Jeudi 19 mars 2020
Solidarité avec les détenu-es du Hirak, clament les universitaires du CNUAC
Nous, enseignants universitaires, membres de la CNUAC, tenons à exprimer notre adhésion à la déclaration du Comité national pour la libération des détenus (CNLD) qui réitère son appel à l’arrêt de la répression policière et judiciaire qui s’abat sur des manifestants pacifiques.
En effet, il ne nous est pas permis de rester silencieux face à la situation dans laquelle se trouvent des militants et des militantes – pacifiques – du Hirak. Il est évident que chacun d’entre nous aurait pu et pourrait être à leur place.
C’est avec fierté que nous revendiquons notre appartenance à ce mouvement social qui, depuis le 22 février 2019, fait montre d’une grande maturité. Il a protégé aussi bien la société que les forces de sécurité d’un exercice de la violence en manifestant pacifiquement pour éviter toute forme d’affrontement.
Par cette conduite, les Hirakistes ont exprimé la valeur qu’ils accordent à l’unité nationale, en rendant inopérantes les anciennes fractures qui ont mené le pays à bien de déchirements dans le passé. Cela fut fait en toute conscience, comme nous avons conscience que le pouvoir en place a détruit le système de santé, laissant les professionnels du secteur désarmés face à la pandémie. Il est vrai que les membres de ce système disposaient et disposent encore du Val-de-Grâce pour leurs propres soins !
Aujourd’hui, dans un contexte national et mondial marqué par la pandémie du coronavirus, toutes les forces du Hirak appellent, dans le même esprit de responsabilité, à suspendre les rassemblements et les marches. Confronté à une révolte légitime – eu égard à la gestion politique du pays et conduite en toute raison- le pouvoir, sous peine d’endosser au regard de l’opinion nationale et internationale la responsabilité des effets dangereux de ses pratiques répressives, doit libérer les détenu-es d’opinion.
Il est d’une extrême urgence de les libérer afin d’éviter de mener le pays à des lendemains incertains. Comme il est nécessaire de mettre fin à l’exercice de la répression contre la population. Il faut que le pouvoir fasse enfin preuve à son tour de maturité pour comprendre que ce n’est pas ainsi qu’il obtiendra la fin du Hirak. Il devra nécessairement remettre profondément en question les logiques mises à l’œuvre dans son fonctionnement, depuis 1962.
Tarder à libérer les prisonniers et les prisonnières d’opinion, en les maintenant dans des conditions précaires, au moment où sévit une crise sanitaire aiguë, continuer à réprimer les militantes et les militants, les pourchasser, les kidnapper, les emprisonner au mépris des lois, ne fera qu’attiser la colère de la population, aggravant son divorce avec le système politique.
Enfin, les membres de la CNUAC appellent les différentes composantes de la société civile à manifester une solidarité sans faille avec les détenues-es d’opinion.
Pour une Algérie Libre et Démocratique.
Alger, le 19 mars 2020