Les préparatifs s’intensifient entre Alger et Paris en vue de la première visite officielle d’Abdelmadjid Tebboune en France annoncée pour le 2 mai.
Oubliées les déclarations comminatoires contre la France coloniale et les services de la DGSE ? Tout porte à le croire. Les limiers des deux pays arrondissent les angles et peaufinent cette visite dans une capitale française. Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Amar Belani, s’est entretenu dimanche à Alger avec son homologue française, Anne-Marie Descôtes, venue avec une délégation pour travailler sur les détails de cette visite.
Tebboune sera accueilli à l’aéroport par Macron. Ils feront un passage aux Invalides, comme le veut la tradition d’accueil des chefs d’Etat. Cette visite comprendra plusieurs volets, croit savoir le quotidien français L’Opinion. Outre les rencontres entre les deux chefs d’Etat, une visite du château d’Amboise où a séjourné l’émir Abdelkader entre 1848 et 1852 avec une grande partie de ses proches est prévue. Tebboune devrait prononcer un discours devant l’Assemblée nationale française également. Des rencontres avec les hommes d’affaires français du Medef sont également au programme de cette visite d’Etat, ajoute le journal français. Le volet économique est sans doute l’un des plus importants de cette visite, et Tebboune qui navigue à vue en matière de relance économique en a grandement besoin.
Biens mal acquis
Un dossier sur la situation des biens immobiliers d’Algérie en France a été remis en mars 2021 au chef de l’Etat, avait indiqué l’ambassadeur d’Algérie de l’époque en France, Mohamed-Antar Daoud, précisant que 46 propriétés entre châteaux, bâtisses et autres grands domaines ont été récupérés. Est-ce que ce volet de biens détournés par d’anciens hiérarques sera évoqué lors de cette visite ?
Le dossier des 46 propriétés algériennes en France remis à Tebboune
Biens mémoriels
Dans une déclaration, Tebboune avait soutenu que l’Algérie s’engageait à poursuivre « la responsabilisation de l’ancien colonisateur pour la restitution de nos biens mémoriels et les ossements de nos chouhada ». Que fera-t-il lors de cette visite ? Tiendra-t-il parole ou laissera-t-il, comme la suggéré Macron, aux historiens la question de l’histoire ?
Les affaires avant tout
En France, Emmanuel Macron est en butte à une grave crise politique suite à la réforme des retraites. A l’international, il semble inaudible et de peu d’influence, notamment en Afrique où la France a perdu pied dans de nombreux pays. « Macron accélère pour ne pas tomber, il est discrédité en France et ses dernières sorties à l’étranger ne sont pas convaincantes, je pense à ses déclarations sur Taïwan notamment », souffle un député de la gauche. Alors l’accueil d’un chef d’Etat tout aussi autoritaire que l’est Tebboune ne semble pas gêner les affaires de Macron.
L’Algérie du Hirak que jalousait le monde est oubliée ! La joie du peuple algérien en marche pour sa conquête des liberté a tourné au cauchemar pour des milliers d’Algériens, traqués, arrêtés et condamnés à de longues peines de prisons.
Tebboune est passé par là pour tout démantelé. Le changement espéré n’est pas advenu. Mal élu et sans assise populaire, le chef de l’Etat a mis tout un pays sous cloche avec des centaines de détenus d’opinion, une presse réduite au silence à coups de menace et de lois liberticides et une classe politique qui peinent à trouver des espaces d’expression. Son arrivée au pouvoir est le fait d’un seul homme : le défunt Ahmed Gaïd Salah. Ce qui n’est un secret pour personne.
Tous ces éléments ne sont pas ignorés par les autorités françaises qui voient en l’Algérie un cheval de Troie pour l’aider à remettre pied au Sahel notamment. Les affaires passent avant toute autre considération.
Yacine K.