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Terreur à Ath-Ouartilane : dure est la résilience 

REGARD

Terreur à Ath-Ouartilane : dure est la résilience 

Les jours se succèdent et la population sent qu’elle est livrée à elle-même dans le dispositif sécuritaire dont elle subit la présence. A la veille de chaque vendredi, des fourgons de la police s’installent au CFPA (Beni-Ourtilane) pour pouvoir se préparer à la répression des manifestants du Hirak/Tanekra.

Un climat de terreur règne là où le réflexe policier fait loi. Nul n’ose dénoncer cette présence policière à outrance. L’arrestation d’éléments suspects d’appartenance au MAK dévoile les contradictions dans lesquelles se débat le pouvoir. A dire vrai, la société sait pertinemment que l’objectif du pouvoir est l’anéantissement du hirak. 

Les élus APC (majoritairement FLN) ne sont point intéressés par la condition humaine de leur population. Ils n’arrivent pas même à gérer le problème de la distribution de l’eau dans les quatre communes appartenant à la daïra de Beni-Ourtilane, subissant la loi de la bourgeoisie officielle. Une entité qui s’empare des institutions ne peut qu’abuser de la force morale et sociale que lesdites institutions lui offrent. Que faire devant un appareil répressif qui arrive à séduire les élites, de quelque origine qu’elles soient ? Le pouvoir désigne, disait feu Hocine Ait Ahmed, survolant de façon pratique la pensée humaine, ses adeptes, mais surtout ses adversaires. 

Les militants ont-ils été violents quelque part ? Les marches du vendredi n’ont jamais été touchées par une quelconque violence, ni par une quelconque atteinte à l’ordre public. Jamais un policier n’a été agressé et jamais un manifestant n’a osé remettre en cause les dogmes nationaux. C’est plutôt l’air festif qui l’emporte. Plusieurs manifestants ont été convoqués par la justice. Les militants assument leur appartenance au hirak : l’idéologie officielle criminalise la parole publique. 

Si l’activité quotidienne n’a pas cessé, le climat qui règne à Beni-Ourtilane ne pousse pas à l’optimisme. Ni à l’espoir. 

Les partis bien implantés dans la région (qui comptent d’ailleurs des manifestants du hirak dans leurs rangs) ne se sont pas prononcés sur ce climat « maussade » et déprimant, voire angoissant. Le FFS s’occupe à former une liste de candidats, dont certains n’ont pas de liens avec la doctrine du parti, pour se présenter aux élections. Le RCD s’attire des espoirs minimes : même implanté depuis sa création dans les quatre communes de la daïra, il ne réussit pas à séduire une population culturalo-conservatrice. Les partis du pouvoir (FLN-RND) se seraient rabattus sur les listes indépendantes. Quant aux islamistes, ils n’ont jamais osé se présenter aux élections. Le PST n’a que quelques adeptes qui peinent à s’afficher et à se structurer. 

Les débats publics ne se tiennent plus par une population qui peine à faire acte de résilience après les arrestations musclées qui ont été opérées : le choc a accouché d’un traumatisme monstre.

En ma qualité de militant de gauche, j’exprime mon entière solidarité aux détenus de quelque obédience qu’ils soient. J’exhorte mes concitoyens à la vigilance et au calme. Et je réitère mon principe de pacifisme (que nous a inculqué feu Hocine Ait Ahmed) : non à la violence. Boycotter en restant chez soi est la seule solution qui peut exprimer une opinion politique indexée à la  civilisation humaine.  

Auteur
Abane Madi (salarié)

 




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