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Sénégal : 9 morts dans des heurts après la condamnation d’un opposant

Heurts au Sénégal
Manifestations après l’étrange condamnation de Sonko pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle

Au Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko a été condamné jeudi 1er juin à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse. Des heurts ont éclaté dans plusieurs villes après l’annonce de la condamnation.

Le Sénégal s’embrase après l’étrange condamnation de l’opposant qui pouvait ravir la présidentielle à Macky Sall. La justice a donc balisé le chemin à un président aux affaires depuis 2012. Pourtant ce dernier devait s’arrêter à deux mandats. Mais comme souvent en Afrique, on triture les Constitutions pour mourir au pouvoir.

Les affrontements ont commencé juste après l’annonce de la peine. Le bilan est de neuf morts, selon le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome.

Dans une déclaration cette nuit à la télévision nationale, le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome a fait état de neuf décès à Dakar et Ziguinchor, dans le sud du pays, ville dont Ousmane Sonko est le maire. « Nous avons constaté avec regret des violences ayant entraîné des destructions sur des biens publics et privés, et malheureusement, neuf décès à Dakar et à Ziguinchor », a-t-il déclaré.

Les manifestants sont sortis dans différents quartiers de Dakar comme Ngor, Ouakam, Yoff, Camberene ou encore la Medina. De violents affrontements avec les forces de sécurité ont éclaté dans la capitale, mais aussi dans d’autres villes du pays comme à Ziguinchor ou à Saint-Louis.

Des voitures et des pneus incendiés, des échanges de jets de pierre et de gaz lacrymogènes avec les policiers… L’université Cheikh Anta Diop a pris des allures de champ de bataille comme le raconte Théa Ollivierqui a été à la rencontre de jeunes manifestants.

De nombreuses routes ont été bloquées, la circulation du TER qui relie Dakar à la banlieue a aussi été interrompue et des bus ont été pris pour cible.

L’accès aux réseaux sociaux restreint

À signaler aussi, dans la soirée de jeudi, l’accès aux réseaux sociaux et aux messageries comme WhatsApp qui a été restreint pour de très nombreux internautes sénégalais.

« Nous rappelons aux médias l’importance de respecter le Code de la presse, qui permet à l’autorité administrative de prévenir ou de faire cesser toute atteinte à la sûreté de l’État, à l’intégrité du territoire national ou tout cas d’incitation à la haine. Tout en appelant au calme et à la sérénité, l’État du Sénégal a pris toutes les mesures pour garantir la sécurité des personnes et des biens », a aussi déclaré le ministre de l’Intérieur, justifiant également la restriction des réseaux sociaux (WhatsApp, Twitter, Facebook, Youtube).

Perte d’éligibilité pour Ousmane Sonko

Concernant la condamnation de l’opposant sénégalais, le chef d’accusation de viols n’a pas été retenu contre Ousmane Sonko. Il est finalement condamné pour « corruption de la jeunesse », ce qui veut dire débaucher ou favoriser la débauche d’une jeune personne de moins de 21 ans. Pour l’avocat d’Adji Sarr, c’est déjà une victoire, car on reconnaît qu’il y a eu rapports sexuels, mais il regrette en revanche que les viols et menaces de mort n’aient pas été retenus.

Djiby Diagne, avocat d’Ousmane Sonko, estime lui regrettable qu’on ait « vendu » aux Sénégalais un viol pendant plus de deux ans, ce qui a engendré énormément de morts : 14 personnes avaient perdu la vie lors de son arrestation en 2021 selon Amnesty International.

Avec cette peine, la course vers la présidentielle semble s’arrêter pour Ousmane Sonko qui perd son éligibilité. Selon le ministre de la Justice, il peut désormais être arrêté à tout moment.

L.M/RFI 

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