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Tiferdoud, un village dans les nuages, un exemple, un espoir 

REGARD

Tiferdoud, un village dans les nuages, un exemple, un espoir 

Tiferdoud, ce petit village, qui, ces dernières années avait quelque peu défrayé la chronique même au-delà de nos frontières par ses réalisations, œuvre de solidarité de ses seuls citoyens ; qu’elles seraient écologiques, culturelles, qu’infrastructurelles sanitaires, sportives ou autres lieux de détente à l’image de ces jardins d’enfants, salle des fêtes, de danse, de musique, médiathèque, bibliothèque etc. 

Ce village qui est le plus haut de Kabylie (1197 mètres d’altitude) est situé dans cette célèbre  montagne du Djurdjura (Mons Ferratus) Igawawen, et de cette néanmoins renommée commune d’Ath Bouyoucef, berceau de toutes les résistances et lieu de naissance de Lalla Fadhma dite N’soumer, à Aïn El Hammam (ex-Michelet).

Un village près du ciel par son altitude, mais bien loin de ses bienfaits, pour être situé dans  l’une des régions des plus pauvres d’Algérie.

Et pour cause, une terre, rocailleuse, aride, dépourvue de tout, où rien ne semble pousser, sinon quelques vestiges arboricoles.

Mais grâce à cette inébranlable volonté de ses habitants à la maintenir vivace, quelques seraient les aléas naturels ou autres fâcheux événements ayants eu à parcourir le pays, et à surtout de le rendre attractif autant que faire se peut, ne serait ce que pour voir revenir sa très nombreuse diaspora, et présentement ces touristes ébaubis après tous ces couronnements.

Mieux, dans cet esprit citoyen, solidaire qui a de toujours présidé à leurs comportements et à la prise de décision, et pour êtres aussi quelque peu à la hauteur des attentes, les Tiferdoudiens avaient  réalisé des prodiges ; et ce, pour êtres encore imprégnés et héritiers de ces valeurs anciennes sur lesquelles ils veillent jalousement pour les pérenniser, afin d’administrer leur village, comme jadis l’avaient fait leurs aïeux, c’est à dire démocratiquement, solidairement, et toujours en phase avec la modernité.

Faut-il rappeler que cette république citoyenne, égalitaire et laïque ; ‘’dite primitive’’, du village kabyle est contemporaine de celle de la Grèce antique.

Aucun citoyen n’est au-dessus des lois ou de l’autre, quels que soient son statut ou fortune.

Les premiers chercheurs français venus en haute Kabylie vers 1863 s’enquérir sur la façon de vivre et de se mouvoir, mais surtout sur l’organisation de cette poignée d’individus qui leurs avaient donné tant du fil à retordre, lors de leurs conquérantes et génocidaires expéditions de 1854 et de 1857.

Il faut peut-être rappeler que ce minuscule coin d’Algérie n’est qu’à une centaine de kilomètres d’Alger ; et il ne fut réellement occupé par les français, et ils étaient les premiers belligérants étrangers de son histoire à le faire, et ce, 43 ans après la capitulation de nos ‘’frères protecteurs’’ Ottomans.

Ces sociologues, anthropologues, philosophes et autres chercheurs et naturalistes avaient été stupéfaits par ce qu’ils allaient découvrir chez ces ‘semi-barbares’ comme qualifiés par certains de leurs briscards d’officiers.

Contrairement aux idées reçues et autres assertions mensongères de leurs officiers chargés de relater le déroulement de ces deux affrontements, et autres reporters, et contre toute attente ils furent plutôt confondus.

Ahuris ces chercheurs découvrirent une gouvernance, qu’ils qualifieront d’ailleurs, je les cite : « de rêve des utopistes » et de conclure : « l’organisation politique et administrative du peuple kabyle est une des plus démocratique et en même temps des plus simples qu’ils puissent imaginer ; jamais peut-être, le système self-government n’a été mis en pratique d’une manière aussi complète », et plus loin :

« L’idéal d’un gouvernement juste et bon marché, dont les philosophes cherchent encore la formule à travers mille utopies », et de poursuivre : « il est la conséquence naturelle de l’esprit d’association et de solidarité ».

Tiferdoud est un village d’environ deux milles habitants dont les deux tiers vivent éparpillés dans les villes algériennes ou à l’étranger. Laborieux ; ils sont ouvriers, professeurs, médecins, avocats, ingénieurs diplômés des grandes écoles, etc. à Alger, Paris, Londres, Montréal ou New York, pour ne citer que ces capitales.

Comme indiqué plus haut, il est toujours gouverné par ‘Tajmaath’ ou comité du village démocratiquement élu par les citoyens résidants au village, dont l’autorité s’étend à toute la  diaspora, mais toujours dans le respect et en conformité avec ce legs des ancêtres et les lois et us qui régissent le pays d’accueil.

Tiferdoud intra-muros, préservé des interactions et influences des autres cultures et traditions, est la survivance de cet idéal républicain fait de laïcité, de la tolérance et du vivre ensemble, et pour cause ; les islamistes ou réputés tels, les athées, ces néo-chrétiens dont le nombre ne cesse d’augmenter, vivent tous en harmonie et dans le respect mutuel.

 Et, jamais et au plus fort du règne de l’intégrisme par ailleurs, et grâce surtout à cet esprit laïc qui a de toujours présidé aux rapports entre les villageois il n’y avait eu d’incident à déplorer aussi minime était-il.

Sinon de pleurer et d’enregistrer malheureusement que la première victime des islamistes intégristes  à Alger, était issue de ce village; en l’occurrence feu Kamel Amzal, cet inénarrable martyr, héros de la démocratie et de la laïcité.

Dans ce monde de tous les extrêmes et des intolérances ; Tiferdoud qui à travers ces activités, concours régionaux avait fait l’unanimité autour de son œuvre et réalisations utiles, voire salvatrices, devra pour cet incitatif exemple, et pour avoir incarné aussi l’illustration de ces honorables performances et de ce précieux vivre ensemble, être aussi encouragé par ces ONG qui prônent ces vertus citoyennes et les autres organisations dites humanitaires.

Auteur
Mohammed Aouli

 




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