Jeudi 11 avril 2019
Sortie de crise : pour une nouvelle Algérie
« La liberté, c’est l’indépendance de la pensée. » Epictète.
Après, notre indépendance, le peuple algérien en 1962 s’est cru libéré du colonialisme, mais plus les années passées, plus les différents présidents se succédaient, plus la dictature s’installait de forte manière en appliquant à chaque fois une présidence sur-mesure, consolidant le pouvoir exécutif à travers différentes constitutions donnant plein pouvoir au président de la République.
Aujourd’hui, le peuple en majorité universitaire a compris qu’on a simplement remplacé la colonisation par une autre. Une nouvelle colonisation locale, s’est installée et s’est renforcée par l’apport des multinationales, de l’oligarchie et d’autres puissances étrangères. Si la logique défendue par les gouvernants était celle qui permet aux personnes de vivre dans la dignité et de pouvoir s’émanciper, les campagnes électorales allaient nécessiter beaucoup moins de moyens financiers et matériels. C’est bien souvent ce courage politique qui manque et qui contraint les uns et les autres à la démagogie et aux fausses promesses à la veille des scrutins. Le peuple ne demande que le pain, la justice et la liberté.
Mais tous ceux qui travaillent à maintenir leurs populations dans la misère, favorisant par leur politique d’exclusion, l’exploitation des plus faibles par les plus forts, qu’ils s’appellent Blaise Compaoré, Ali Bongo, Denis Sassou N’Guesso, Faure Eyadema, Robert Mugabe, Joseph Kabila, etc. finissent par subir la révolution de leur peuple. Un peuple opprimé se rend justice tôt ou tard. C’est cette vérité que les dirigeants algériens doivent comprendre une fois pour toute. L’Algérie vient en cette année 2019, de vivre la réaction de son peuple et une réponse à la gouvernance d’un pays par des oligarques analphabètes, qui ne se sont jamais référés à l’histoire et aux révolutions des opprimés.
Le mouvement populaire algérien du 22 février 2019, qui a surgit, ne fait pas défaut aux règles historiques, mais l’absurdité de ces dirigeants n’ont pas vu venir ni croire en la réaction du peuple algérien fier, digne héritier du million cinq cent mille de martyrs. Aujourd’hui, plus de 25 millions d’Algériens, sortent pacifiquement chaque semaine et plus les semaines passent plus les revendications souvent impossibles à réaliser dans l’immédiat augmentent en l’absence de réponses concrètes, pouvant permettre à déterminer un seuil de propositions qui calmera les esprits des manifestants pour mettre en confiance le peuple.
Le risque d’infiltration par les ennemis de l’Algérie n’est pas à écarter en l’absence de solutions concrètes. Le peuple commence à regagner l’espoir, mais, a besoin de confiance en choisissant d’abord lui-même ceux qui feront la transition, avec de nouvelles têtes et non avec ceux qui nous ont conduits à cette impasse. Le mouvement populaire a demandé le changement du système et cela ne pourra pas se faire en changeant une façade par une arrière façade, le peuple n’est pas dupe.
Donc, il est temps pour les vrais nationalistes, encore aujourd’hui au pouvoir et qui croient en ce peuple, de répondre à ses attentes. Le concret immédiat commence par faire bouger la machine de la justice aussi bien militaire que civile dans les différentes affaires et non pas uniquement « Khalifa » ou « Sonatrach » ou « El Bouchi », mais aussi celle de l’autoroute, celle du dessalement de l’eau, celle de l’immobilier, celle des walis, ministre et responsables ripous à tous les niveaux, celle des prêts bancaires en plusieurs millions et milliards de dollars, celle des sociétés publiques ainsi que celle des coopératives de terrains cédées… Si la machine judiciaire se mettait en marche, plusieurs têtes que tout le peuple connaît, tomberai, ainsi un début de confiance et d’espoir reviendrait au peuple.
Pour la sortie de crise, que le peuple pourra accepter, c’est d’abord d’activer les articles 7 et 8 en-dehors du Sénat et de l’APN, car le peuple est le seul souverain et c’est lui le constituant. Donc la solution est possible avec la constitution ou en dehors de la constitution.
Si le peuple est souverain alors pourquoi lui exige-t-on le président de l’APN ou du Sénat (Qu’il ne reconnaît pas et qui ne le représente pas puisqu’elle était pour le cinquième mandat et à l’encontre du mouvement populaire. Un référendum a été fait par le mouvement populaire du 22 février 2019, donc il est facile de le satisfaire, il suffit de désigner, un conseil constituant, représenté par cinq personnes dont quatre issu des différentes régions (Est-Ouest-Centre-Sud) à la seule condition qu’ils n’ont pas été pour le cinquième mandat (on pourra par exemple désigner un syndicaliste faisant l’unanimité chez les syndicalistes, un membre d’associations faisant l’unanimité chez ces dernières, un membre de partis faisant l’unanimité parmi ces derniers et un membre libre de la société.), la présidence de ce conseil pourra alors être, donnée à une personne historique faisant l’unanimité. Ceci étant désigné, rares seront les personnes qui s’opposeront, car de nouvelles têtes émergeront au niveau de la société.
Configuration du conseil constitué
L’article 8 permettra au peuple de désigner une assemblée constituante, composée à son tour de 25 % de syndicalistes qui n’appartiennent à aucun parti ni association, 25 % de membres d’associations qui n’appartiennent à aucun parti ni syndicat, 25 % de membres de partis qui n’appartiennent à aucun syndicat ni association, 25 % de membres libres de la société civile. La condition du choix des 25 %, c’est qu’ils soient issus chaque fois des quatre régions du pays. Toujours en appliquant l’article 8, les membres du conseil constitutif désigneront ou feront appel à l’assemblée constituante pour désigner un gouvernement constitué de 25 % de ministre de chaque région. Là aussi, c’est un seuil de sortie de crise pour faire la rupture avec le système et répondre à l’attente du peuple pour faire la transition et l’élection du président de la République ne sera qu’une formalité. Une telle constituante et gouvernement pourront donner une idée au rédacteur de la future constitution, car celle-ci concernera toute la société et les votants dépasseront chaque fois plus de 75 % de la population.
Exemple de représentativité par wilaya:
+ Les wilayas de moins 500 000 habitants auront 2 sièges par catégorie
+ Les wilayas comprenant une population de plus de 500 000 et de moins 1 000 000 auront 4 sièges par catégorie
+ Les wilayas comprenant une population de plus 1 000 000 et de moins 2 000 000 auront 6 sièges par catégorie
+ Les wilayas comprenant une population de plus 2 000 000 auront 8 sièges par catégorie.
Le problème qui sera posé à la constituante sera de déterminer, les règles d’organisation, de contrôle et de déroulement des élections pour éviter les erreurs du passé. Pour construire la nouvelle république, il faut se donner le temps et la mener avec les personnes qui n’ont jamais fait partie de la première. Le peuple sera patient s’il voit un conseil constitutif, une assemblée constituante et un gouvernant constitué, représentant toute la société et toutes les régions faire la transition. Les articles 7 et 8 peuvent être lus de différentes manières, mais appliquant les le plus logiquement possible. Le nom du futur président de la République importe peu, car le problème réside dans l’élaboration d’une constitution digne des attentes de ce jeune peuple et cette révolution populaire du 22 février 2019.
Le concret par lequel on doit commencer est de voir la justice jouer son rôle et non pas de choisir des boucs émissaires, car le peuple n’est pas dupe et connaît les responsables qui ont pillé le peuple.Des noms connus ou inconnus de l’opinion publique doivent dès maintenant tomber, car tous ont deux ou trois passeports et des comtes en millions et milliards de dollars en France, Espagne, Turquie, Suisse, Panama et ailleurs.
La justice peut bloquer ces milliards de dollars déposés à l’étranger avec la complicité des pays hôtes. Il ne faut pas oublier aussi les prêts noms à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, c’est maintenant que l’Etat de droit doit faire ses preuves. Sans décisions concrètes véritables et non pas des poussières dans l’œil peuvent calmer ce « Hirak », car la nomination d’un gouvernement et d’un président que le peuple en entier rejette prouve que le changement de système qui dure depuis 57 ans ne peut se faire en 7 semaines, car celui est bien enraciné et ne veut pas abdiquer pacifiquement.
La solution est simple, mais qui a le pouvoir de sauver notre pays, car il ne faut pas se mentir la face, car ceux qui ont volé le pays, qui sont à la solde des multinationales, qui sont à la solde des pays étrangers, qui ont placé leurs biens à l’étranger, qui ont plusieurs nationalités (sans savoir laquelle il représente) et qui sont toujours dans l’exécutif ne peuvent quitter leur fonction ou laisser le pays reprendre son indépendance pacifiquement.
Cette proposition, selon moi, est un exemple de seuil de sortie de crise, faite après une analyse de l’état des lieux en Algérie et la pensée générale dans le mouvement populaire du 22 février 2019. En tant que syndicalistes du CLA, et mon frère, feu Achour Idir, ne me contredira pas, il est très facile de commencer une grève, mais beaucoup plus difficile de l’arrêter, et satisfaire les grévistes, même en obtenant 90 % des revendications, alors que dire de notre mouvement populaire du 22 février 2019, qui se voit revenir à la case de départ, en changeant une façade par son arrière.
Le peuple veut des solutions concrètes au niveau de la justice, de la rupture totale avec l’ancien système et de nouvelles têtes de confiance pouvant faire la transition.