28 mars 2024
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Se rendre en Algérie la peur au ventre : l’angoisse des émigrés !

 

Le 19 février 2022, puis de nouveau le 9 avril, la police des frontières avait empêché Lazhar Zouaimia, 56 ans, membre d’Amnesty International au Canada qui travaille comme technicien pour une entreprise publique du secteur de l’électricité au Québec, de monter à bord d’un avion à destination de Montréal.

Dans une autre affaire, Hadjira Belkacem, 52 ans, s’est rendue en Algérie le 19 janvier. Le 25 février, la police des frontières de l’aéroport Houari Boumediene l’a empêchée de quitter le pays pour se rendre à Montréal.

Hadjira Belkacem a déclaré à Human Rights Watch qu’elle n’a pas participé au Hirak, mais qu’elle est connue comme militante parmi les Algériens vivant à Montréal. Des responsables de l’application des lois en civil l’ont soumise à un interrogatoire et détenue pendant plusieurs heures à l’aéroport.

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On a ensuite transféré Hadjira Belkacem au siège de la police nationale à Alger afin de la l’interroger de nouveau. Sur place, les policiers ont posé des questions sur ses liens présumés avec le mouvement de protestation du Hirak et avec Rachad, ainsi que sur l’Association de la sépulture musulmane au Québec, une organisation caritative qu’elle a fondée au Canada. Elle a déclaré à Human Rights Watch qu’on l’a relâchée à 2 h 30 le lendemain matin.

Hadjira Belkacem a engagé un avocat, qui a découvert qu’aucune charge n’était retenue contre elle. Elle a déclaré le 3 mai que l’avocat a contacté le procureur du tribunal de Dar Beida à Alger afin de se renseigner sur l’interdiction de voyager, mais qu’il n’a pas reçu de réponse.

Hadjira Belkacem vit au Canada avec sa famille depuis 16 ans et travaille comme éducatrice dans une crèche.

Le 10 février, la police des frontières de l’aéroport d’Alger a empêché une troisième personne, « N », qui a demandé à ne pas être identifiée, de monter à bord d’un avion. Cet homme a été transféré dans un poste de police d’Alger, où il a été soumis à un interrogatoire dans le bureau de l’unité antiterroriste. Rien que ça ! On lui a posé des questions sur sa famille, ses relations personnelles et demandé s’il avait levé des fonds pour soutenir le Hirak. La police l’a ensuite relâché sans lui dire s’il y avait des charges retenues contre lui.

Des responsables de l’application des lois en civil l’avaient précédemment arrêté le 28 janvier avec son frère dans une rue de Sétif. Les fonctionnaires ont emmené les deux hommes dans un lieu inconnu où des membres des services de sécurité l’ont interrogé pendant quelques heures à propos du Hirak, de ses finances personnelles et des raisons pour lesquelles il protestait en faveur de changements politiques en Algérie.

Les deux hommes ont été libérés plus tard dans la journée, mais « N » a de nouveau été convoqué pour des interrogatoires au commissariat central de Sétif les 29 et 30 janvier.

« Les autorités algériennes utilisent des interdictions de voyager arbitraires afin de faire pression sur les militant(e) de la diaspora, au Canada et ailleurs », avait déclaré Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Ces mesures injustifiées placent les Algérien(ne)s de la diaspora, revenus en Algérie pour une visite, dans une situation précaire dans laquelle ils ne disposent d’aucun recours juridique clair. »

Peut-on être ainsi arrêté et soumis à un interrogatoire des plus insolites par le simple fait d’un glissement syntaxique sur les réseaux sociaux à l’endroit de Tebboune ou de ses affidés ?

Pourtant que d’analyses et critiques pertinentes n’avaient pas été écrites à l’encontre de Bouteflika, d’Ouyahia, de Djamel Ould Abbes, d’Amara Benyounes, d’Abdelmoumen Ould Kaddour et autres serviteurs zélés de la « 3issaba » ? Tout ce beau monde ne se trouve-t-il pas derrière les barreaux, qui pour détournement de fonds, qui pour abus d’influence, qui d’autre pour dilapidation des deniers publiques ? Le temps n’a-t-il pas donné raison à de nombreux commentateurs qui avaient osé dénoncer en temps réel de tels dépassements ?

Depuis l’affaire Zouaimia, largement relayée par la presse, nombreux sont les compatriotes à se laisser envahir par la peur de rentrer au pays et d’y être retenus prisonniers par les tenants du pouvoir de la nouvelle Algérie !

Peur injustifiée ou paranoïa qui s’explique par des comportements pour le moins arbitraires d’un pouvoir aux abois ? Toujours est-il que ces inquiétudes prennent l’allure de règle générale bien plus que d’exceptions.

Faut-il faire preuve de prudence ou bien foncer tête baissée quand l’urgence vous surprend au détour d’une mauvaise nouvelle ou d’un événement familial d’importance ?

Ce sont là quelques questions qui hantent désormais la majorité de nos compatriotes émigrés aux quatre coins du monde et qui attendent que les choses se clarifient et que la nouvelle Algérie donne quelques signes de sagesse et d’apaisement avant de s’aventurer à franchir la Méditerranée pour aller se ressourcer.

Kacem Madani

2 Commentaires

  1. Parlez-vous pour vous ou pour toute la diaspora ? Vous citez des noms d’activistes, ou de militants ce n’est peut-être rien pour vous mais pour le pouvoir ça veut dire beaucoup. Dites nous donc ce que risquent les contributeurs du Matin et les simples commentateurs au lieu de nous faire peur pour rien.

    Les billets pour la période allant du 20 décembre au 31 flambent est-ce pour rien . Tout le monde ne peut pas s’élever à votre niveau. Entre un activiste , un aide-activiste, un soutien passif, il y a une distance considérable. Est-ce que des commentateurs ou des contributeurs du Matin ont été inquiétés?

  2. Depuis la levée des restrictions sanitaires et même bien avant, les gens passent comme une lettre la poste.
    Avez-vous eu echo d’une quelconque arrestation ces derniers temps?
    Est ce pour faire peur ou c’est juste un ballon- sonde pour mesurer les turbulences ?

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