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Saïd Sadi : Quand la peur et le chantage alimentent la folie

OPINION

Saïd Sadi : Quand la peur et le chantage alimentent la folie

Saïd Sadi a publié sur son mur Facebook cette analyse que nous mettons à la disposition de nos lecteurs. 

Des citoyens arrêtés et brutalisés avant d’être livrés à des magistrats- vite rentrés dans les niches de la soumission – pour avoir porté l’emblème nord-africain. Les médias publics à nouveau muselés. Des sièges de partis investis sans mandat ni notification officielle. Des barrages interdisant l’accès à la capitale pour des voyageurs venant de Kabylie…Où s’arrêtera cette folie que seules une peur irraisonnée et les pressions de puissances étrangères tutélaires peuvent expliquer ? 

Les abus ordonnés par le chef de l’Etat-major ne sont pas seulement dangereux pour la patrie, la paix civile et la démocratie. Ils sont aussi d’une irresponsable vulgarité puisqu’à la violence hors la loi, désormais assumée, ils additionnent l’ignorance et l’aveuglement sectaire. 

L’emblème pourchassé par les sbires de Gaid Salah appartient autant aux Kabyles qu’aux Chaouis, aux habitants de l’Ouarsenis, ceux de Skikda, de Médéa ou de Tlemcen. Les Rifains du Maroc, les fils de Titaouine en Tunisie ou les fiers montagnards de l’Adrar Nefoussa de Libye le revendiquent et le font partager à leurs compatriotes arabophones dans l’entente et la convivialité. Ce drapeau est l’affirmation symbolique de l’Afrique du Nord fraternelle et démocratique qui anticipe son avènement institutionnel. Une entité historique voulue par les inspirateurs des mouvements de libération des trois pays que les Emiratis et leurs congénères ordonnent de rayer de la carte géopolitique.

De quels leviers disposent ces féodalités pour contraindre des militaires algériens à commettre l’indicible contre leurs compatriotes ?
Imagine-t-on des services de sécurité bastonnant ou emprisonnant des Bruxellois, des Berlinois ou des Parisiens pour avoir exhibé le drapeau de l’Union européenne ? 

Ces arrestations concernent souvent des jeunes, garçons et filles, qui veulent vivre dans un pays libre, pluriel et tolérant et évoluer en intelligence et solidarité dans un voisinage apaisé. Ils sont la sève de notre société retrouvée. Ils connaîtront des moments difficiles mais ils savent que leurs souffrances sont le viatique de la dignité et de l’honneur que leur envient déjà leurs camarades. 
Vouloir asseoir son pouvoir en organisant la chasse aux Kabyles donne un relief particulier au slogan « pouvoir assassin » scandé par les manifestants. En effet, il apparaît clairement que ce qui est recherché à travers ces attaques, c’est la réouverture des fractures provoquées de longue date par le système FLN pour empêcher la cohésion de la Nation de se faire dans le respect général par et pour tout un chacun. Jusque là, la maturité et la générosité du peuple ont fait échec à ces manœuvres criminelles.
Il faut espérer que ces ratonnades, il n’y a pas d’autres termes, amèneront certains acteurs à pondérer l’euphorie qui les a poussés à s’empresser de créditer le pouvoir de volonté de dialogue.

Il y a quelques semaines de cela la question de savoir si l’autoritarisme primaire de Gaïd Salah n’allait pas finir par faire regretter les frasques prédatrices de Bouteflika était apparue, pour certains, comme une radicalité provocante. 

Le regret n’est pas au rendez-vous mais la question ne choque plus personne. Depuis la chute de Bouteflika, le chef d’état-major affiche la même arrogance, sévit dans la même opacité et confisque autant de pouvoirs que son ex parrain en y ajoutant une brutalité stigmatisante officialisée. 

Finalement, la pire des séquelles du bouteflikisme porte un nom : Gaïd Salah. On peut même dire que le disciple a amélioré la recette de son mentor puisqu’en plus du despotisme, il placera, à partir du 9 juillet, l’Algérie dans une situation de complète illégalité constitutionnelle.

Auteur
Saïd Sadi

 




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