l’éducation nationale, il peut bien s’autoriser d’accommoder l’histoire à sa mémoire.
Un dernier mot : Sadek Hadjerès est en droit de nier la dimension identitaire dans la crise de 1949 que revendiquent pourtant tous ses camarades. Il n’avait pas le droit de construire sa thèse en convoquant des disparus pour leur prêter des propos qui ne sont jamais sortis de leur bouche et qui plus est sont le contraire de ce qu’ils ont dit, écrit et fait de leur vivant. »
Synthèse Samia Nait Iqbal