L’Algérie a averti la France et fait part jeudi de sa « profonde désapprobation » face à une « décision inattendue » du gouvernement français d’apporter son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le territoire disputé du Sahara occidental.
« Cette décision a été communiquée officiellement aux autorités algériennes par les autorités françaises ces derniers jours », a assuré le ministère des Affaires étrangères algérien dans un communiqué, dénonçant « un soutien sans équivoque et sans nuance » de Paris à la position marocaine. Depuis hier, c’est le silence radio au Quai d’Orsay après la vive réaction des autorités algériennes à ce soutien français au plan marocain.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est colonisé en majeure partie par le Maroc – qui propose une autonomie sous sa souveraineté – mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.
Alger a fustigé une « décision française inopportune et contre-productive », estimant qu’elle « relève d’un calcul politique douteux, d’un à priori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte ».
Pour l’Algérie, cette « décision française n’aide pas à réunir les conditions d’un règlement pacifique de la question du Sahara occidental, elle conforte une impasse, créée précisément par le prétendu plan d’autonomie marocain et qui dure depuis plus de 17 ans ».
Dans une allusion à la France et au Maroc, le communiqué du ministère des Affaires étrangères a dénoncé « des puissances coloniales, anciennes et nouvelles, (qui) savent se reconnaître, se comprendre et se rendre des mains secourables ».
Le gouvernement algérien « tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française » et dont le gouvernement français « assume seul la pleine et entière responsabilité », a ajouté le ministère.
Abdelmadjid Tebboune qui brigue un deuxième mandat lors de la présidentielle organisée le 7 septembre, avait annoncé avant de décider d’anticiper le scrutin de quatre mois qu’il allait effectuer « fin septembre-début octobre » une visite d’Etat en France. Une déclaration bien curieuse quand on sait que la présidentielle n’a pas encore lieu. Mais on est en Algérie et le résultat est connu d’avance. Tebboune sait qu’il aura son deuxième mandat, le reste n’est qu’une simple formalité.
Ce voyage a été maintes fois reporté en raisons de frictions diplomatiques entre les deux pays, notamment sur les questions mémorielles liées à la colonisation française de l’Algérie et à la guerre d’indépendance (1954-1962).
Lors d’un voyage officiel au Maroc en février dernier, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné avait réitéré le soutien « clair et constant » de Paris au plan d’autonomie marocain, tout en assurant vouloir « avancer » sur ce dossier.
La visite avait marqué un réchauffement des relations entre Paris et Rabat mais depuis la dissolution du Parlement français, et les législatives anticipées en France où la majorité présidentielle est arrivée troisième, le gouvernement de Gabriel Attal a été chargé par le président Emmanuel Macron de gérer les affaires courantes jusqu’à la formation d’un nouvel exécutif.
Interrogé par l’AFP sur le communiqué d’Alger, l’entourage de Stéphane Séjourné s’est refusé à tout commentaire.
Sofiane Ayache/AFP