L’élection de Donald Trump à la Maison Blanche en novembre 2024 marque un tournant décisif dans la politique étrangère des États-Unis, avec des répercussions qui se feront sentir bien au-delà des frontières américaines.
Le retour de l’ancien président, fort de son approche isolationniste et de son pragmatisme stratégique, soulève des interrogations sur l’avenir de plusieurs régions du monde, dont l’Afrique, le Moyen-Orient et le Sahel. En particulier, pour l’Afrique, et notamment pour le Sahel, cette réélection pourrait signifier un renforcement des déséquilibres géopolitiques et une exacerbation des crises régionales.
Sous la présidence de Donald Trump, l’isolement des États-Unis semble être une constante de sa politique étrangère. Bien qu’il ait tenté de réorienter les priorités américaines vers des enjeux internes, son deuxième mandat pourrait entraîner un désengagement plus marqué en Afrique, une région qui a toujours été dépendante de l’aide internationale pour sa stabilité et son développement.
Le continent africain, déjà fragile, pourrait voir sa position dans l’ordre mondial de plus en plus affaiblie. L’initiative PEPFAR, les accords commerciaux comme l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), et l’aide au développement en matière de santé et de lutte contre les pandémies risquent de pâtir d’un désengagement américain. L’Afrique perd le nord, non seulement sur le plan géographique mais aussi sur le plan stratégique. L’absence d’un leadership international fort pourrait permettre à d’autres puissances, comme la Chine et la Russie, de combler le vide laissé par les États-Unis.
En outre, l’orientation politique de Trump pourrait se traduire par un retrait des États-Unis des organisations multilatérales où ils ont joué un rôle clé dans la résolution des conflits et dans l’aide humanitaire. Ce retrait nuirait à l’ensemble des efforts internationaux pour assurer la paix, le développement durable et la stabilité économique en Afrique.
La situation du Sahel, cette vaste région au cœur de l’Afrique, est un autre enjeu majeur. Déjà confrontée à une série de défis : groupes terroristes, instabilité politique, migrations massives et effets dévastateurs du changement climatique, la région semble de plus en plus vulnérable à l’inaction ou aux interventions internationales mal coordonnées.
Sous un deuxième mandat de Trump, le désengagement des États-Unis dans la région pourrait se renforcer. La politique de réduction de l’implication militaire américaine, retenue lors de son premier mandat, pourrait se prolonger, exacerbant les tensions locales. La politique étrangère de Trump a toujours l’accent sur un pragmatisme national, au détriment de l’engagement international.
Si les États-Unis affaiblissent encore leur présence en Afrique et au Sahel, les pays de la région pourraient se retrouver à la merci des forces extérieures, comme la Chine ou la Russie, qui cherchent à étendre leur influence sur le continent.
Les pays du Sahel, pris dans un tourbillon de violences, de pauvreté et de gouvernance fragile, se retrouveraient alors dans une situation encore plus complexe. « Enlisé dans le sable » devient une métaphore pour décrire cette stagnation et l’incapacité à résoudre les problèmes en profondeur. La région du Sahel risque de sombrer dans une instabilité prolongée, un terrain fertile pour les groupes extrémistes et une faiblesse géopolitique qui alimenterait les conflits.
Le conflit du Sahara Occidental : un enjeu clé pour Trump
Le conflit du Sahara occidental, une région disputée entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, est également une question géopolitique qui pourrait être affectée par la réélection de Trump. Sous son premier mandat, Trump a déjà pris une décision historique en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, dans le cadre des Accords d’Abraham qui ont abouti à la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Cette reconnaissance a profondément modifié la dynamique diplomatique dans cette région.
Sous un deuxième mandat, Trump pourrait renforcer cette position, affirmant son soutien au Maroc et mettant en avant des accords régionaux stratégiques qui excluent le Front Polisario et les partisans de l’indépendance sahraouie. Ce soutien unilatéral risquerait d’exacerber les tensions avec l’Algérie, principal soutien du Front Polisario, et de rendre encore plus difficile la recherche d’une solution pacifique au conflit. L’isolement diplomatique du Front Polisario pourrait se prolonger, tandis que la position du Maroc serait renforcée à l’international.
Isolement ou engagement : quelle alternative pour l’Amérique ?
L’isolement semble être la politique préférée de Trump, mais une telle position pourrait créer des vidéos dangereuses dans des régions clés comme l’Afrique et le Sahel. La montée en puissance de la Chine, de la Russie, mais aussi des acteurs régionaux comme la Turquie, pourrait accentuer la fragmentation du système international. Si l’Amérique se retire de ces régions, les crises locales risquent d’être amplifiées par l’absence de médiation ou d’intervention stratégique.
Le retrait des États-Unis, notamment en matière de sécurité et de coopération en matière de développement, pourrait laisser place à des solutions moins adaptées, voire destructrices, proposées par des acteurs étrangers ou par des régimes locaux aux intérêts souvent contradictoires. Le Sahel et l’Afrique, en particulier, se retrouveraient vulnérables à l’exploitation de leur instabilité par des puissances extérieures.
Si Donald Trump est réélu, l’Afrique et le Sahel pourraient se retrouver dans une position encore plus précaire. Le manque d’engagement des États-Unis, le soutien renforcé au Maroc dans le conflit du Sahara occidental et un désengagement général sur le plan multilatéral pourraient aggraver les crises existantes. L’Afrique, qui perd son nord stratégique, et le Sahel, qui s’enlise dans des conflits de plus en plus complexes, se trouveraient alors confrontés à un avenir incertain, où l’isolement américain pourrait laisser la place à des dynamiques géopolitiques imprévisibles. et dangereux. L’équilibre fragile du monde risquerait de se déséquilibrer encore davantage, à la faveur de puissances étrangères aux intérêts divergents, et dans un environnement de plus en plus chaotique.
Dr A. Boumezrag