Salim Lebatcha qui a succédé, il y a un moins de trois ans à Abdelmadjid Sidi Saïd à la tête de l’UGTA vient de quitter son poste de secrétaire général. Sa démission qui n’était qu’une rumeur relayée sur les réseaux sociaux, hier samedi vient d’être confirmée dans un communiqué rendu public, dans la matinée de ce dimanche par l’UGTA. Le syndicat évoque des raisons de santé pour justifier le départ de l’ex-député du PT.
Peut-on croire le communiqué de l’UGTA et avaliser une démission décidée par son auteur quand on connaît les mœurs de la maison et de ses tuteurs ? Le secrétariat général de l’organisation syndicale a désigné, lors d’une réunion tenue, hier, samedi à Alger, M. Hamou Touahria, secrétaire général de la Fédération nationale des hydrocarbures de l’UGTA, comme SG par intérim de l’UGTA, indique le même communiqué.
Intervenant moins d’une quinzaine de jours après la célébration dans une parfaite communion avec les autorités du 63e anniversaire de la naissance de la centrale syndicale communément qualifiée de « syndicat maison » en raison de ses liens organiques avec le pouvoir politique, la démission de Salim Labatcha a de quoi surprendre.
La prise de position ferme et hostile de l’UGTA aux projets de loi sur l’exercice du droit syndical et du droit de grève autorise une autre lecture a ce départ précipité du désormais ex patron de l’organisation syndicale dont les prises de position ont dû courroucé un Abdelmadjid Tebboune qui, lors de sa récente sortie médiatique, avait loué les vertus des deux projets par le biais desquels il entend réformer en profondeur le paysage et l’activité syndicale du pays.
Visiblement, la messe est dite quant à l’avenir de Salim Lebatcha à la tête de l’UGTA. Syndicat du pouvoir, s’il en est ne devrait pas sortir des clous qui lui ont été balisé sa conduite depuis le fameux congrès de 1963 sous les manœuvres d’Ahmed Ben Bella.
Rien ne plaide, donc, pour le maintien de cet ex-militant du Parti travailliste (PT), lui qui avait, il y a presque un mois donné tout l’éclat qu’il mérite à la commémoration de la date anniversaire du lâche assassinat en 1994 du charismatique Abdelhak Benhamouda.
La radicalité du discours, des mots d’ordre et des éléments du langage prônés à l’occasion de ladite commémoration ont laissé croire à beaucoup d’observateurs que l’UGTA et ses dirigeants veulent s’émanciper de toute tutelle ou injonctions exogènes. Autrement dit du pouvoir et renouer avec la liberté et l’autonomie, principes qui devraient caractériser l’action de tout syndicaliste honnête.
Cette position tranchée a, visiblement, déplu aux tenant de la « Nouvelle Algérie ». Tebboune et ses mentors ne peuvent et ne supporteraient pas que ce syndicat s’affranchisse de leur tutelle.
Une lubie qui s’est traduite par une cinglante mise de fin aux fonctions ou plutôt de fin de mission qui, vraisemblablement, vient d’être signifié à Salim Lebatcha qui paie ainsi sa volonté de se rebeller et d’exister en tant syndicaliste libre.
Mais à trop vouloir s’approcher du soleil, à la manière d’Icare de la légende, c’est-à-dire, de vouloir prendre sa liberté, il s’est brûlé les ailes.
Samia Naït Iqbal