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Tunisie : hausse des suspensions d’associations, alerte sur le droit au travail civil

La campagne « Contre la criminalisation du travail civil » a annoncé mardi que le nombre d’associations dont l’activité a été suspendue pour un mois connaît une hausse significative en Tunisie. Selon cette campagne, ce phénomène est le signe d’un escalade inquiétante visant le droit à l’organisation et à l’action humanitaire.

Parmi les associations concernées figurent notamment l’Association tunisienne des femmes démocrates, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, l’Association tunisienne de recherche sur le développement et Manamti.

La campagne souligne que ces mesures, encore préliminaires et sujettes à mise à jour, révèlent selon elle une volonté du gouvernement de frapper toute voix critique et de restreindre le travail associatif libre, s’attaquant à un acquis majeur de la Révolution tunisienne.

Le cadre légal invoqué pour ces suspensions est le décret n°88 de 2011, qui régit les activités des associations. Toutefois, plusieurs organisations rapportent que des décisions similaires ont été prises contre d’autres structures, sous prétexte de financements étrangers, sans annonce officielle de ces dernières.

Ramadan Ben Omar, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, a déclaré à Reuters que les audits financiers présentés comme justification sont en réalité un prétexte pour réduire au silence les voix indépendantes. Il a précisé que tous les financements de son organisation sont légaux et connus des autorités.

Cette suspension a suscité une réaction immédiate de solidarité de la part d’autres associations locales et régionales, ainsi que d’organisations politiques et de droits humains. Ces dernières estiment que la mesure constitue une pression sur l’espace civil et un ciblage des organisations indépendantes, appelant les autorités à revenir sur leur décision et à respecter la liberté d’organisation et le travail associatif.

Depuis avril 2025, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux fait face à une série de contrôles financiers et fiscaux, que ses responsables considèrent comme un processus de restriction de l’espace civil indépendant et une tentative d’assujettir les voix libres.

Mourad Benyahia 

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