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Sébastien Delogu, député LFI, attendu en Algérie pour un déplacement entre mémoire et dialogue

Sébastien Delogu, député LFI,

Sébastien Delogu, député LFI,

Le député français Sébastien Delogu, élu La France Insoumise des Bouches-du-Rhône, effectuera, du 26 au 30 juin, une visite en Algérie mêlant hommage personnel, participation à un forum économique et rencontre officielle avec les parlementaires algériens.

Un déplacement qui s’inscrit à la fois dans une démarche de mémoire familiale et de diplomatie de terrain, dans un moment où les relations franco-algériennes demeurent marquées par des tensions mais aussi par des gestes d’ouverture.

Dans une lettre adressée au chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune et au ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, dont Le Matin d’Algérie a pu consulter une copie, Sébastien Delogu annonce officiellement son déplacement, qu’il souhaite «transparent, respectueux et tourné vers le dialogue entre les peuples ».

Le périple algérien débutera à Oran, ville chère à l’élu marseillais, où il se recueillera sur la tombe de son grand-père maternel au cimetière d’Aïn El Beïda, dans la commune d’Es-Senia. Un hommage intime, mais aussi un signal : la mémoire personnelle peut être une passerelle vers l’histoire collective.

Le lendemain, vendredi 27 juin, il rejoindra Alger, où il visitera successivement le Musée national du Moudjahid et le Mémorial du Martyr, avec un dépôt de gerbe en hommage aux combattants de l’indépendance algérienne. Il poursuivra par une visite de la Casbah, quartier historique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, symbole de résistance et d’identité.

Le samedi 28 juin, le député participera au Sustainable Economy Forum (SEF), organisé à l’hôtel El Aurassi. Il y prendra brièvement la parole, appelant, selon nos informations, à des relations économiques plus équilibrées entre la rive nord et la rive sud de la Méditerranée, dans une logique de transition écologique et sociale. En fin d’après-midi (16h45–19h15), il visitera le Musée national des Beaux-Arts, qui abrite aussi bien les chefs-d’œuvre de la peinture algérienne moderne (Issiakhem, Racim, Khadda) que des pièces majeures de l’art européen (Delacroix, Picasso).

Le dimanche sera placé sous le signe de la culture et de la spiritualité avec une déambulation au Jardin d’essai du Hamma, puis une visite à la Grande Mosquée d’Alger, l’un des édifices religieux les plus vastes au monde.

Enfin, le lundi 30 juin, Sébastien Delogu sera reçu à l’Assemblée populaire nationale (APN) par la Commission des Affaires étrangères, une rencontre confirmée par le député Saad Laanani. Au programme : échanges sur la coopération parlementaire, mais aussi sur la situation régionale, les enjeux migratoires, et la nécessité d’un dialogue plus inclusif entre la France et l’Algérie.

Ce déplacement prend une dimension particulière à la lumière de plusieurs faits marquants du parcours de Sébastien Delogu à l’Assemblée nationale. En décembre 2023, il a été sanctionné pour s’être opposé publiquement à une députée issue d’une famille historiquement liée à la fondation de l’OAS, l’organisation terroriste française opposée à l’indépendance de l’Algérie.

Il avait dénoncé sans détour l’héritage politique de cette mouvance, provoquant des remous dans l’hémicycle. Cette prise de position courageuse, saluée par certains et critiquée par d’autres, lui a valu une amende parlementaire et une inscription au procès-verbal.

Quelques semaines plus tard, il adressait à cette même élue une carte de vœux sur laquelle il avait inscrit de sa main : « Vive l’Algérie libre ! ». Ce simple message de souveraineté a été qualifié de « provocation » par la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans une seconde lettre consultée par Le Matin. Une manière, pour Delogu, d’assumer un discours décolonial clair et de rappeler qu’aucune relation saine entre la France et l’Algérie ne peut faire l’impasse sur la vérité historique.

Connue pour ses engagements en faveur de la cause palestinienne, pour une mémoire apaisée, et pour une politique migratoire plus humaine, Sébastien Delogu entend incarner une autre voie : celle de la diplomatie populaire, du dialogue sans arrogance et du respect mutuel.

À l’heure où les relations franco-algériennes oscillent entre incompréhensions officielles et volontés de réconciliation, cette visite pourrait bien contribuer à nourrir un climat plus apaisé – du moins au niveau parlementaire et citoyen.

Djamal Guettala  

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