Si on te proposait de prendre pour ami un raciste italien ou un autre français, tu me dirais, si tu es normalement constitué, que tu n’en choisis aucun. Car, comme écrivait André Gide : « Choisir, c’est renoncer » ! (Il faut comprendre ici que le renoncement ne se fait pas l’un au détriment de l’autre, mais sur le rejet des deux).
On ne choisit pas entre la peste et le choléra. Entre l’immoral et l’amoral ! C’est kif-kif bourricot ! Les deux sont assassins et portent en eux le germe du chaos ! Les deux sont les enfants de la xénophobie et de l’intolérance ! Il s’agit d’un choix cornélien, un dilemme où toutes les options sont néfastes.
Ce refus de normaliser est le cœur des fondamentaux humains auxquels on ne cède, normalement, ni par intérêt, ni par compromission ! Car un raciste reste un raciste, peu importe la langue qu’il parle. P
eu importe le chant qu’il entonne : la Giovinezza ou Maréchal, nous voilà ! Tous deux sont des hymnes à la haine. Tous deux sont des berceuses pour des cœurs malades ! Qu’il soit l’héritier de Mussolini ou de l’OAS, le passif, lui, reste comptable en vies humaines et en actes inhumains !
Disons-le d’emblée : pour le président d’un pays qui a souffert de la barbarie du colonialisme et de son système d’apartheid raciste, c’est presque un affront de faire des affaires avec l’Italie de la fanatique Meloni. (Faut-il rappeler que Méloni est la cheffe du parti d’extrême droite italienne « Frères d’Italie » ?). Alors oui, on peut entendre ceux qui clament le pragmatisme dans le business, puisque les affaires leur montent au nez !
Mais pourquoi, diable, crie-t-on, dans ce cas, au déshonneur et au « harkisme » à chaque fois que l’on veut faire affaire avec la France de Macron (Macron qui n’est pourtant pas de l’extrême droite française) ? Et là, tu entends tourner en boucle le disque rayé du passif colonial, de la « bataille d’Alger », du napalm, des enfumades, et le bla-bla habituel de la reconnaissance du Sahara occidental !
Si on clame le pragmatisme, et qu’on en est un fervent adepte, alors, on devrait, par constance et équité, le clamer avec tout le monde. Et qu’on ne s’y méprenne pas : ceci n’est pas un plaidoyer en faveur de Macron ou de la France, mais seulement en faveur de la mesure et de ce « pragmatisme » cher à une certaine presse qui s’efforce d’absoudre Tebboune !
Au nom de quel sacro-saint a-t-on décidé que ce qui était halal avec la pécheresse Meloni était haram avec Macron le blasphémateur ? Que ce qui pouvait être fait avec l’extrême droite italienne ne pourrait pas se faire avec l’Espagne, l’Allemagne, la France ou même le Maroc, non ? (Sacrilège, harki, hizb França !)
Que veut-on prouver en haut lieu ? Que le colonisé s’est enfin affranchi du colon ? Que l’ordre du monde aurait changé depuis que le gaz est devenu une arme aussi redoutable que les missiles russes Sarmate ? Que le moustique d’hier peut désormais nuire autrement que par son zonzonnement, et qu’il peut ruiner une économie et pas seulement le sommeil ?
Ou peut-être simplement parce que le nouveau roi a hurlé qu’il n’irait pas à Canossa… de Paris ! Taghennant ? Un énième caprice d’un esprit théâtral et pathétique ! Par populisme du faux « nif » ! Par démagogie du « Zelt we tfar3ine » ! Du, m’as-tu-vu, je passe à la télé française !
La constance et la logique, c’est ce que clame ce régime alors qu’il est le pur produit de l’inconséquence d’une junte au pouvoir qui ne défend les intérêts du pays qu’en apparence.
Comment interpréter, sinon, la signature d’un partenariat stratégique avec la société pétrolière italienne ENI, pourtant plusieurs fois éclaboussée par des scandales qui ont fait le tour du monde et les unes des journaux ? On ne les compte plus, les scandales dans lesquels ENI est impliquée en Algérie. Malversation, pot-de-vin, corruption, des vertes et des pas mûres. De Chakib Khelil à Ould Kaddour, en passant par l’intermédiaire Bejaoui aux pattes grasses : le nombre de scandales liés à la société italienne est légion et n’a toujours pas révélé tous ses secrets !
Tu n’as qu’à aller « googler », scandale Sonatrach, pour te rendre compte que ce n’est pas seulement un épisode, mais tout un feuilleton ! « Un flic dans la mafia », version algérienne, où tout le monde est mafia ! 2,1 milliards d’euros qu’a coûté la vieille raffinerie des années 40, Augusta, au pays, où des cadres de Sonatrach et de l’ENI sont impliqués jusqu’au cou dans une acquisition surpayée au profit de bénéficiaires algériens et italiens haut placés !
Et pour ceux qui dénoncent, à juste raison, les crimes de guerre d’Israël et le droit à l’existence d’un État palestinien, il faudrait peut-être rappeler la dernière position réfractaire de l’Italie de Meloni à cette solution !
Un conseil à celui qui nous gouvernent : nous ne sommes plus en 1077, vous n’êtes pas le Pape, et l’empereur Henri IV est mort depuis presque 1000 ans ! Personne ne viendra pleurer sous la pénitence de Canossa… d’Alger. On ne construit pas les relations internationales contre les uns, mais avec son monde. On ne nargue pas l’extrême droite française par des amitiés avec l’extrême droite italienne. C’est ridiculement absurde ou absurdement ridicule ! C’est selon ! N’entourez pas le pays d’ennemis pour que vous puissiez rester éternellement les rois du pénitencier.
Vous n’êtes pas sur un échiquier et tout le monde connaît vos coups du fou ! Ça ne dupe plus personne ! Juste que ça nous fatigue d’être toujours les pions à sacrifier d’un autre roi fou !
K. H.