Samedi 21 décembre 2019
Tebboune n’a pas prononcé un mot sur la problématique énergétique (II)
Pourquoi Amine Mazouzi a été limogé de Sonatrach ?
Lors de la présentation du projet de loi sur les hydrocarbures, le PDG de Sonatrach reconnaît devant membres de la commission des affaires économiques, de développement, de l’industrie, du commerce et de la planification de l’APN «qu’entre 2000 et 2016, Sonatrach a investi 16 milliards de dollars en effort propre mais les résultats ne reflètent pas l’important volume des investissements engagés par le groupe».
Pour le PDG de Sonatrach, la cause principale serait le climat des affaires dans le domaine des hydrocarbures qui n’incite pas les partenaires étrangers à venir en Algérie et à partager les risques et les charges d’investissement avec Sonatrach. Implicitement, il reconnaît aussi que la branche exploration n’a pas été dynamique sur le choix des sites explorés.
Dans la note signée Sonatrach adressée à l’APS (01) on y lit que les découvertes enregistrées depuis 1990 traduisent de manière plus concrète « l’apport du partenariat sous l’effet d’une loi aux effets incitatifs, avérés et une forme contractuelle privilégiant le rôle de Sonatrach ».
Indirectement, il limite le rôle de la NOC à regarder faire ses partenaires. Les réserves récupérables sont passées de 3,41 milliards de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 1989 à un niveau de 5,12 TEP à l’arrivée de Bouteflika. De 1986 à fin 2015, les montants engagés par le partenariat s’élèvent à 9,961 milliards de dollars dont la moitié leur est retourné suite à des contentieux. Pourtant plusieurs découvertes sont annoncées en effort propre Pourquoi ? 1- l’effet d’annonce pour la consommation
Effet d’annonce de Yousfi
Le samedi 26 octobre 2013, Youcef Yousfi, alors ministre de l’Energie et des mines a surpris plus d’un en annonçant aux journaux français que l’Algérie vient de faire une découverte qu’il a qualifié «de l’une des plus importante de ces vingt dernières années » (02) Il s’agit, précise le ministre, du gisement Hassi Toumiet situé à 112 km de Hassi Messaoud. Les réserves prouvées, récupérables sont estimées selon cette annonce à 1,3 milliard de barils.
Il suffisait de recourir à des techniques non conventionnelles pour le mettre en production. Si l’on se referait à la classification mondiale, il serait parmi les gisements géants du monde. Le PDG de Sonatrach qui était intérimaire à l’époque avait déclaré qu’on pouvait extraire 50% des réserves. L’utilisation de la fracturation hydraulique augmenterait le coût global à 10% et que son développement et sa mise en production était prévue au plus tard en 2017. Toutes les études ont été faites reste simplement qu’à cette date « Sonatrach doit effectuer des travaux pour établir la façon exacte dont sera exploité le gisement. »
On apprendra plus tard dans le cercle du PED de Sonatrach qu’il s’agit d’un simple effet d’annonce, les puits de Hassi Toumiet ont montré qu’il s’agissait finalement d’une petite découverte insignifiante, en fait un des satellites du bassin d’Amguid Messaoud , Or le potentiel très important et prometteur du pourtour et ladite périphérie de Hassi Messaoud puisque Amguid Messaoud ce n’est qu’une périphérie de Hassi Messaoud dont on a évalué le potentiel une décennie auparavant.
Il s’agissait d’un réservoir quartzitique qui se raccorde au gisement d’El Gassi. Beicip avait fait l’étude en collaboration de l’équipe PED de Sonatrach pour estimer ses réserves.
Toujours dans la stratégie d’effet d’annonce, le 24 avril 2018, feutré dans le salon d’un aéroport, Mekmouche, vice-président amont de Sonatrach, accompagné de son PDG Ould Kaddour, déclarait à la presse (03) que le mastodonte vient de faire une découverte au nord du Niger là où le géant Texaco avait échoué. Il s’agissait d’un champ pétrolier dans les premiers tests ont donné un débit de 7 m3/h.
Malheureusement, ils ne sont pas revenus plus tard pour informer l’opinion publique que ce puits s’est essoufflé juste après pour rendre l’âme avec perte et fracas. En général, l’état des réserves change d’année en année, en fonction de beaucoup de paramètres dont la production, la révision des modèles, les nouvelles mesures, et toutes les actions prises dans le développement et l’exploitation.
Il se trouve justement que les dernières informations officielles sur les réserves qui ont été rendues public, établies par l’équipe sous la direction de l’ex PDG Amine Mazouzi et communiquées par le ministre de l’énergie lors du conseil des ministres sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika le 15 octobre 2015. Ainsi l’Algérie dispose des réserves durant cette année de 10,17 milliards de barils de pétrole (20ans) et 2745 milliards de m3 de gaz (29,0 ans).
Les réserves ont été certifiées par le cabinet américain DMN à deux reprises, en 2008 et en 2010, et mises à jour et communiquées annuellement par Sonatrach au ministère de l’Energie. La statiscal review of BP donne pour cette même période beaucoup plus surtout pour le gaz soit 12 ,2 milliards de barils (21,1 ans) et 4500 (59 ans) milliards de m3. Rappelons que dans la pratique internationale, à part les Etats Unis qui livrent uniquement les réserves prouvées, tous les autres pays donnent 100% des réserves prouvées auxquelles s’ajoutent 50% des réserves probables et 25% des réserves possibles.
Or, le potentiel du réservoir quartzites est estimé par le réservoir engineering (PED) entre 5 et 6 milliards à lui seul. Si l’on estime que sur les 10 milliards récupérables du champ de Hassi Messaoud, il reste à récupérer environ 4,5 milliards de barils soit 44% des réserves officielles cela voudra dire que les réserves des quartzites ne sont pas incluses dans ce chiffre auquel cas Hassi Messaoud et sa périphérie représenterait 100% des réserves de pétrole de l’Algérie. Il s’agit là d’un scénario impossible eu égard aux autres gisements dont il est inutile de détailler de par leur nombre.
En évoquant à juste titre l’équipe Mazouzi qui s’est sous sa conduite fortement investie dans ce genre d’évaluation et de valorisation, la tendance de croissance réalisée et fixée dans le plan moyen terme prouve que le potentiel des réserves d’hydrocarbures a remis en question toutes les explication sur une prétendue fatalité du déclin subi.
De nombreux analystes qui se sont intéressés à la stabilité des PDG qui a vu défilé 6 en six ans se posent la question sur son limogeage qui est resté à ce jour un mystère. Pourquoi justement un mystère ? A suivre
Rabah Reghis
Renvois
(01)https://fr.calameo.com/read/0007815961ba76b9d85d4
(03)https://www.youtube.com/watch?feature=share&v=NNYCyqzI6qY&app=desktop