Trois journalistes ont été tués dans une frappe israélienne vendredi au Liban, le gouvernement dénonçant un « crime de guerre » au moment où Israël intensifie ses bombardements contre le Hezbollah tout en menant une offensive terrestre dans le sud du pays.
Le scénario utilisé à Gaza avec sa centaine de journalistes tués par l’armée israélienne se reproduit au Liban. Trois journalistes ont été assassinés dans un bombardement ciblé par l’armée israélienne. Cette dernière poursuit parallèlement son offensive dans la bande de Gaza contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, allié du Hezbollah et lui aussi soutenu par l’Iran, où des frappes aériennes ont fait au moins vingt morts, selon la Défense civile.
Au Liban, la chaîne pro-iranienne Al Mayadeen a annoncé la mort d’un cameraman, Ghassan Najjar, et d’un ingénieur de radiodiffusion, Mohammad Reda, dans une frappe qu’elle a qualifiée de « délibérée contre une résidence de journalistes ».
« La porte du bungalow était grande ouverte, une épaisse fumée entrait depuis le jardin. J’ai pensé à un incendie », poursuit Darine el-Helwe. Elle téléphone à un collègue également sur place pour comprendre ce qui se passe. « Il m’a dit qu’il était sous les décombres », ajoute-t-elle. Dehors, elle voit « un véhicule SNG (pour liaison satellite) qui avait été projeté, et un bungalow où dormaient nos collègues complètement rasé ».
Constatant l’étendue des destructions, « chacun d’entre nous s’est assuré qu’on n’était pas blessés », dit-elle au téléphone à l’AFP. Hasbaya, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Beyrouth, avait jusqu’alors été épargnée par les frappes israéliennes, malgré la guerre faisant rage depuis un mois entre le Hezbollah libanais et Israël, et les échanges de tirs à la frontière depuis plus d’un an.
L’armée israélienne « a mené une frappe contre une structure militaire du Hezbollah à Hasbaya dans le sud du Liban [et] alors que les terroristes se trouvaient à l’intérieur », a expliqué l’armée dans un communiqué. « Quelques heures après la frappe, des informations ont été reçues selon lesquelles des journalistes avaient été touchés lors de cette frappe. L’incident est en cours d’analyse », a ajouté l’armée.
« Qu’avons-nous fait ? »
Le Premier ministre Najib Mikati a fustigé une attaque « délibérée » contre des journalistes endormis, dénonçant comme son ministre de l’Information Ziad Makari un « crime de guerre ».
« On dormait dans nos chambres, sans nos gilets pare-balles, ni nos casques », dit Darine el-Helwe. Les journalistes présents à Hasbaya s’y étaient installés début octobre, car elle était considérée comme sûre. Ils venaient de quitter la région voisine de Marjayoun, où ils se trouvaient depuis quasiment un an, en raison de l’intensification des frappes.
Mercredi, la même chaîne avait indiqué qu’une frappe israélienne avait touché un bureau qu’elle avait évacué à Beyrouth.
La chaîne du Hezbollah Al-Manar a également annoncé la mort à Hasbaya de son vidéojournaliste Wissam Qassem.
« L’ennemi israélien a attendu la pause nocturne des journalistes pour les surprendre pendant leur sommeil (…) C’est un crime de guerre », a déclaré le ministre de l’Information, Ziad Makari, sur X, précisant que 18 journalistes représentant sept médias étaient présents.
« L’ennemi israélien a visé le lieu de résidence des journalistes à Hasbaya », a affirmé un journaliste de la chaîne locale Al-Jadeed, filmé sur place le visage recouvert d’une couche de poussière grisâtre, devant son lit enfoui sous les décombres de son bungalow.
Des frappes ont également visé la banlieue sud de Beyrouth, l’un des fiefs du Hezbollah, dont l’une a détruit deux bâtiments et provoqué un incendie, selon l’agence de presse libanaise Ani.
Les combats font rage pendant ce temps dans le sud du Liban, où l’armée israélienne a annoncé avoir perdu dix soldats en deux jours, soit 32 depuis le début de son opération terrestre le 30 septembre, selon un bilan établi par l’AFP.
Avec agences AFP/Rfi