Avant le discours de Hassan Nasrallah ce vendredi après-midi, le Hezbollah a lancé jeudi une série d’attaques contre des positions israéliennes, quelques heures après la découverte des corps de deux bergers fauchés par des balles près de la frontière avec Israël. Ce vendredi matin, des tirs d’artillerie sporadiques se poursuivent aux abords de plusieurs localités du sud-Liban.
Les échanges de tirs entre le Hezbollah et l’armée israélienne se sont transformés, jeudi en fin d’après-midi, en affrontement généralisé du secteur oriental, limitrophe du Golan, jusqu’à Ras Naqoura, sur le littoral méditerranéen. Selon le dernier bilan, au moins six personnes ont été tuées, dont quatre étaient des combattants du Hezbollah. Deux personnes ont été blessés côté israélien.
Le Hezbollah a déployé une nouvelle arme sur le champ de bataille : des drones kamikazes. Le parti chiite a annoncé que deux de ces appareils ont attaqué le QG d’un bataillon israélien dans les fermes de Chebaa, une zone occupée par Israël et revendiquée par le Liban, à l’extrême sud-est du pays. Le parti de Hassan Nasrallah a lancé simultanément des attaques d’artillerie, de roquettes et de missiles guidés vers la moitié des positions militaires frontalières israéliennes, soit une vingtaine de bases fortifiées, de casernes et de postes avancés, rapporte le correspondant de Rfi à Beyrouth.
Une salve de roquettes est aussi partie du sud du Liban vers le nord de la Galilée. Ce tir a été revendiqué par le Hamas qui a annoncé dans un communiqué avoir lancé douze roquettes sur la localité de Kyriat Chmona, dans le nord d’Israël. Ici, deux personnes ont été blessés, selon les services de secours israéliens et ce sont un immeuble et des voitures qui ont été touchés, selon les premières images de la télévision publique israélienne.
« Les gens ne se sentaient plus en sécurité, ils sont partis»
La ville de Kiryat Shmona, frontalière du Liban, a été quasiment évacuée de sa population civile, soit 22 500 habitants, le 20 octobre dernier, sur ordre de l’armée. Et cela saute aux yeux, rapporte l’envoyé spécial de Rfi. Ces jours-ci, il n’y a que très peu de circulation sur les routes et les magasins et restaurants sont pour la plupart fermés.
Dans les villages de la région, l’ambiance est similaire, témoigne Elana, une habitante de Kfar Blum, un village de 950 habitants en temps normal, 300 actuellement. « Nous ne savons pas ce qui va se passer à la frontière libanaise. Ici, on sait qu’il se passe quelque chose, mais on ne le voit pas. On entend seulement un grand boum, peut-être une roquette. Quand il y a un échange de tirs, ça fait vraiment beaucoup de bruits », raconte-t-elle. Et d’ajouter : « Les gens ne se sentaient plus en sécurité, ils sont partis. Certains ont de jeunes enfants… Moi, je reste parce que c’est ma maison et je ne partirai pas maintenant ».
À l’entrée du kibboutz d’Elana, les hommes en armes et en uniforme sont des habitants réservistes qui ont été rappelés par l’armée israélienne pour assurer la défense de leur village. Dans ces localités du nord d’Israël, on croise plus de militaires que de civil.
Riposte israélienne
La riposte israélienne a été tout aussi violente. Des avions ont mené des raids aux abords de cinq localités libanaises et l’artillerie a tiré des dizaines d’obus de gros calibres le long de la frontière. Deux maisons inhabitées ont été touchées dans deux villages. La frappe a visé, selon un communiqué de l’armée israélienne, « des infrastructures et quartiers généraux de combattants ainsi que des infrastructures appartenant à la direction du mouvement terroriste » chiite.
Cette montée des tensions à la frontière nord d’Israël intervient alors que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit prononcer un discours ce vendredi sur l’implication, ou non, du groupe chiite dans le conflit qui a éclaté entre le Hamas et Israël.
Assiste-t-on à l’ouverture d’un deuxième front redouté par Israël ? « Il faut rester prudent », rétorque Thierry Coville, chercheur à l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques), qui rappelle que la dernière guerre qu’a mené le Hezbollah lui a coûté cher.
Rfi