Site icon Le Matin d'Algérie

Tebboune veut combattre l’arbitraire à… l’étranger !?

Tebboune
Tebboune au Portugal
Tebboune au Portugal

Lors de sa rencontre avec la communauté algérienne établie au Portugal, Abdelmadjid Tebboune s’est fendu de déclarations pour le moins surprenantes, au vu de l’arbitraire qui règne au pays.

Ainsi donc, notre cher Président s’inquiète du sort des ressortissants algériens établis à l’étranger, affirmant l’attachement de l’État à protéger ses citoyens expatriés contre d’éventuels arbitraires qu’ils pourraient subir dans leur pays d’accueil, arguant que les ambassades et consulats d’Algérie à travers le monde ont été instruits pour prendre en charge la défense des ressortissants algériens qui se retrouveraient dans de telles situations.

Que penser de ces déclarations à l’emporte-pièce quand on sait le nombre de citoyens qui croupissent dans les geôles algériennes et de cette fameuse ISTN dégainée à tout va contre toute voix qui ose dénoncer la chappe de plomb sous laquelle on embastille le citoyen ?

Non, Monsieur Tebboune, l’exilé algérien ne redoute pas l’arbitraire dans son pays hôte. L’écrasante majorité de nos concitoyens adopte et se soumet à des lois justes appliquées par une justice libre.

« Nous essayons d’alléger pour vous le poids de l’exil, de vous aider à revenir, du moins à faciliter vos investissements au pays » a encore martelé notre cher président !

Alléger le poids de l’exil, Monsieur Tebboune, c’est faire en sorte d’éradiquer cette peur au ventre qui prend tout expatrié engagé pour la liberté, chaque fois qu’il se met à rêver d’éventuels virées dans sa terre natale ! C’est faire cesser l’arbitraire et la crise qui poussent les Algériens en exil.

Oui, nous aurions bien aimé investir au pays, ne serait-ce qu’en participant à des projets divers ; dans les sciences, la formation, l’apprentissage, les nouvelles technologies, etc.

Oui, nous aurions aimé faire de nos voyages en Algérie des instants de communion et de partage avec nos compatriotes qui se battent au quotidien pour une vie meilleure.

Oui, nous aurions aimé terminer nos vieux jours à l’ombre bleue de nos figuiers, nos « petites » retraites partagées avec nos proches qui ont souvent du mal à joindre les deux bouts.

À ces égards, nous aurions souhaité se dessiner des signes d’apaisement pour nous sentir libres de circuler de part et d’autre de la Méditerranée sans cette épée de Damoclès d’une ISTN suspendue au-dessus de la tête de tout citoyen qui clame une opinion à contre-courant de ce qui se trame au sommet !

Notre cher président semble ignorer que depuis quelques mois, on assiste à une recrudescence des arrestations dans les ports et aéroports d’Algérie de citoyens pacifistes, empêchés souvent de rentrer chez eux, en France ou dans d’autres pays de résidence, pour le seul tort de revendiquer une liberté de ton et d’opinion.

Pour preuves (les dernières en date, au moment où je rédige cette chronique) de l’arbitraire qui s’abat sur le citoyen actif :

– Belaïd Mamouni, un militant de la cause culturelle, résident avec sa famille en Angleterre depuis 30 ans, connu pour être l’ami des artistes, a été arrêté la semaine du 25 avril 2023 et se trouve depuis à Alger, sous le coup d’une Interdiction de sortie du territoire (ISTN).

– Muhend Taferka, l’un des animateurs parisiens les plus engagés dans le développement de la culture kabyle, a été refoulé aux frontières à son retour vers la France, le 27 avril 2023.

Leur délit ? Défendre et promouvoir la culture amazighe, en général, et kabyle, en particulier.

Quand annoncera-t-on enfin la fin de leur cauchemar ?

Mais il y a tellement d’Algériens que la machine judiciaire a broyé et continue de broyer qu’il sera fastidieux de tous les citer ici. Sait-il seulement que Karim Tabbou a été arrêté ce jour même ? Que plusieurs citoyens passaient devant les juges pour passer la nuit dans des cellules ?

Quant à « rester Algériens malgré l’éloignement », nous n’avons pas attendu de quelconques envolées « discursives » pour demeurer fortement attachés à cette terre qui nous a vu naître !

Pour faire court, vouloir lutter contre un arbitraire fictif dans nos pays d’accueil, c’est bien ! Éradiquer l’injustice réelle qui règne au pays serait tellement mieux !

Kacem Madani

 

Quitter la version mobile