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Tebboune invité au Sommet arabe à Bagdad : entre diplomatie et polémique numérique

Tebboune

Le chef de l’Etat, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu dimanche M. Mohammed Ali Tamim, Vice-Premier Ministre irakien, également ministre du Plan et Envoyé spécial du Président de la République d’Irak. Ce dernier a officiellement remis au chef de l’État algérien une invitation à participer au prochain sommet de la Ligue des États arabes, prévu à Bagdad.

La rencontre marque une étape supplémentaire dans le raffermissement des relations bilatérales entre Alger et Bagdad, tout en plaçant l’Algérie face à une décision hautement symbolique sur le plan diplomatique : le Président Tebboune fera-t-il le déplacement à Bagdad ?

L’interrogation s’est intensifiée ces derniers jours sur les réseaux sociaux, à la suite de la diffusion d’un hashtag devenu viral dans les cercles algériens. Plusieurs internautes, exprimant leurs craintes, y mettaient en garde contre un déplacement du Président Tebboune à Bagdad, évoquant des préoccupations sécuritaires et la situation intérieure irakienne. Ces inquiétudes, exprimées de manière spontanée (?), par certains citoyens, ont rapidement été reprises, détournées et amplifiées par les médias publics et privés algériens.

Sous couvert d’un récit patriotique, ces médias ont orchestré un montage médiatique qui présente ce mouvement numérique comme une démonstration d’unité entre le président et son peuple, une marque de confiance si forte que les citoyens s’inquiéteraient avant tout pour la sécurité de leur dirigeant.

Réactions contrastées et silence officiel de Bagdad

Cette instrumentalisation a fait réagir de jeunes Irakiens, qui ont tourné en dérision ce qu’ils ont perçu comme une mise en scène politique. Plusieurs vidéos satiriques et commentaires sarcastiques ont circulé en ligne, remettant en question cette prétendue communion entre les Algériens et leur président, tout en dénonçant l’image implicite que les autorités algériennes donnaient de l’Irak — celle d’un pays instable et dangereux, où la sécurité du chef d’État algérien serait compromise.

En invitant officiellement Abdelmadjid Tebboune au sommet de Bagdad, le président irakien semble faire abstraction du malaise suscité, au sein d’une partie de la population irakienne, par certaines représentations algériennes de la situation sécuritaire en Irak.

Cette invitation, que l’on peut interpréter comme un geste visant à maintenir une dynamique diplomatique constructive, place néanmoins le chef de l’Etat algérien face à un dilemme : répondre favorablement à l’appel de Bagdad, au risque d’éroder le capital de sympathie et l’élan symbolique récemment exprimés sur les réseaux sociaux autour de sa personne, ou privilégier une posture prudente dictée par le contexte sensible.

Samia Naït Iqbal

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