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TikTok, le risque pour vos jeunes, la protection pour les miens

TikTok

J’ai été sidéré lorsque j’ai entendu cette information de la bouche d’un chroniqueur à la télévision. Il s’agit d’un rappel d’un constat apparemment très connu suite à l’actualité concernant en France le procès intenté à TikTok, le fameux réseau social chinois.

Un rappel mais pour moi, une découverte car je n’ai plus l’âge de ce réseau social qui me donne le tournis tant les images défilent à une vitesse impossible à suivre. En fait la seule partie de l’être humain qui travaille n’est pas le cerveau mais le doigt, en perpétuel mouvement de haut en bas et cela pendant un nombre d’heures invraisemblable dans la journée.

Cependant, comme je ne suis pas tout à fait « déconnecté » du monde, je sais combien la plateforme chinoise est critiquée, y compris par les États qui y voient des menaces en tous genres. Suspicions de s’approprier les données, d’abrutir le cerveau des jeunes, de construire des schémas de pensées dirigées, de créer des addictions qui permettent un flux considérable (dont on sait que c’est le générateur des profits) et ainsi de suite.

Dans l’actualité de ce moment Tik Tok est accusé devant un tribunal de pousser certains adolescents au suicide par son algorithme. C’est le mécanisme de choix par l’algorithme des contenus proposés qui est en cause. Lorsqu’un jeune poste son mal être, jusqu’au projet de suicide, l’algorithme, au lieu de lui proposer des posts positifs qui puissent le rassurer, l’inonde des posts de tous ceux qui sont dans le même sentiment de désespoir. La boucle devient infernale et emprisonne ceux qui en sont à penser au suicide. 

Tout cela, nous le savions pour la communication publicitaire (justement la source de revenus de toutes les pages sur Internet dont j’ai déjà parlé). Vous commandez une paire de chaussures ou tout simplement vous faites une recherche à ce sujet et des flots de publicités d’offres de chaussures envahissent votre parcours sur Internet pendant des jours et des semaines. Pour TikTok, l’accusation devant un tribunal est plus grave, il s’agit de l’influence sur la pensée morbide des adolescents en situation fragile.

Je le savais et je n’en ferai pas le sujet de ma chronique (il était temps que j’arrive au vrai, n’est-ce pas ?). Alors, qu’est-ce que j’ai découvert et que tout le monde semble déjà connaître ? Tik Tok, la plateforme chinoise qui s’est déversée dans le monde n’existe pas en Chine. Stupéfiant, j’ai sursauté de mon canapé !

En fait, plus exactement, TikTok existe mais par un équivalent pour le réseau interne au pays. Et ce n’est absolument pas la même histoire. Il s’agit de la plateforme Douyin qui nécessite un numéro de téléphone chinois. Les deux ont été développées par une même société, ByteDance. La plateforme Douyin, en plus d’être réservée au public chinois présente des différences majeures avec TikTok.

La plateforme interne au pays est avant tout une application commerciale pour achats numériques. Livres, hôtels, services en tous genres et outil de paiement.

Mais c’est par le second volet de l’offre que j’avais sursauté dans mon canapé en l’apprenant. Pour les mineurs, la réglementation chinoise impose à la plateforme des contenus éducatifs en sciences, histoire, art, musique et ainsi de suite entre 6 h et 22 h. Autrement dit le temps est strictement limité par les horaires mais surtout, limité à 40 minutes par jour. Et tout cela est contrôlé par des systèmes assez rigoureux. 

En conclusion, TokTok débilise les adolescents du monde entier et les soustrait de l’éducatif, du matin jusqu’à tard le soir, si ce n’est la nuit pour beaucoup. Mais pour la jeunesse chinoise, particulièrement les mineurs, tout est fait pour un contrôle de l’addiction et favoriser une immersion dans tout ce qu’il y a de plus beau et utile dans la formation de la jeunesse.

Tous les risques, jusqu’au suicide qui est à l’ordre du jour, sont donc pour notre jeunesse et toute la protection et éducation pour celle des créateurs de TikTok. C’est magnifique, le monde entier est le dindon de la farce de cette histoire qui est en même temps une gigantesque affaire de domination commerciale comme celle des esprits. 

Pour ce qui est du réseau social que je fréquente, aucun risque, il est devenu le mouroir des gens de mon âge. Le seul risque physique est d’attraper une crise de rhumatisme en faisant tourner la roulette de la souris. Quant au risque de morbidité, c’est seulement lorsque j’ai envie d’assassiner l’imbécile qui m’insulte en réponse à mes posts. Mais allez assassiner un courageux anonyme dont vous ne connaissez ni le nom ni le visage.

Si un jour vous notez que mes chroniques ont disparu subitement de ce journal, suspectez-moi d’avoir eu l’imprudence de me pencher au-dessus des épaules d’un(e) jeune adolescent(e) qui regarde TokTok.. 

Prononcez mon éloge funèbre, l’algorithme m’aura tué. 

Boumediene Sid Lakhdar

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