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Tebboune n’ira pas au sommet arabe sur la Palestine : un boycott révélateur des fractures intra-arabes

Tebboune

Abdelmadjid Tebboune a décidé de ne pas assister personnellement au sommet arabe extraordinaire sur la Palestine, organisé en Égypte, ce mardi 4 mars. Il a chargé le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, de représenter l’Algérie aux travaux de cette réunion.

Cette décision intervient dans un contexte de contestation du processus préparatoire du sommet, que l’Algérie estime biaisé et exclusif.

Un sommet préparé dans l’opacité ?

D’après l’Agence de presse algérienne, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, s’est indigné de la manière dont ce sommet a été organisé, dénonçant une approche sélective qui a exclu plusieurs pays, dont l’Algérie. « Comme si le soutien à la cause palestinienne était devenu l’apanage exclusif de certains », rapporte l’agence, mettant en cause un manque de coordination avec l’ensemble des pays arabes concernés.

L’Algérie, qui a toujours revendiqué un rôle central dans la défense des droits palestiniens, s’est particulièrement investie dans cette cause lors de son mandat actuel au Conseil de sécurité de l’ONU. Ce rôle actif aurait pu justifier une implication plus directe d’Alger dans la préparation de ce sommet. Mais, les organisateurs ont fait le choix de limiter la concertation à un groupe restreint d’États, ce qui interroge sur les motivations réelles derrière cette mise à l’écart.

Une exclusion dictée par les dynamiques géopolitiques actuelles ?

Ce choix s’inscrit dans un contexte où la question palestinienne est de plus en plus monopolisée par un cercle restreint de pays arabes, sous l’influence des dynamiques géopolitiques actuelles au Moyen-Orient, largement façonnées par l’administration américaine et l’influence de la politique de Donald Trump.

Plus que jamais engagé dans le processus de normalisation des pays de la région du Moyen-Orient avec Israël, l’administration Trump n’entend pas remettre en cause ces accords et a continué d’appuyer les efforts de certains pays arabes pour maintenir un dialogue pragmatique avec Israël. 

Dans ce contexte, l’Algérie, qui prône une ligne intransigeante sur la question palestinienne, peut être perçue comme un élément perturbateur dans certaines stratégies diplomatiques régionales.

Selon la présidence algérienne, la préparation du sommet a été accaparée par un groupe restreint de pays, alignés sur une vision dictée par des intérêts externes, reléguant ainsi la concertation arabe à l’arrière-plan. 

Cette approche, héritée de la stratégie de l’administration Trump, vise à restructurer l’ordre régional en fonction des priorités américaines et israéliennes, au détriment des principes fondateurs du soutien à la cause palestinienne.

Le communiqué officiel exprime l’indignation du président Tebboune face à cette marginalisation de certaines nations arabes, affirmant que le soutien à la Palestine ne saurait être le privilège de quelques-uns, mais une responsabilité collective du monde arabe.

L’Algérie rappelle qu’elle a toujours prôné une unité des rangs arabes et un engagement sincère pour la cause palestinienne, loin des calculs politiques imposés par des acteurs extérieurs. La déclaration souligne que le projet national palestinien fait face à des menaces existentielles accrues, nourries par les accords et normalisations orchestrés sous l’égide de Washington, qui visent à redessiner le Moyen-Orient en fonction d’intérêts géostratégiques qui arrangent l’État d’Israël.

Rabah Aït Abache

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