Samedi 27 octobre 2018
Talaie El-Hourriyet dénonce « le vide politique au sommet de l’Etat »
Le Bureau Politique de Talaie El Hourriyet a tenu sa réunion mensuelle ordinaire, le samedi 27 octobre 2018, au siège national du Parti, sous la présidence de Monsieur Ali Benflis, Président du Parti.
A l’entame de ses travaux, le Bureau politique s’est référé à la date du 17 Octobre 1961 qui symbolise les sacrifices consentis par notre communauté résidant à l’étranger durant la lutte de libération nationale et lui a rendu un hommage appuyé et s’est incliné à la mémoire des martyres de cette journée.
Le Bureau politique a, également, évoqué l’anniversaire du glorieux Premier novembre que le peuple algérien se prépare à célébrer dans le recueillement et la reconnaissance à tous ceux qui se sont sacrifiés pour le recouvrement de l’indépendance nationale mais également avec la frustration légitime de constater que 64 ans après la Déclaration du 1er Novembre 1954, la « restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social » est toujours à l’état de projet.
Le Bureau Politique a, ensuite, procédé à l’évaluation de la situation politique, économique et sociale prévalant dans le pays.
I- Situation politique
1-Analysant la situation politique, le Bureau politique a constaté avec inquiétude l’exacerbation de la lutte entre différents centres de décision du pouvoir en place, avec comme résultante l’accélération de la dégénérescence de ce qui reste du peu de crédibilité et de stabilité des institutions de la République.
La crise inédite survenue au sein de l’Assemblée Populaire Nationale est significative de l’exacerbation de cette lutte, avec comme ligne de mire l’échéance présidentielle et comme enjeu, le contrôle du pouvoir, après 2019.
L’APN, déjà fortement discréditée par son déficit de légitimité et de représentativité, est le théâtre d’un « pugilat » indigne d’une partie « des représentants du peuple », que se livrent des groupes antagonistes du même pouvoir politique en place et qui renseigne sur les causes du désintérêt du citoyen vis-à-vis de la politique.
Pour le Bureau Politique, cette crise est instructive à plus d’un titre ;
a – la lutte qui se déroulait au sein du sérail du pouvoir politique a débordé les enceintes de celui-ci pour s’étaler en plein jour,
b – présentée comme une crise institutionnelle, il s’agit fondamentalement d’une crise politique qui renvoie à l’échéance électorale,
c – elle lève le voile sur le mode de prise de décision au sommet de l’Etat qui ne s’embarrasse pas du principe démocratique de la séparation des pouvoirs,
d – le vide politique au sommet de l’Etat fait que le pouvoir politique en place n’arrive même plus à gérer ses contradictions et à transcender ses clivages,
e – le risque de déstabilisation des institutions et par là même du pays ne peut être le fait des partis de l’opposition qui multiplient les appels et les initiatives convergeant vers la proposition d’un dialogue inclusif pour une sortie de crise, mais bien le fait du pouvoir politique en place qui continue à nier l’existence même de la crise et met en péril la stabilité et la sécurité nationale,
f – au-delà de la question de sa légalité, l’éviction du président de l’Assemblée Populaire Nationale, est un véritable coup de force institutionnel mené par la « majorité parlementaire » en violation de la loi fondamentale que cette même « majorité parlementaire » avait fait adopter par un coup de force constitutionnel en 2016.
Le Bureau politique salue, à cet égard, l’attitude responsable et légaliste de l’opposition parlementaire tout au long de cette crise.
2 – Le Bureau Politique constate, par ailleurs, que l’impasse politique dont souffre le pays a atteint un seuil de gravité, sans précédent, qui met en danger la République et interpelle tous les acteurs politiques pour un sursaut salutaire afin d’épargner à notre pays des dérapages aux conséquences d’une ampleur imprévisible sur la stabilité, la sécurité, l’unité et la cohésion de la Nation.
3- Au chapitre des droits et libertés ,le Bureau politique relève, avec indignation que les autorités publiques continuent à violer, sans scrupule, le droit constitutionnel des Partis politiques de tenir des rencontres pacifiques, dans des lieux fermés, et d’organiser des rassemblements tout aussi pacifiques dans des lieux publics.
Talaie El Hourriyet, qui craint que l’on s’achemine vers une sanctuarisation de la capitale et une interdiction pure et simple, qui ne dit pas son nom, de toute activité politique publique de l’opposition, par un recours systématique des pouvoirs publics aux pressions , à l’intimidation, et à l’empêchement de l’organisation d’activités publiques , condamne fermement l’attitude des autorités responsables de ces abus de pouvoir caractérisés .
Une telle attitude est révélatrice de l’acharnement du pouvoir politique en place à museler l’opposition et à l’isoler de la population .Une opposition à laquelle, aux dires des tenants du pouvoir politique en place, la Constitution de 2016 était censée donner plus de prérogatives et qui, en fin de compte, s’est traduite par un verrouillage encore plus serré du champ politique et médiatique. Le refus de l’agrément à des Partis politiques participe de cette même démarche de verrouillage de l’espace politique.
Le Bureau politique reste convaincu que la crise multidimensionnelle qui affecte notre pays ne peut être dépassée, de façon durable, qu’au moyen d’un dialogue politique inclusif, qui place l’intérêt de notre pays et les aspirations du peuple algérien au-dessus de toute considération.
II – Situation économique
1 – Le Bureau politique regrette que dans un contexte de détérioration continue de la situation économique et sociale, les questions économiques connaissent un déclassement sur l’agenda du pouvoir politique en place, concentré davantage sur le maintien du statu quo qui assure la pérennité du régime.
Le projet de loi de finance pour 2019 procède de cette attitude dommageable qui consiste à passer le cap de l’échéance présidentiel et à renvoyer les véritables problèmes qui ne pourront que s’aggraver, à l’après- 2019.
2 – Le Bureau Politique exprime son inquiétude quant à la stagnation et aux perspectives inquiétantes de l’économie nationale pour les prochaines années avec une croissance faible pour la période 2018-2020, selon les prévisions concordantes des institutions économiques et financières internationales et des experts nationaux et la préoccupation de la Banque d’Algérie ,elle-même , appelant le gouvernement à “un vaste programme de réformes structurelles pour libérer le fort potentiel de croissance de l’économie nationale et diversifier l’offre domestique et les exportations de biens et services”. Une croissance qui, selon les avis des experts, ne sera pas suffisante pour créer assez d’emplois et renverser la courbe du chômage, dont le taux pourrait atteindre des proportions inquiétantes.
Le Bureau Politique considère que cette dégradation de la situation économique n’est que le résultat logique de quatre années d’inaction, de tergiversation, d’hésitation , de revirements, d’instabilité juridique et institutionnelle, alors que les risques sur les positions financières, sur la croissance, ainsi que sur le chômage et l’inflation vont en s’amplifiant, le gouvernement se contentant de scruter les prix sur le marché pétrolier et s’appuyant sur la planche à billets, au risque de provoquer une inflation incontrôlée, une dépréciation accentuée de la monnaie nationale et une dégradation du pouvoir d’achat du citoyen, plutôt que d’engager les réformes indispensables pour mettre sur mettre en œuvre une stratégie de diversification de l’économie nationale et relancer la croissance.
Le Bureau Politique constate que rien n’est fait pour relancer la croissance par des investissements productifs. Les flux d’IDE baissent ,les investisseurs étrangers étant dissuadés par un climat des affaires difficile, l’instabilité juridique, le risque politique et la corruption .Ce même climat des affaires dissuade les investisseurs nationaux qui de plus souffrent d’une discrimination sur la base de leur attitude vis-à vis du pouvoir politique en place.
Enfin, le Bureau Politique, dénonce une fois de plus, la corruption qui, par son ampleur, sa tendance à la propagation dans les rouages de l’Etat, sa banalisation scandaleuse, et l’impunité qui protège les responsables véreux, menace les fondements de l’Etat républicain.
III-Situation sociale
Le Bureau Politique dénonce le recours systématique des autorités publiques à la force pour réprimer toute velléité de contestation citoyenne et de revendication pacifiques de droits légitimes de citoyens impuissants face par toutes sortes d’abus et de dénis de droits du pouvoir politique en place, et d’exclusion de l’accès à la jouissance d’un minimum de bien-être social .Le Bureau politique rappelle que le dialogue, la concertation et la négociation sont le moyen idoine pour le règlement des conflits sociaux et l’instauration d’une société sereine, harmonieuse et solitaire
L’attention du Bureau Politique a été attirée par la situation les milliers de jeunes promoteurs Ansej, Cnac et Angem dont les entreprises ont fait faillite, victimes d’un dispositif d’aide aux jeunes qui a échoué qui crient leur désarroi et leur détresse et vivent dans la précarité face au harcèlement des banques et de la justice. Le bureau politique considère que les autorités publiques qui ont financé ces promoteurs, sans accompagnement, pour acheter la paix sociale, portent l’entière responsabilité de ces faillites et se doivent de trouver des solutions novatrices pour venir en aide à ces jeunes et ne pas leur laisser comme seule alternative l’aventure périlleuse de la harga.
Le Bureau politique relève, à cet égard, avec inquiétude et indignation que, de jour en jour, le phénomène de « la harga » prend de plus en plus d’ampleur. Les cas rapportés par les médias nationaux de harragas qui sont allés jusqu’à s’asperger d’essence, menaçant de s’immoler par le feu, après l’interception de leur embarcation, plutôt que de retourner en terre ferme, nous interpellent tous et en premier lieu le pouvoir politique en place qui doit se rendre à l’évidence que l’approche sécuritaire et judiciaire a montré ses limites dans la mesure où elle n’a pas ralenti le flux des départs et que la clé de la solution réside dans des politiques qui redonnent espoir à une jeunesse avide de vivre son temps .
Le Bureau politique exprime la même inquiétude face à l’hémorragie que constitue le départ massif de cadres, notamment ceux de certains secteurs névralgiques comme le secteur médical et celui de l’énergie, pour des pays qui leur ouvrent grandes les portes et leur offrent, la considération, des conditions de travail adéquates, des opportunités d’épanouissement et de progrès dans l’exercice de leurs fonctions et les moyens pour une vie décente, qu’ils n’ont pas trouvé dans leur propre pays. (…)