Jeudi 2 août 2018
Salim Yezza : sa mère l’attend pour l’Aïd
Nanna Lambarka, la mère de Salim Yezza, n’a pas été informée jusque-là de l’arrestation de son fils. Pour elle, Salim est rentré en France pour rejoindre son lieu de travail. Les membres de sa famille ont décidé ainsi de la mettre au secret de peur qu’elle succombe à un choc dont elle ne peut jamais se relever, surtout qu’elle vient de perdre son mari.
Quand on est allé à sa rencontre pour lui présenter nos condoléances, elle arborait une bonne mine, ne doutant de rien. Elle avait même une allure joviale et affichait beaucoup de courage malgré le sinistre. « A quoi bon de sombrer dans la tristesse ? J’ai perdu certes mon mari qui va sans doute laisser un grand vide, mais je suis très fière de lui. Il était un homme modeste mais digne et brave », nous dit-elle.
«Lors des événements de Tkout en 2004, ajoute-t-elle, je l’ai soutenu dans son combat. Je ne comprenais rien en politique mais j’étais persuadée qu’il défendait, avec mon fils Salim, les idéaux de liberté et de dignité. Les perquisitions, les poursuites judiciaires et même l’emprisonnement de mon mari à cette période ne m’ont en aucun cas fléchie et j’ai toujours demandé à Salim, mon fils chéri, de rester digne». Mais d’où puise-t-elle tout ce courage ? Nanna Lambarka est une fille de chahid ayant beaucoup enduré durant sa vie. Les paras français ont mitraillé son père et son oncle maternel devant ses yeux.
C’était à M’chounèche en 1959 alors qu’elle avait à peine cinq ans. « Quand on subit ce genre d’épreuves, on devient aguerrie et on arrive à supporter tous les drames », nous rappelle-t-elle. « Mais hamdoullah hamdoullah ! (Dieu merci) je suis apaisée et même contente, surtout que Salim va revenir très bientôt pour fêter l’Aid ensemble. Il me l’a promis », assure cette vénérable femme.