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Sonatrach : le kiyass n’a pas eu tort d’interpeller Abdou sur ExxonMobil

Polémique

Sonatrach : le kiyass n’a pas eu tort d’interpeller Abdou sur ExxonMobil

Des rumeurs d’ailleurs très proches de Sonatrach laissent filtrer certaines informations sur le contenu des discussions de l’équipe du mastodonte avec le major pétrolier ExxonMobil. Par recoupement, tout laisse croire que la multinationale veut raviver un vieux fantasme du tout début des années 90, celui de la privatisation du champ de Hassi Messaoud comme gisement existant dans lequel on veut investir pour améliorer sa productivité par un contrat type EOR (Enhanced Oïl Recovery) qui désigne selon l’approche théorique un ensemble de techniques permettant d’augmenter la quantité d’hydrocarbures extraits d’un gisement pétrolier ayant épuisé partiellement ou totalement ces phases ; primaire et secondaire.

Cela arrive bien entendu en période de décroissance durant laquelle la production décline de 1 à 10 % par an.  À la fin de l’exploitation, d’importantes quantités de pétrole et de gaz demeurent encore dans le sous-sol. Les pétroliers cherchent sans cesse comment améliorer les taux de récupération des gisements, en utilisant ces technique.. Les taux de récupération d’un gisement de pétrole brut varient de 5 à 50 %.

L’exploitation des gisements de gaz seul est plus efficace parce que le gaz est moins dense et beaucoup plus mobile que le pétrole : le taux de récupération peut atteindre 60 à 80 %. Rappelons que Hassi Messaoud, situé dans le bassin de Berkine, est le plus grand gisement de pétrole d’Algérie – et de tout le continent africain. Il fut découvert la même année que le gisement de gaz de Hassi R’mel, son équivalent pour le gaz (principal gisement de gaz d’Afrique). Tous deux contribuèrent à la détermination de la France pour le maintien de sa présence en Algérie.

Les réserves estimées du gisement sont de l’ordre de 9 milliards de barils d’un pétrole de très bonne qualité, en ne tablant que sur un taux de récupération d’environ 20 % du pétrole supposé en place, chiffre que la société d’exploitation Sonatrach compte dépasser. Cependant, entre 2 et 3 milliards ont déjà été extraits. Ce gisement représenterait donc à lui seul près du tiers de la dotation initiale du pays. En 2015, de nombreux experts ont estimé que ce gisement n’a été exploité à ce jour qu’à hauteur  de 15% et qu’une augmentation de 1% de ce taux de récupération pourrait donner un supplément de production de 500 000 barils. Ceci est une économie très importante à faire sur les forages d’exploration dans d’autres blocs au moment même où le pays manque de liquidité.

Cet ensemble de techniques est assuré par des sociétés de service, et Sonatrach a l’habitude de les utiliser moyennant une rémunération modérée. Si l’injection thermique de vapeur n’étant pas nécessaire pour un pétrole léger comme le nôtre très fluide, celle des gaz miscibles ou non (GN, Azote, CO2), les viscosifiants et les tensioactifs sont déjà utilisés dans les réservoirs compacts sous la supervision de Sonatrach même.

A l’époque, ce sujet a fait scandale et le gouvernement conduit par Rédha Malek juste après Belaid Abdeslalem a préféré mettre fin à ce débat inutile et il l’était effectivement car on ne comprend pas comment la division Petroleum Engineering et développement (PED) qui a acquis une expérience de plusieurs décennies dans le développement des gisements n’aurait pas pu concocter un contrat de service type EOR pour prendre en charge cette phase tertiaire si elle s’avère nécessaire. Pourquoi aujourd’hui, on revient au galop ?

Ces derniers temps, pour cacher les tensions internes dont on a assisté à une en direct lors de la première conférence de presse d’Ould Kaddour la semaine dernière, la cellule communication de l’entreprise tente de diffuser le message et de nombreux titres l’ont facilement abreuvé, probablement par un artifice d’encanaillement publicitaire « qu’enfin les majors pétrolières ont trouvé en ce PDG un interlocuteur valable ». Pourquoi ? Parce qu’il a réussi en moins d’un an de règne à  régler avec les partenaires de Sonatrach 11 contentieux sur 12 et de quelle manière ? A l’amiable en distribuant de l’argent du trésor public. Est-ce là, une décision de bonne gouvernance ?                                                

Auteur
Rabah Reghis

 




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