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Topographie idéale pour une «régression» caractérisée

Enseignement

Topographie idéale pour une «régression» caractérisée

La ministre de l’Education, Mme Benghebrit, a beau tenter de remonter la pente, l’école algérienne est toujours en déclin ! Pas question de revenir, ici, sur toutes les raisons qui tirent celle-ci vers le bas, car on en parle toujours pour rien ! Oui, pour rien! Je persiste et signe sur ces deux syllabes-là : pour rien. Suivant toutes les locomotives du train qui crachote de la fumée noire, notre école est même atteinte, aujourd’hui, d’hypocondrie ! Cette maladie rare qui l’a rendue suspicieuse, frileuse, fragile et rétive, à tout vent de modernité.

La liste des adjectifs sinistres peut s’allonger davantage, si on regarde du côté des piètres résultats du dernier examen du Bac et de la dégradation constante du niveau de nos étudiants. Qui « culpabiliser » dans cette histoire? Le ministère de la tutelle? Le corps enseignant? Les syndicats? L’Etat ? La société civile? Sans tarder dans la réflexion, on peut facilement répondre : nous tous! Après une année scolaire, jalonnée de grèves, de mouvements de protestation et de retards, à tous les niveaux, on demande à l’école des performances.

Drôle ! C’est comme si on demande, de bon matin, à un unijambiste de faire cinquante pompes ou de courir un sprint! C’est dire que c’est presque de l’ordre de l’impossible! 

Une école, c’est de la force des idées et des initiatives, de la continuité et du suivi pédagogique, de la cohérence, entre le contenu des programmes et les examens proposés aux élèves, de la compatibilité entre les formations dispensées à l’Université et le marché du travail… Former un élève, c’est le préparer à l’avenir, en lui donnant les compétences de base pour affronter, à l’aise, le cycle universitaire. Rien de tout ça, chez nous! D’autant que cette école-là recycle les mêmes erreurs du passé et notre système éducatif tourne en rond, otage des idéologies aussi rétrogrades que stériles. Mais jusqu’à quand? Voilà la question qu’on esquive, par peur de croiser la dure réalité.

L’école est devenue le dépotoir de nos amertumes et de nos ressentiments. On dirait qu’on est en train de couper les racines de l’arbre de la science et qu’on attend à ce qu’il nous donne des fruits. Comment ça? On nage dans nos turpitudes et dans nos contradictions. Purée! Mais le diagnostic est déjà fait, qu’attendons-nous alors pour agir? Qu’attendons-nous pour dire que désormais la place est à l’effort, à la compétence et au mérite? Qu’attendons-nous pour fédérer les énergies de tous les acteurs sincères du monde du Savoir et de la Société civile pour redonner à l’école ses lettres de noblesse ?

L’école algérienne, ce n’est pas seulement Mme Benghebrit, c’est vous et moi, les autres, nous tous. Nous tous. Tant que notre école est malade, on est tous foutus! Et les seuls gagnants dans tout ça, vous les devinerez bien-sûr : ces rentiers qui veulent abrutir le peuple, en s’enorgueillissant d’avoir construit une école, devenue hélas une machine de nombreux faux diplômés, de faux ingénieurs qui grossissent les rangs des chômeurs, de faux médecins et de « charlatans » qui cassent ce qui reste à nos hôpitaux. Or, l’école doit être l’investissement de toute la Communauté, si l’on espère le changement en Algérie. 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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