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Turquie : Fethullah Gülen, bête noire d’Ankara, est mort aux États-Unis

Le prédicateur Fethullah Gülen est décédé à l’âge de 83 ans, dans la nuit du dimanche 20 au lundi 21 octobre 2024 dans un hôpital aux États-Unis, où il était exilé.

L’information annoncée par des proches du prédicateur a été confirmée par la télévision publique turque et par le gouvernement à Ankara. Accusé par ce dernier d’avoir fomenté une tentative de coup d’État contre le président Recep Tayyip Erdoğan en juillet 2016, il était devenu la bête noire de celui-ci, son ancien allié.

Selon la TRT, le prédicateur de 83 ans, accusé par Ankara d’avoir ourdi une tentative de coup d’État en Turquie en juillet 2016, est décédé « la nuit dernière à l’hôpital où il avait été emmené ».

Son site, Herkul, qui a annoncé la mort de M. Gülen « le 20 octobre », est interdit en Turquie. « Le révérend Fethullah Gülen, qui a passé chaque instant de sa vie à servir la religion bénie de l’islam et l’humanité, a marché aujourd’hui (20 octobre) vers les horizons de son âme », écrit Herkul. Ce site indique que « des informations détaillées sur les procédures d’inhumation seront partagées (ultérieurement) avec le public ».

L’information de son décès est largement reprise lundi matin par les médias en Turquie. Le gouvernement a également confirmé l’information quelques heures plus tard. « Le chef de cette sombre organisation est mort », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan lors d’une conférence de presse à Ankara, disant s’appuyer sur les informations des services de renseignement turcs.

Ex-allié de Recep Tayyip Erdoğan, devenu sa bête noire

Fethullah Gülen était l’un des hommes les plus recherchés par la Turquie, qui offrait 20 millions de livres pour toute aide à sa capture. Toutefois, sa localisation était parfaitement connue : il vivait depuis 1999 aux États-Unis, reclus en Pennsylvanie mais entouré de ses plus proches disciples, rapporte la correspondante de Rfi.

La Turquie réclamait son extradition, l’accusant d’être le cerveau du coup d’État manqué de juillet 2016 contre le président Erdogan. Sa mort fait disparaître l’un des principaux sujets de friction entre Ankara et Washington, mais ne fera pas taire ceux qui – jusqu’au sommet de l’État turc – soupçonnent les États-Unis d’avoir soutenu le putsch sanglant, et protégé Fethullah Gülen.

Le prédicateur avait toujours nié toute implication à ce dernier. Accusé par le pouvoir turc de diriger un groupe « terroriste », il affirmait que son réseau « Hizmet » (soit « Service », en turc) ne regroupait que des organisations caritatives et entreprises. Ce vaste réseau regroupait des fidèles au sein des institutions, de l’armée à la magistrature en passant par la police ou l’éducation.

Fethullah Gülen et Recep Tayyip Erdoğan, également issu de l’islam politique, furent avant cela longtemps alliés : le chef de l’État turc a même profité du réseau Gülen, dans les années 2000, pour asseoir son pouvoir face à l’establishment kémaliste. Ce courant est le défenseur d’une Turquie laïque.

Mais l’entente cordiale entre les deux hommes, fragilisée à partir de 2010, vole en éclats lorsqu’un scandale de corruption, orchestré par des magistrats acquis à la nébuleuse guléniste, éclabousse fin 2013 le cercle des intimes de l’alors Premier ministre Erdogan. Fethullah Gülen devient l’ennemi public numéro 1.

Le prédicateur était accusé d’avoir créé un « État parallèle », avec son mouvement Gülen, aussi appelé « Hizmet ». Ankara l’accusait désormais de vouloir renverser le dirigeant turc.

Rfi

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