Les crises internes et diplomatiques s’enchaînent, tensions sur certains produits, fausses annonces économiques,… mais tout va bien. La « nouvelle Algérie » baigne dans la prospérité et la paix. Pathétique.
L’Algérie, en 2025, c’est l’opium, le bâton et la diversion permanente. Les crises diplomatiques avec la France, mais aussi avec le Maroc, le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont alimentées régulièrement par des discours nationalistes qui servent souvent de diversion face aux difficultés internes. Détourner l’attention et tenir sous tension la population sont les deux leviers du dirigisme à la Tebboune. Si l’on ajoute l’improvisation et le bricolage, vous avez la quadrature qui fait office de tableau de bord.
Plutôt que d’engager de véritables réformes structurelles, le pouvoir en place préfère agiter le spectre de l’ingérence étrangère, nourrir un délire obsidional et accessoirement instrumentaliser la mémoire coloniale pour ressouder une légitimité inexistante si elle n’est pas achetée à coup des milliards de la rente. Cette stratégie,- si tant est, elle en est une, – peut flatter une partie de l’opinion. Mais au final, elle ne fait que masquer l’absence de solutions aux véritables problèmes du pays et aggraver les problèmes.
Il y a un une évidence : l’Algérie demeure un pays où le pouvoir politique est confisqué par une élite dirigeante, héritière du système hybride mis en place après l’indépendance. La très controversée « réélection » d’Abdelmadjid Tebboune à la présidence, avec deux taux « officiels », illustre l’apparence d’un processus électoral compromis et une cruelle réalité. Celle d’un scrutin verrouillé, d’une absence totale d’alternance.
Répression
La situation des libertés publiques est alarmante. Les arrestations arbitraires, les procès à caractère politique et la censure des médias indépendants font office de gouvernance. Les condamnations récentes de l’écrivain Boualem Sansal et du poète Mohamed Tadjadit à cinq ans de prison sont symptomatique d’une volonté de faire taire toute voix dissidente. Ces derniers jours, c’est aussi l’écrivain Kamel Daoud, installé en France, qui est sous le coup de deux mandats internationaux. Il y a près de 250 détenus d’opinion. La plupart d’entre eux sont en détention provisoire. L’exemple de l’universitaire Mira Mokhnache, placée en détention provisoire, nous rappelle la brutalité qui ronge toutes les couches sociales.
Le mouvement de dissidence populaire a été étouffé puis détourné. L’Algérie donne l’image d’une démocratie de façade, où les rituels électoraux servent avant tout à perpétuer un système autoritaire. Et le régime n’a retenu aucun des mots d’ordre de la dissidence populaire.
Le régime continue de refuser tout dialogue réel avec la société civile et les forces d’opposition. Les tentatives de réforme se limitent à des annonces cosmétiques, sans impact concret sur la gouvernance ou la transparence. Les institutions restent sous le contrôle étroit de l’appareil sécuritaire et militaire, et le Parlement ne joue qu’un rôle de chambre d’enregistrement.
Une jeunesse sacrifiée
Devant une oligarchie qui a pris en otage le pays, les jeunes sont sans espoir. Ils paient lourdement le prix fort de cette impasse politique. Confrontée au chômage, à la précarité et à l’absence de perspectives, la jeunesse algérienne n’a souvent d’autre horizon que l’exil. L’émigration clandestine, phénomène désormais massif, est le signe le plus tangible de la crise de confiance entre la population et ses dirigeants.
Quel avenir ?
Tant que le pouvoir refusera de s’ouvrir à une véritable alternance, de garantir les libertés fondamentales et de répondre aux aspirations de sa jeunesse, le pays restera prisonnier de ses blocages. La stabilité affichée n’est qu’apparente ; sous la surface, la frustration et la colère continuent de couver. Si l’on ajoute les crises ouvertes par Tebboune-Chanegriha avec le voisinage immédiat, il y a lieu de s’inquiéter sérieusement sur l’avenir.
Yacine K.