L’Algérien est-il condamné au sous-développement ? Est-il condamné à tourner en rond, dans un cercle vicieux, jusqu’au point de tomber dans les pommes, dans le vertige ? Est-il condamné à ne voir dans l’accomplissement de ses rêves, que des parcelles insignifiantes d’illusions ?
Est-il condamné à échanger ses espoirs contre une bouteille d’huile ou un sac de semoule? Que se passe-t-il chez nous, pour qu’on se retrouve à la traîne, toujours dans le zéro, satisfaits de nos défaites morales et de nos échecs à tous les niveaux? Toutes ces questions-là sont à la limite une invitation à nous interroger sur le pourquoi de nos déchirures ; nos rechutes ; nos reculs ; nos déceptions ; nos régressions. Pourquoi tout ça, purée?
L’Algérien est-il frappé par la malédiction de l’échec ? Ou ne sait-il pas seulement saisir l’occasion pour produire, sinon inventer le changement? L’occasion veut dire la chance de l’Histoire, c’est-à-dire l’opportunité du dialogue, du compromis, du consensus, à même de faire avancer le processus de la sortie de crise.
Manque de volonté politique diraient certains, absence d’unité populaire répondraient d’autres, retrait de l’élite crie la majorité. Mais le problème semble être partout, dans cet engrenage en grippe qu’on a laissé se rouiller davantage depuis des années sans que l’on ose quoi que ce soit dans le sens contraire, dans le sens positif, dans le sens de la réforme, dans le sens de la transition démocratique.
Sommes-nous condamnés à répéter ad vitam aeternam la machine de l’échec ? Sommes-nous un peuple sur qui l’on a jeté à jamais la poisse, l’opprobre, l’indignité? Pourquoi régresse-t-on pardi ? Pourquoi plus personne ne regarde nos détresses, nos galères et nos misères, nous le peuple d’en bas, nous le peuple qui souffre les pénuries d’eau, d’huile, de semoule, d’oxygène et de démocratie, nous le peuple pacifique qui mérite pourtant tout le respect de toute la planète ? Le peuple a le droit de respirer, de rêver, de vivre, d’aspirer au bonheur.
Le peuple a le droit au confort de ses enfants, à leur joie, chez eux bien sûr, parmi les leurs, avec tout ce qu’il faut, et dans la chaleur du bercail. Et pour tout ça, la démocratie est l’unique solution, décidément.
Kamal Guerroua