C’est une décision de justice inattendue en Turquie, et même inespérée pour le CHP, le principal parti d’opposition. Un tribunal d’Ankara a décidé – en effet – d’annuler la dissolution à l’encontre de la section locale du parti à Istanbul. Une décision saluée par le CHP qui dénonce depuis des mois l’acharnement judiciaire dont il fait l’objet.
Pour le CHP la décision du tribunal d’Ankara, ce 12 septembre, est une victoire et doit permettre à la direction régionale du parti d’être rétablie dans ses fonctions. La section d’Istanbul avait été dissoute sur une première décision de justice qui avait entraîné des affrontements en début de semaine entre les militants du parti et les forces de l’ordre. L’annulation par la justice de cette dissolution est inattendue mais, comme le rappelle l’universitaire Jean Marcou, spécialiste de la Turquie, il peut y avoir encore une incertitude sur les décisions de justice dans ce pays: « La justice dans ce pays est le champ en fait d’affrontements de courants politiques et finalement un champ de clivage notamment entre le gouvernement et l’opposition. »
Audience cruciale lundi
« Mais effectivement, dit-il, ces dernières années, quand même, il y a eu progressivement une prise de contrôle par l’AKP des différentes instances judiciaires, à commencer par les plus élevés même si dans le reste, il peut y avoir effectivement des tribunaux qui peuvent rester contestataires. »
Reste à voir quelle seront les suites judiciaires de cette décision. Ce lundi, le CHP sera confronté à une audience cruciale puisque c’est la direction nationale du parti qui pourrait être dissoute. Le parti d’opposition à Recep Tayyip Erdogan, qui dénonce une tentative de coup d’État judiciaire, a déjà prévu une riposte politique à une éventuelle dissolution, avec la convocation d’un nouveau congrès le 21 septembre 2025, congrès à l’issue duquel Ozgur Ozel, l’actuel dirigeant du CHP, serait reconduit dans ses fonctions.
Rfi