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Tizi-Ouzou : deux avocats dénoncent le harcèlement policier

ARBITRAIRE

Tizi-Ouzou : deux avocats dénoncent le harcèlement policier

Dans un communiqué, deux avocats Maîtres Soufiane Dekkal et Kader Houali, avocats au barreau de Tizi Ouzou dénoncent le harcèlement policier qu’ils ont subi ce jeudi 8 octobre.

En ce jour du 7 octobre 2020, nous étions victimes d’un harcèlement policier digne des pratiques de la Gestapo, que rien ne justifie, si ce n’est l’excès de zèle des exécutants des ordres des promoteurs de « la nouvelle Algérie ». 

Les faits

Après le mandat d’arrêt émis contre le militant Lounes Hamzi et son placement en garde à vue dans les locaux de la brigade de gendarmerie de la ville de Tizi Ouzou, nous nous sommes présentés, ce matin, au niveau du tribunal de la même ville pour en savoir plus sur les chefs d’inculpation retenus contre notre client et assurer sa défense par conséquent, car il devait être présenté devant le procureur. Un dispositif sécuritaire impressionnant a été placé aux alentours du tribunal.

Après une longue attente, le procureur nous a informé que notre client est transféré au tribunal de Sidi Mhamed, tribunal qui a émis le mandat d’arrêt. À l’extérieur du tribunal, les membres de sa famille et ses quelques amis venus le soutenir, étaient embarqués par des policiers vers le commissariat. Ils seront relâchés l’après-midi. Nous, qui devons défendre notre client, avons décidé de prendre la route d’Alger en direction du tribunal de Sidi Mhamed.

À la sortie de la ville, nous nous sommes rendus compte que nous étions pris en filature par une voiture banalisée, une Polo blanche. À la sortie de la ville de DBK à quelques encablures du barrage fixe de Tadmait, le chauffeur du véhicule qui nous filait, nous faisait des rappels de phares nous demandant de stationner avec insistance.
 Nous obtempérons sans broncher, ayant pris connaissance que c’était des flics en civil. 
Deux personnes descendent du véhicule et nous demandent sèchement de rebrousser chemin sans nous décliner les raisons de cette outrageante directive, malgré notre insistance. «Vous n’allez pas rentrer à Alger, et si vous entêtez d’y aller, vous assumez vos responsabilités», nous a lâché un des flics. Une mise en garde aux allures d’une menace sérieuse.

Pourquoi ne veulent-ils pas que nous suivions notre client jusqu’à Sidi Mhemed ? Pourquoi nous entraver dans l’exercice de notre fonction avec de tels procédés ? Qu’a-t-il nous arriver sur la route d’Alger si nous avions décidé de nous présenter au tribunal de Sidi Mhamed ? 
Beaucoup de questions nous viennent à l’esprit pour lesquelles nous n’avions pas de réponse.

C’est alors que nous avons décidé de rebrousser chemin et ne pas prendre le risque. Et pour ne pas laisser notre client sans défense, nous avons contacté un confrère, maître Abdelmoumene Chadi, pour veiller à ce que notre client soit présenté devant le tribunal dans le respect des procédures. Ce dernier nous informe plus tard que le chef d’inculpation retenu contre Lounes Hamzi est «l’atteinte à l’unité nationale » après un mandat d’arrêt « international ».

Une aberration judiciaire puisque notre client est résident en Algérie et n’a jamais quitté le pays. Après sa présentation devant le procureur, ce dernier a décidé de vider son mandat d’arrêt, l’envoyant en prison. Il sera présenté, demain 8 octobre 2020, devant le juge d’instruction du même tribunal qui tranchera sur son sort. 

À notre retour à la ville de Tizi Ouzou, le harcèlement n’en finit pas. D’autres flics en civil nous suivaient sans nous lâcher des yeux.

Des intimidations gravissimes qui nous renseignent sur la volonté des nouveaux maîtres de céans de museler les avocats après avoir envoyé derrière les barreaux des journalistes et des militants politiques qui avaient exprimé des opinions divergentes.

Des pratiques honteuses d’une époque révolue, que les gardiens du temple veulent revisiter pour asseoir leur hégémonie et légaliser le viol de la souveraineté populaire du 12 décembre 2019, et instaurer un climat de terreur en vue de faire passer le référendum du 1 novembre pour la révision constitutionnelle. 

Nous avons informé le bâtonnier de Tizi Ouzou sur ces intimidations que nous avons subi dans l’exercice de notre fonction. 

Nous tenons le pouvoir pour responsable quant à tout malheur qui puisse nous arriver et nous prenons l’opinion à témoin. 

Maîtres Soufiane Dekkal et Kader Houali
Avocats au barreau de Tizi Ouzou

 




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