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Tiwizi : ADN culturel et chants païens de Kabylie 

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Tiwizi : ADN culturel et chants païens de Kabylie 

Ils sont venus, ils sont (presque) tous là ! De Kahina à Idir, de Azal à Ali Ideflawen, de Ferhat Mehenni à tant d’autres voix extatiques du pays ! Connus ou méconnus, nos artistes Kabyles se sont retrouvés pour nous concocter un double-album de 28 litanies magiques qui gravitent autour de thématiques diverses du terroir et rendent hommage, en toute beauté, à nos gènes et aux millénaires de patrimoine culturel des « ath Jerjder a3layene ».

Ces signatures d’authenticité qui échappent à l’unicité ambiante et résistent aux aléas du temps et l’oppression de ces conquistadors de tous bords qui s’acharnent, à ce jour, à nous réduire à des moins que rien, par la grâce de messages célestes des « ath-yiwene » (monothéistes), le dernier ayant totalement aliéné les sujets conquis !

Oh cieux de ce pays, pourquoi avez-vous changé de camp ? Pourquoi avez-vous troqué nos majestueux « ath-watas » contre ces « ath-yiwene » de pacotilles qui s’acharnent à éradiquer jusqu’à « avehri t’medith » de chaque « thavhirth » ? questionne Ali Ideflawen.

Kabyles, Kabylie ! Un peuple, une région asservie par tous les envahisseurs qui se sont succédé pour coller aux montagnes et à nos ancêtres l’étiquette d’ennemis à la cause des derniers arrivés sur ses propres terres pour s’y installer et occuper des trônes supérieurs, au-dessus de notre « aguellidh amokrane » d’origine !

 Depuis la nuit des temps, on s’évertue à nous faire abdiquer et nous faire muter pour épouser le moule et les contours des derniers conquérants qui se sont aventurés pour convertir jusqu’à l’indomptable sommet du Djurdjura ! Par la grâce de millénaires d’Histoire orale, malgré les Dieux et les hommes qui se sont, de force, invités chez nous, le gène kabyle ne rompt pas, il ne plie pas, il ne meurt pas ! Il ne mourra sans doute jamais, tant il donne l’impression, invasion après invasion, incursion après incursion culturelle aux apparences de paix imposée par l’épée, de renaitre et fleurir de ses propres cendres !

Pour combattre les envahisseurs, nos ancêtres n’avaient ni armes, ni armée ! A ce jour, nous n’en avons pas et n’aspirons point à en avoir ! La Vie est trop sacrée pour verser dans les moyens de provoquer la mort ! Mais il reste la culture pour nous perpétuer sans porter ni exhiber quelconque artillerie et guerroyer comme le font la plupart des autres peuples de la planète ! Une culture orale de sagesse qui se transmet de père en fils, de mère en fille depuis la nuit des temps !

À cet égard, la compilation Tiwizi représente un condensé de chants païens qui résume toute la structure d’une Vie pacifique remplie de questionnements existentiels tels que perçus par nos premiers ancêtres, « imezwoura » en version originale !

Des airs et des paroles qui transpirent une sérénité et une paix intérieures qui se propagent jusqu’aux tréfonds de votre âme pour diluer l’angoisse liée à cette fin inéluctable qui s’approche, par des « atsaya atsaya el-mouts… adh’khech’megh akham ajedidh » apaisants par la douceur du verbe, des mots et de l’intonation utilisés. Une façon d’évacuer, à la Kabyle, toutes ces questions ontologiques qui se transmettent d’une génération à l’autre depuis que le monde est monde, pendant que des Mohamed Bicarbonate de Soude s’acharnent à nous vendre leurs délires et leur façon de bien vénérer la mort !

Google et Facebook ont abruti le monde ! Tiwizi vous fait réaliser qu’un retour aux sources est peut-être le meilleur moyen de résister à une mondialisation qui se mord la queue ! Une internationalisation économique et culturelle qui s’emballe pour nous abêtir et nous entraîner vers une catastrophe fatale, pour vous, pour moi, pour le milliard de musulmans et le milliard et demi de Chinois non-croyants, aussi.

Tiwizi est un enchaînement de titres, en musique et en paroles transcendantales, qui vous font voyager tout en convoquant votre enfance pour y faire défiler des panoramas remplis d’innocence sur fond de ballades matinales et de cueillette des premiers fruits mûrs, du cerisier au figuier et au mûrier « awid yeran oussan n’ezman enni ! » une rythmique qui oscille entre danse et recueillement entre « akham » et « lakhla » entre « l’hara » et « thivhirth bwadda», etc.

Tiwizi est un abécédaire de notre culture ! c’est un condensé de notre enfance ! c’est une lumière qui jaillit des ténèbres d’un quotidien monotone pour vous rediriger le long d’une route authentique qui s’oublie mais ne disparait pas. Une route que le temps, les ans, les Dieux et les hommes s’acharnent à effacer sans succès.

« Ath yiwen » (les monothéistes) ont aujourd’hui éradiqué le printemps, ce printemps radieux d’hier, celui des « ath wattas » (polythéistes, au sens d’une baraka démultipliée).

TIWIZI est une météo apaisée qui défile en poésie pour perpétuer la Vie en variant sa cadence, mois après mois, suivant la rythmique imposée par les chaleureux « afriwen n’yitij i’chethane… », ceux d’un soleil qui fait valser la liberté «akane ad’yawi avehri t’lelli »…

Résumer le contenu de Tiwizi en une seule chronique est un défi de l’impossible, tant le voyage entrepris se tisse sur une toile dense et des compartiments thématiques diverses qui gravitent toutes autour d’un art de vivre en osmose avec dame nature ! du temps ou le sachet plastique et les souk-el-fellah ne polluaient pas nos champs et nos jardins ! Chaque case qui vous happe et accapare vos pensées méditatives se refuse obstinément à les relâcher pendant le temps imparti, avant d’en abandonner les délices à la suivante.

Chaque titre mériterait une chronique !

Tout est bon dans ce disque, il n’y a absolument rien à jeter ! pas le moindre mot, pas la moindre note de musique et surtout pas la moindre intonation masculine ou féminine ! encore moins les accords modernes qui accompagnent la plupart des morceaux ! Preuve que le Kabyle sait s’adapter pour prendre, en tout confort, le TGV d’un monde universel qui avance dans le bon sens !

Tout au fil de l’écoute, on se surprend à maudire ceux qui ont, de force, pris les rênes de nos destinées : mais Dieu de Dieu, pourquoi nous avoir importé une culture d’un Allah d’Arabie unique et dictatorial qui sclérose les neurones alors que la nôtre, toute païenne qu’elle est, les active en permanence ?

En écoutant et réécoutant les 28 titres du double-album, on comprend mieux, jusqu’à en ressentir une certaine sympathie, la rage des partisans de Ferhat M’henni de vouloir libérer la Kabylie de la stupidité mecquoise érigée en mode de vie supérieur ! Quand bien-même, quelques bémols peuvent être apposés par les uns et les autres, une action baignant dans le pacifisme rigoureux de nos ancêtres est à saluer !

En conclusion, ce double CD est une pépite à faire écouter à chaque Kabyle, à chaque citoyen d’Algérie et à traduire pour chaque arabophone et chaque francophone (il y en a encore et ils sont bien plus nombreux qu’on veut nous faire croire) dont les gènes berbères frétillent encore dans l’ADN !

Non cette culture ne doit pas disparaître !  Et il appartient à chaque citoyen d’en porter le flambeau en la transmettant aux nouvelles générations, sans haine ni ressentiment envers qui que ce soit, mais aussi sans lui faire subir quelconque distorsion, surtout pas celle de ce vent assassin qui souffle sur nous sans relâche depuis l’époque de banou-Hillal. Ces ancêtres barbares des Tliba, des Bouteflika et des Naïma Salhi, eux qui bradent chaque parcelle du pays pour assurer le bien-être de leurs seules postérités !

TIWIZI est un double CD à acheter, à posséder, à léguer, à écouter avec méditation et recueillement par tout algérien qui possède encore un peu de Kabylie dans les gènes !

Chaque chant est une louange, osmotique jusqu’à l’âme, dédiée à dame nature. Les mois et les saisons défilent aux rythmes des hirondelles et des printemps dans une procession de joie sous des cieux protecteurs. Même le doute et les incertitudes sont dilués dans des croyances pacifiques et inoffensives. Elles invoquent « agellidh amokrane » dans toute quête de survie et de protection contre les dangers et la violence venus d’ailleurs. Et là, on se surprend inéluctablement à maudire cette naïveté et cette propension à s’abandonner au destin, celle qui consiste à toujours se dire, quoiqu’il arrive, « aka ig’youradh » ! Cette naïveté viscérale, nos envahisseurs ont toujours su l’exploiter pour nous asservir, nous rallier aux causes de leurs monarques et de leurs Dieux. À elle seule, la moustache travestie d’Ouyahia porte le fardeau de toutes sortes de traitrises Kabyles !

Pour ceux qui portent encore en eux l’authenticité de l’Adn berbère, TIWIZI est un plein de souvenirs qui vous emportent et vous transportent jusqu’à ce « eddouh » (berceau) magique, en équilibre entre le sol et le plafond. D’y penser, on en ressent les bascules harmonieuses, la voix rassurante et mélodieuse de la petite maman racontant le voyage et le pacte de Vie qui attendent ce chérubin adoré, sorti de son ventre pour, désormais, se mêler à l’aventure de l’humanité.

K. M.

(*) TIWIZI, double CD en édition limitée. Pour toute commande contacter tisnalalit@gmail.com

Selon son promoteur, les recettes collectées serviront exclusivement à construire des théâtres au pays. Il insiste sur le fait que les participants à cette aventure sont tous bénévoles !

Pour ne pas porter quelconque préjudice à la concrétisation de ces nobles projets, Hand (tinaslalit) demande aux acheteurs de ne pas diffuser le contenu de TIWIZI sur le web.

Auteur
Kacem Madani

 




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