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Tebboune vire Mohamed Charfi… pour raison de santé  

Mohamed Charfi

Abdelmadjid Tebboune a mis fin aux fonctions de Mohamed Charfi, chef de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie)… pour raison de santé (sic). Entendre pour services non rendus.

C’était dans l’air depuis l’esclandre de l’annonce des résultats de la dernière mascarade présidentielle. Le départ, un an avant la fin de son mandat (qui a débuté le 15 septembre 2019) de celui qui est revenu aux affaires pour superviser les élections a été annoncé via un décret présidentiel publié dans le dernier numéro du Journal officiel. Autrement dit, le strict minimum pour quelqu’un qui a avaliser toutes les fraudes électorales de ces dernières années.

Selon l’article 1 du texte du décret, la décision de mettre fin aux fonctions de l’ex-ministre de la justice de la tête de l’autorité électorale a été prise à sa demande pour des raisons de santé.

Elections truquées et intrigues de palais 

On savait le sort de Mohamed Charfi scellé depuis l’annonce des resultats préliminaires et controversés de la présidentielle mais de là à le voir partir « pour raison de santé », il y a comme un euphémisme qui cache mal un gros mensonge d’État. Un maquillage verbale qui est une manière de mettre la poussière sous le tapis de la gestion des institutions par l’actuel locataire du palais d’El Mouradia qui s’est assuré un deuxième mandat au prix de  tumultueux marchandages politico-électoralistes. Des manigances et intrigues au centre desquelles se trouvait justement Mohamed Charfi et l’instance de surveillance des élections qu’il dirigeait.

L’Autorité électorale nationale indépendante et son président avaient fait face à une tempête sans précédent, au point même où celui qui était à l’origine de la création de cette institution, le président-candidat Abdelmadjid Tebboune, a fortement critiqué son mode de fonctionnement. La direction de campagne du président candidat n’hésitera pas à s’allier à ses deux concurrents alibis pour dénoncer les chiffres rendus publics par l’Anie. L’invraisemblable a eu lieu !

Mais les observatrurs avertis auront saisi les non-dits du communiqué commun cosigné par les directions de campagne, respectivement, de Youcef Aouchiche  du FFS, de A. Hassani Cherif du MSP et du candidat du pouvoir, Abdelmadjid Tebboune.

Au-delà de l’exigence de la réparation du préjudice causé par la publication de chiffres imprécis et cafouilleux, le texte laissait transparaître entre les lignes une sorte de deal, une entente tacite qui incline au coup tordu contre l’Anie et son président.

Mohamed Charfi est, pour ainsi dire, le parfait bouc-émissaire qui a permis aux trois candidats de retourner à leur avantage le cuisant désaveu électoral qui leur a été infligé par le peuple, le 7 septembre 2024.

Au lieu de rechercher les raisons réelles et profondes de leur échec, Tebboune et les deux candidats qui lui ont servi de courte échelle pour (re) monter sur les hauteurs d’El Mouradia, ont préfère se défausser sur une instance connue comme étant l’antre de la falsification et de la fraude électorale.

Mohamed Charfi, une servilité bien mal récompensée 

Le comportement de Mohamed Charfi n’a pas surpris ceux qui le connaissaient de près. Les chapitres de l’histoire de son ascension politique ont commencé il y a 12 ans, lorsqu’il a été chargé de parrainer en tant que ministre de la Justice le mandat d’arrêt international émis par le procureur général de la Cour d’Alger, Belkacem Zeghmati contre l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khalil dans l’affaire connue sous le nom de « Sonatrach 2 ».

M. Charfi a fait l’objet de vives critiques pour ne pas avoir respecté les procédures légales liées à l’établissement des mandats d’arrêt internationaux. Ce qui a permis aux personnes recherchées d’échapper aux mailles de la justice sous Bouteflika. Motif qui a conduit à sa révocation de son poste ministériel après six mois de sa nomination.

Cependant, M. Charfi est revenu sur le devant de la scène lorsque les décideurs l’ont appelé en septembre 2019 à présider l’Autorité nationale indépendante chargée d’organiser et de surveiller les élections. Dotée d’énormes capacités juridiques et financières, l’Anie  était censée crédibiliser les élections en Algérie et empêcher l’administration de s’y ingérer. 

Sa première tâche a été d’organiser les élections présidentielles du 12 décembre 2019 et le référendum populaire sur l’amendement constitutionnel en 2020. Il a ensuite pris en charge la gestion des élections législatives et locales en 2021, et des élections des membres de l’Assemblée nationale en 2022, ainsi que des dernières élections présidentielles.

Une gestion scandaleuse qui s’est illustrée par le cafouillage arithmétique  que l’on sait. Ce qui est a l’origine de la déconvenue et de la descente aux enfers du tout puissant présidé de l’Anie qu’était l’ancien ministre de la justice.

Malgré tout le zèle mis par le vieux Charfi à servir Abdelmadjid Tebboune, en cherchant à magnifier son image électorale, à démontrer par la trituration des chiffres sa grande popularité, en masquant la faible participation électorale, le candidat mal élu n’hésitera pas à le lâcher. A le jeter à la vindicte populaire.

Mais au lieu de chercher à comprendre les réticences des électeurs, les soutiens de Tebboune ont exigé la dissolution de l’Anie et une enquête approfondie sur ses pratiques quils ont jugées « opaques ».

Les candidats perdants, à savoir Hassani Cherif du MSP  et Youssef Aouchiche du FFS iront même jusqu’à a exiger des sanctions pénales contre ceux qu’ils ont accusés d’être impliqués dans la falsification des résultats et des pourcentages enregistrés lors du scrutin.

Ceux qui croient à la théorie du complot ont propage l’idée que le ministre de la Justice et ancien juge était impliqué dans un complot visant à compromettre le processus électoral et à manipuler les résultats des élections pour servir des parties et des agendas suspects.

Samia Naït Iqbal

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