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Tamaziɣt, 20 Avril 1980 – 20 Avril 2025 : des acquis malgré les interdits !  

Printemps berbère

Le bilan, à cinq ans du cinquantenaire du Printemps berbère de 1980, est on ne peut plus positif au vu de toutes les embûches et des interdits qui ont jalonnés le parcours du combattant des militants qui se sont succédés pour remettre l’Histoire à l’endroit et redonner vie à la langue amazighe jusque-là cantonnée dans les geôles de l’oubli.

Un véritable miracle, car toutes les langues qui sont dans la même situation dans le monde, même des plus prestigieuses, ont connu un triste sort.

Le chemin a été long, difficile, ardu et « clôturé » dans le sang pendant le printemps noir de 2001.

« Clôturé », car depuis cette date, les choses semblent prendre une autre tournure, les militants ayant été embourbés dans les flots et les torrents déchaînés des luttes politiques intestines fratricides qui ont considérablement affaibli le mouvement.

C’est une lapalissade, la division rend en toute chose l’issue aléatoire.

Quoi qu’il en soit, de grandes réalisations ont été accomplies, jusqu’à la dernière et non des moindres : officialisation de tamaziɣt en mars 2011.

Il est vrai que l’inique caractère facultatif est un frein à son épanouissement, mais l’existence même de son enseignement est une avancée considérable, son statut de culture orale ayant été officiellement et définitivement dépassé.

De timides avancées dans le champ médiatique, même timides, sont aussi à signaler.

Malheureusement, toutes ces réalisations rencontrent d’énormes problèmes sur le terrain, et celui qui n’avance pas recule. La stagnation est palpable.

Toutefois, une lumière se distingue dans le ciel : gloire aux militants « informatiques » !

Le salut vient heureusement de ses dignes enfants maîtrisant l’Internet, qui sans grands moyens dont seuls disposent les Etats, sont parvenus à la hisser au rang des grandes langues vivantes dans le domaine des TIC et des différentes filières scientifiques.

Après le bond en avant dans le domaine littéraire, cette incursion plus que réussie dans le domaine technologique est une bouffée d’oxygène pour la langue et la culture amazighe en général, et kabyle en particulier.

Car, se trompe celui qui croit pouvoir pousser tout un peuple, vivant dans de vastes pays de l’Afrique du Nord et au-delà, au déni de soi en recourant à la corruption des esprits, la cupidité de certains de ses membres, l’oppression généralisée et la « normalisation » forcée.

La culture est comme l’âme, elle ne meurt jamais.

Elle survit à tout et s’inscrit dans la durée et l’éternité.

Hommage appuyé aux militants du printemps 80.

Gloire aux martyrs du printemps 2001

Youcef Oubellil, écrivain

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