Tebboune a procédé à un remaniement ministériel. En vrai, l’immuable montagne a encore une fois accouché d’une énième souris. Probablement la cent millième. Car rien n’a changé.
Il y a lieu de ne pas se faire d’illusion sur la gouvernance Tebboune. Elle ne fait que reconduire l’échec et l’immobilisme le plus dangereux pour le pays. Rien, absolument aucune décision majeure et structurante de notre économie n’a été prise durant ses 32 mois de règne.
Bien au contraire, le manque de confiance dû à une gouvernance brutale, à l’arbitraire et au manque de légitimité du locataire d’El Mouradia ont conduit à une inédite paralysie de l’économie.
Le constat est tristement accablant. Des dizaines de milliers d’entreprises ont mis la clef sous le paillasson et des dizaines d’autres se sont allégés de centaines de milliers d’emplois. Des milliers de jeunes, désespérés, s’enfuient vers l’Europe ou sombrent en mer.
Ce même désespoir s’est propagé à travers toutes les couches de la société et généralisé à toutes les tranches d’âges. Faut-il faire l’impasse sur les 300 détenus d’opinion, aux milliers d’Algériennes et d’Algériens qui vivent sous la menace judiciaire permanente ? Doit-on fermer les yeux sur la scène politique devenue une médiocre caricature où seuls les vassaux et les laudateurs ont droit à la parole publique ? Non, assurément non.
Le choix de premiers ministres incapables d’impulser la moindre redémarrage de la machine économique a fait le reste.
L’Algérie a dû subir l’immobilisme suicidaire d’un Djerrad nommé par Tebboune. Actuellement, le pays subit un autre premier ministre dont l’incompétence n’est plus à démontrer. Deux mauvais choix dont Tebboune porte toute la responsabilité.
Sur le plan régional rien ne va non plus. Le Sahel gronde et vit sous la menace permanente de groupes terroristes. Le Mali n’est pas loin d’une déstabilisation intégrale. les roulements de tambours venant d’une Libye qui chancelle ne sont pas pour nous rassurer. Ce pays avec lequel nous partageons 1000 km de frontières est plongé dans une guerre civile qui ne dit pas son nom.
Les relations avec le Maroc sont au plus mal. Aux frontières fermées s’ajoutent le rappel des ambassadeurs, l’interdiction de l’espace aérien et une guerre de mots qui pourrit l’atmosphère. La crispation diplomatique et sécuritaire est à son acmé.
Voilà aujourd’hui que ce même chef de l’Etat vient d’opérer un changement pourtant annoncé et attendu depuis des lustres qui laisse les optimistes invétérés sans voix.
Le secteur du Commerce sinistré par les soins d’un ministre incompétent n’a subi aucun changement. Comme ceux d’ailleurs de l’industrie et des finances pilotés par des esprits fantomatiques et invisibles. Ce ministre vient de s’illustrer avec une plainte contre un journaliste du quotidien arabophone El Chourouq suite à une enquête au sujet des dattes renvoyées de l’étranger pour contenance de pesticide. Un scande qui s’ajoute à un scandale sanitaire.
Tandis que plus de 30.000 des meilleurs bacheliers et étudiants sont hapés par les universités européennes qui pratiquent l’écremage, le département de l’enseignement supérieur reconduit l’échec et plonge sa tête dans le sable pour ne rien voir. Dans le cas où la présidence ne le saurait pas, pas moins de 8000 étudiants sont inscrits dans les universités françaises. Autant donc de compétences pour lesquelles l’Algérie a dépensé des milliards et qui feront le bonheur des plus grandes entreprises étrangères dans quelques années.
Que fait Tebboune ? Quelle est sa logique ? Qu’est-ce qui motive réellement ses choix ? Où mène-t-il l’Algérie à l’heure de grands chamboulements planétaires ?
Et l’Algérie dans tout cela ? L’avenir et le devenir des jeunes, des générations futures ?
Il est probable que les pouvoirs décisionnels du chef de l’Etat soient limités. Ce qui est sûr en revanche c’est que l’histoire lui fera porter la responsabilité de la grave situation dans laquelle vit le pays, puisqu’il est le chef de l’Etat en exercice.
Sofiane Ayache