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Sous Tebboune, le ministre de la Communication convoque les journalistes !

Laagab
Mohamed Laagab en Père-fouettard de la presse.

La Direction des médias au ministère de la Communication a convoqué, lundi, des journalistes sportifs pour «non-respect répété de l’éthique et de la déontologie de la profession», indique un communiqué du ministère. Déstabilisant d’autorité !

On aura tout vu sous la nouvelle Algérie d’Abdelmadjid Tebboune. Un commentateur télé qui devient PDG de l’aéroport d’Alger, le bien nommé Mokhtar Saïd Mediouni, voilà que le ministre de la Communication convoque d’autorité les journalistes comme de petits chérubins qui auraient fait quelque incartade ! On croyait la presse domptée. Mohamed Laagab soupçonne le contraire et entend sévir contre ces journalistes qui s’y croient !

Avec Laagab on inaugure le ministère des chaînes et du bâillon !

«Le ministère de la Communication a constaté des manquements déontologiques répétés par certains journalistes sportifs, notamment en ce qui concerne l’incitation, la diffamation, la publication et la diffusion de fausses informations diffamatoires, en dépit des remarques faites par Monsieur le ministre de la Communication lors de sa rencontre avec les journalistes sportifs le 1er février 2024», lit-on dans le communiqué. Bah voyons ? Qu’ont-ils donc faits ces journalistes pour mériter tel sort ? De quelle liberté de la presse peut se targuer Mohamed Laagab après un tel comportement ? Comment un ministre peut-il se permettre de se conduire comme un proconsul face à des journalistes censés être libres de leurs écrits ?

Tebboune, le Mao Zedong du XXIe siècle ?

Ainsi, «la Direction des médias au ministère de la Communication a convoqué, ce jour, 19 février 2024, des journalistes sportifs, dont le ministère s’est bien gardé cette fois-ci d’en diffuser les noms, et leur a rappelé les graves conséquences pouvant découler de tels dépassements», ajoute le communiqué. Quel esprit libre quand même notre ministre !

Comme pour intimider les journalistes indélicats, le ministère de la Communication ajoute, dans le même communiqué «qu’il n’hésitera pas, à l’avenir, à engager des poursuites judiciaires à leur encontre et/ou leur interdire la couverture de toutes les activités sportives et/ou imputer aux institutions médiatiques auxquelles ils appartiennent les retombées qui en découlent». Convocation et menaces de poursuites judiciaires… tous les moyens sont bons pour réduire au silence une presse qui ne dit déjà plus rien. L’épée de Damoclès que suspend au-dessus des têtes des journalistes le ministre est un énième moyen d’intimidation.

Mohamed Laagab se conduit comme le père fouettard de la presse. Aucune considération. Il ne voit en elle que servitude. Rien d’autres. Autrement, il ne se permettrait pas de « convoquer » des journalistes !

Abdelmadjid Tebboune peut s’enorgueillir d’avoir fait de la glorieuse presse algérienne une modique courroie de propagande des informations officielles. Ce qui n’honore, au demeurant, personne et porte gravement atteinte à l’Etat de droit. Mais pour ce dernier, avouons-le, il y a longtemps qu’il n’a plus cours en Algérie.

Yacine K. 

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